Ma classe virtuelle au collège de Brioux-sur-Boutonne publié le 04/04/2020

Un professeur de collège présente ses premières expériences de classe virtuelle avec des 4èmes et des 3èmes.

Madame Anne-Lise Roussel est professeur d’anglais au collège Antoine de Saint-Exupéry à Brioux-sur-Boutonne (79) et membre du groupe d’appui à l’inspection formé pour accompagner les enseignants dans leurs démarches au moment où le confinement oblige à repenser didactique et pédagogie.

Elle présente ici son expérience de mise en place de la classe virtuelle avec des élèves de quatrième et troisième, évoque ses projets et donne quelques conseils utiles pour mettre le dispositif au service de la vie de la classe tout autant que des apprentissages.

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Le contexte

Les élèves sont habitués au numérique, source incontestable de motivation en classe. Mais son potentiel est bien plus large encore : les TICE sont au service de la gestion de classe, de l’hétérogénéité des élèves, de leur créativité et plus largement au service de la pédagogie de projet et de l’ouverture culturelle.

Dans ce contexte inédit d’enseignement à distance, expérimenter la classe virtuelle est l’occasion de découvrir un nouveau mode de fonctionnement et de développer de nouvelles compétences, au service du lien social d’une part et des apprentissages linguistiques d’autre part.

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Comment mettre en place la classe virtuelle ?

  • Suite à des soucis d’intrusion1 et des problèmes de saturation du site du CNED, j’ai utilisé un site qui propose les mêmes fonctionnalités et outils.
  • Il faut tout d’abord se créer un compte puis programmer une réunion (date, horaire, contenu…).
    Ensuite, on envoie le lien URL généré aux élèves (par Pronote ou par mail) et une fois l’outil téléchargé (sur ordinateur ou sur smartphone), la réunion peut commencer.
  • La première fois, on peut se créer une simulation de classe virtuelle pour découvrir comment paramétrer micro et caméra (les nôtres et ceux des élèves) et découvrir les outils à disposition :
    • le chat (pour dialoguer avec tout le monde ou faire dialoguer les élèves entre eux)
    • l’envoi de fichiers pendant la classe
    • la mise à disposition de fichiers « en direct » : audio, vidéo, fichier Word...stockés sur votre ordinateur ou sur un « drive », un espace de stockage et partage de fichiers.
    • un tableau blanc (avec possibilité d’activer la commande à distance pour un, plusieurs ou tous les élèves), enregistrable sur son ordinateur à tout moment.

Comment communiquer sur la classe virtuelle avec les élèves et les familles ?

  • Informer les élèves et les familles de ce rendez-vous virtuel en amont :
    Dans un premier temps, mon chef d’établissement inscrit ces heures de classe virtuelle dans l’emploi du temps des élèves sur Pronote.
    classe_virtuelle_alr


    J’envoie ensuite un message aux familles et aux élèves pour expliquer comment se connecter avec des consignes simples :

    • se connecter avec le lien fourni 10 mn avant le début de la classe.
    • préparer son micro et sa caméra (pas obligatoire)
    • aider les camarades qui rencontrent des soucis

Rassurer les élèves qui ne peuvent pas se connecter (problème de connectivité, matériel, horaire incompatible avec le télétravail des parents).

Aider, encourager et valoriser les élèves et les familles dans leur démarche2

Que faire concrètement lors d’une première classe virtuelle ?

J’ai découvert la classe virtuelle du CNED grâce à mon chef d’établissement qui a réuni l’équipe pour un conseil pédagogique virtuel la première semaine de confinement.

J’ai ensuite réuni mes élèves de 3ème dont je suis professeure principale pour une heure de vie de classe avec pour objectif d’échanger de manière informelle sur la première semaine de confinement, sur leur ressenti par rapport à leur programme de travail à distance, leur organisation, leurs appréhensions liées au brevet…

Cela m’a permis de me rendre compte que mes élèves étaient à leur aise avec l’outil, plus que moi !

La classe virtuelle au service du lien social

La classe virtuelle, c’est une expérience humaine pour :

  • Maintenir le lien avec les élèves : s’assurer qu’aucun élève ne se trouve isolé. Un rapide sondage oral permet de savoir qui n’a pas donné de nouvelles à ses camarades sur les réseaux sociaux.
  • Ecouter et faire échanger les élèves sur leur quotidien, en favorisant la prise de parole de chacun. A ce titre, il est intéressant de constater que les élèves s’écoutent et respectent les consignes (en coupant leur micro par exemple) et régulent leur vocabulaire également.
  • Rassurer les élèves par rapport à la charge et l’organisation de leur travail.
  • Encourager, valoriser chacun(e) par un petit mot agréable sur leur engagement, leur attitude positive.
  • Et pourquoi ne pas organiser un petit déjeuner virtuel ? Ou une classe virtuelle en pyjama3 ? Proposer un échange inter générationnel épistolaire ou numérique avec l’EHPAD local ?

Bien leur répéter le plaisir que l’on a à les voir pour partager un moment avec eux.

La classe virtuelle au service des apprentissages linguistiques

Une fois le lien social établi avec les élèves, une fois l’outil exploré ensemble, je me suis dit que je pouvais passer à la phase 2 : proposer des activités linguistiques, adaptées certes au mode visio mais dans la continuité de nos habitudes de classe.

Voici quelques déclinaisons que j’ai pu mettre en place ou que je vais tester dans les jours à venir :

  • Faire créer une carte mentale en collaboration sur le tableau blanc (ex : la semaine dernière, c’était à partir du mot CORONAVIRUS), commenter leurs réponses, enregistrer la trace pour ensuite leur envoyer sur Pronote. Ils peuvent alors enrichir cette carte pour le prochain contact. Il s’agit de faire du lien entre le travail proposé via le cahier de textes et le travail proposé en classe virtuelle (comme on le ferait en présentiel).
  • Via le chat, on peut désigner des binômes de travail : l’élève plus à l’aise prépare des questions, apporte des aides à son camarade (début de phrase…) et pendant ce temps, je peux couper ma caméra, et faire une pause-café ! Il est essentiel de les laisser travailler en autonomie comme en classe. On peut bien sûr réguler en apportant par moments des aides dans le chat ou sur le tableau blanc, ou en intervenant si besoin à l’oral. Je garde à l’esprit la révision et la consolidation des acquis.
  • Travailler une vidéo (comme celle de Will Smith sur les gestes barrière : Vidéo Will Smith) ou encore un audio pour commenter l’actualité par exemple est possible. On peut joindre un fichier et faire une mise au point une fois le travail d’écoute et de prise de notes effectué.
  • Et pourquoi ne pas poursuivre une séquence engagée avant la période de confinement, en veillant à ce que les fichiers envoyés (avant ou pendant la classe virtuelle) permettent aux élèves de se sentir en confiance et d’aborder la séance de classe virtuelle avec plaisir ?

A quel rythme proposer une classe virtuelle ?

J’ai commencé avec la classe dont je suis professeure principale : un rendez-vous hebdomadaire de vie de classe et une heure d’anglais.

Pour mes 3 autres classes : une heure par semaine.

Pour la phase 1 qui concerne la prise en compte du lien social, j’ai privilégié le groupe classe. Pour la phase 2 qui met en avant les apprentissages linguistiques, j’ai choisi de faire travailler les classes en demi-groupes, à raison d’une demi-heure par groupe. A la fin de chaque demi-heure, un échange collectif informel avec l’ensemble de la classe permet de faire le point, de programmer une nouvelle séance et donner son ressenti sur ce qui vient d’être fait. Un élève ayant participé au premier groupe et qui souhaiterait rester pendant la demi-heure suivante se voit confier le rôle de guide dans les activités et dans la prise en main des outils.

J’aime les situations nouvelles et prendre des risques mesurés.
Alors, je teste depuis quinze jours, je fais des erreurs, m’appuie sur les élèves manipulant les outils numériques avec aisance et sur les tutoriels et les expériences de collègues sur Twiter, je cherche des solutions quand un problème se présente ...
Le bilan à la fin d’une journée est positif, tout autant que les retours des élèves. Leur présence au prochain rendez-vous me sert d’évaluation.
J’ai remarqué que les heures du matin (après 10h) étaient plus prisées par les adolescents. Quand je propose un créneau en fin de journée, j’ai moins de candidats, mais je m’adapte, personnalise et découvre la prise de parole d’élèves habituellement gênés à l’oral.

Comment exploiter cette classe virtuelle dans les mois à venir ?

Tôt ou tard, la reprise va se profiler ! Le retour au collège rimera avec retrouvailles entre élèves et équipe éducative.
Je veux croire que les pratiques liées au numérique seront plus ancrées qu’avant, et que le confinement les aura révélées.
Allons-nous pour autant abandonner la classe virtuelle ?
Je n’en suis qu’au début de ma réflexion et de mon expérience mais je pense à plusieurs utilisations possibles :

  • Pourquoi ne pas instituer une classe virtuelle à distance pour permettre aux élèves de poser leurs questions ? Soutenir, aider, accompagner sur un temps hors classe…
  • Utiliser la classe virtuelle en cas d’indisponibilité d’un ou plusieurs élèves
  • Favoriser cet outil dans les formations, limiter les déplacements
  • Poursuivre mes projets dans le cadre d’E-Twinning en développant l’utilisation de la visio avec les partenaires

(1) Note de l’Inspection pédagogique : Il est tout à fait possible de créer des « salles privées » pour éviter les intrusions. Par ailleurs, il faut réinitialiser les accès régulièrement pour assurer la sécurité et la confidentialité.

(2) Note de l’Inspection pédagogique régionale d’anglais : Il ne faut pas hésiter à prendre du temps sur la/les première(s) séance(s) pour montrer aux élèves les différentes manipulations dont ils auront besoin.

(3) Note de l’inspection pédagogique régionale d’anglais : l’idée est très sympathique. Il convient toutefois de s’assurer au préalable qu’on ne risque pas de mettre certain(e)s élèves mal à l’aise…

Document joint
un document Classe virtuelle ALR (PDF de 243.7 ko)