Les conseillers principaux d'education / PUF, 2000 publié le 02/05/2008  - mis à jour le 23/06/2008

Pages : 1234

Les foncions du CPE

Le CPE et l’organisation de la vie scolaire

Le CPE conserve les missions historiques d’organisation de la vie scolaire, qu’il exerce dans un nouvel esprit : le temps scolaire est conçu pour l’enseignement et offre peu de souplesse. Le CPE doit pourtant y introduire de l’action éducative, ce qui pose des problèmes. L’espace scolaire est organisé aussi pour l’enseignement, même si l’on constate depuis la décentralisation le souci de donner à la vie scolaire sa place dans les locaux. Il faut au CPE aménager des espaces de travail personnel, de détente et de loisirs. Il lui faut notamment porter une attention particulière au « 12- 14 », qui doit être un moment de qualité, et bien sûr à l’internat, qui est un haut lieu éducatif malgré les problèmes qu’il rencontre.
Le CPE veille au bon ordre et à la sécurité des élèves, physique et morale. La surveillance est importante et le CPE ne peut s’en désintéresser, même si elle comporte une dimension antagonique de l’acte éducatif, qui pour ce dernier vise à l’autonomie. Le CPE doit favoriser l’apprentissage de l’autonomie, même s’il se trouve, en cela, en contradiction avec d’autres acteurs, et même si le développement de la violence appelle des réflexes sécurisants.
Les surveillants lui sont bien sûr précieux sur cet axe d’action, et le travail avec eux est essentiel.

Le rôle pédagogique du CPE

Le CPE a acquis au fil du temps un rôle pédagogique, qui constitue une problématique nouvelle, La massification a entrainé un élargissement de son champ d’action, notamment dans les domaines du suivi et de l’accompagnement des élèves. Cette activité se développe en parallèle et en collaboration avec les professeurs, et relève de plus en plus d’un véritable suivi pédagogique de l’élève, consistant certes à suivre l’assiduité, mais aussi le contexte de vie, la scolarité et les résultats, l’orientation ainsi que les engagements associatifs et citoyens.
Ceci requiert des outils et méthodes nouveaux permettant de collecter efficacement l’information, de bien connaitre l’élève, de pouvoir agir en partenariat avec les autres professionnels et les familles, ce qui suppose de bonnes aptitudes en matière de communication.
L’aide aux jeunes en difficulté relève de la mission « naturelle » du CPE, qui inscrit sa contribution selon quelques axes : écoute des élèves, relation d’aide, analyse et évaluation des problèmes, organisation de la vie scolaire, travail en réseau avec les partenaires. Par exemple, la mise à disposition de salles de travail, le dépistage des difficultés, le suivi attentif du contexte d’existence des jeunes (problèmes personnels et familiaux, « petits boulots »), etc., l’action en synergie avec les partenaires, sont autant de moyens d’action pour aider ceux qui en ont besoin.
Le CPE se préoccupe aussi du projet d’orientation de l’élève. Il collabore avec le spécialiste qu’est le COP et avec le professeur principal. Sa connaissance globale de l’élève, sa relation transversale, le suivi polyvalent qu’il opère lui donnent un rôle complémentaire de celui de ses partenaires.
L’accès au champ pédagogique est significatif de l’évolution de cette profession, et participe d’un nouveau partenariat au service de l’élève.

Le CPE et l’éducation du citoyen

Avec les autres personnels, le CPE contribue à l’éducation du citoyen.
Il oeuvre à apprendre aux jeunes à vivre ensemble : accepter une discipline, comprendre le bien-fondé de la loi, accepter des principes différents de ceux qui sont souvent en vigueur dans les familles permissives, Il lui faut faire comprendre et admettre les exigences du « vivre ensemble », de la loi, des conventions et des valeurs de la vie sociale. Au cœur de la vie scolaire, le CPE joue un rôle majeur dans la socialisation, et ce à trois niveaux : la dimension formelle liée au rapport à la loi, la dimension relationnelle liée à la normalisation, la dimension symbolique liée à la vie communautaire.
Il est porteur de règles, de normes en partie propres à l’établissement et qui ne sont pas celles de l’extérieur, des valeurs de l’institution. Il est aidé en cela par les surveillants, il pèse sur le climat de l’établissement qui doit être propice à l’étude.
Socialiser est une pratique « naturelle » du CPE, mais elle ne suffit pas à éduquer le futur citoyen, qui devra agir dans l’espace public. Le CPE agit également selon cinq axes cohérents : Il met en place le système de représentation des élèves et l’évalue pour le faire progresser, il participe à promouvoir les nouveaux droits des élèves (réunion, association, publication, expression, etc.), il encourage la citoyenneté dans la vie scolaire et assure la formation des délégués.

Conclusion

La fonction du CPE prend racine sur les décombres du système disciplinaire et met fin au surveillant général.
On entre, avec sa création en 1970, dans une période de profonds changements, et le CPE devient l’emblème du renouvellement de la relation pédagogique.
Les années 1990 confirment le CPE comme pierre angulaire de la citoyenneté en milieu scolaire.
L’enjeu fondamental de la mission du CPE des années 2000 est désormais l’articulation de la réussite scolaire avec la socialisation et la citoyenneté.

François ALBARET