Les conseillers principaux d'education / PUF, 2000 publié le 02/05/2008  - mis à jour le 23/06/2008

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Identité et pratiques professionnelles

La scolarisation s’est massifiée (6 % de bacheliers en 1950, 61 % en 1999), et c’est durant ces trente années que les CPE subissent une transformation profonde : leur nombre double entre 1978 et 1998, le corps se féminise et se rajeunit.

Recrutement et formation

Après avoir relativement stagné, le recrutement et la formation évoluent beaucoup : concours externe à partir de 1986, formation en IUFM dès 1992, refonte des épreuves en 1996 et définition d’un programme.
La formation devient pluridisciplinaire et comporte trois axes : adolescence, connaissance du système éducatif et mission du CPE.
Le concours est très sélectif et les candidats souvent d’un haut niveau.
Les IUFM exercent une grande responsabilité dans la formation et contribuent à façonner largement et positivement la profession. Cependant, la formation commune avec les enseignants reste faible, les plans de formation très disparates selon les IUFM, il y a manque de cohérence.

La formation continue

Les CPE sont très exposés aux changements de l’environnement, et ils ne peuvent mener seuls cet effort d’adaptation.
Ils ont donc particulièrement besoin de formation continue.
Par ailleurs, de nombreux CPE n’ont jamais reçu de formation initiale. Il y a des besoins importants de mise à jour théorique en sociologie, psychologie et sciences de l’éducation. Enfin, la demande est forte.
Or, la Situation d’insuffisance est patente, et les CPE reprochent à la FC son inefficacité et son inadaptation. De toute évidence, l’institution devrait définir des axes solides de FC et se donner les moyens de les mettre en oeuvre.

Les pratiques professionnelles

Selon qu’il travaille en lycée, LP ou collège, le CPE doit s’adapter.
Au lycée, les effectifs sont souvent importants. Les problèmes de société y sont très présents : mal-être, consommation de drogues, dégradation des conditions de vie. Les « nouveaux lycéens » ont souvent une attitude qui exige des CPE des réponses adaptées : écoute, suivi et aide. Une demande d’intégration professionnelle s’exprime, La relation des lycéens à l’école s’est modifiée, ils veulent un rapport personnel aux adultes, empreint de communication. Le post-bac s’est développé, créant de nouvelles demandes pour les CPE.
En lycée professionnel, le CPE est très confronté à la difficulté scolaire et sociale, à une population disparate, à la démobilisation scolaire et aux abandons, à l’absentéisme.
C’est là que l’on trouve le plus grand nombre de jeunes travaillant en plus de leurs études. La motivation est souvent faible pour l’enseignement général, les actes de violence et les conduites à risque plus fréquents. Le CPE y est souvent très investi dans le travail d’équipe et l’action éducative, le métier y porte une dimension sociale globale.

Le collège est le domaine de l’hétérogénéité des publics et des difficultés du collège unique. C’est à ce niveau que le mal-vivre est le plus perceptible. Souvent, le CPE y est seul, accaparé par les questions de sécurité, de surveillance, le traitement de dysfonctionnements, et donc en difficulté pour assurer le suivi des élèves et des classes. Les CPE de collège ont le sentiment d’être absorbés par le fonctionnement au détriment des autres axes d’action professionnelle. De plus, ils pallient fréquemment le manque de personnel médico-social.

En 1999, un millier d’établissements (surtout des collèges) restaient dépourvus de poste de CPE, et c’est aussi dans les collèges que l’on trouvait le plus faible taux d’encadrement : un CPE pour cinq cents élèves environ, contre un pour quatre cents en lycée et un pour trois cents en LP. Ce sont aussi les collèges qui sont le plus souvent confrontés aux grandes difficultés liées à l’environnement (ZEP).

Un travail en partenariat

La position et le rôle du CPE requièrent un travail avec tous les partenaires.
En premier lieu avec les professeurs pour le suivi des élèves et le traitement des problèmes qui surgissent, mais aussi à des fins pédagogiques ou culturelles. Ce travail en commun est un impératif, surtout au regard de l’évolution des publics scolaires, Il va également de soi avec les COP pour une action en commun relative aux projets des élèves. Il est évident avec l’assistante sociale et l’infirmière conseillère de santé, au sujet des problèmes sociaux et de santé.
Avec la direction, le devoir de responsabilité exige une sincère collaboration dans l’intérêt des élèves, même si l’on peut déplorer encore beaucoup de difficultés de collaboration, voire de conflits.
Le travail en équipe est fondamental, mais il ne se décrite pas. Il exige respect de la mission de chacun, confiance et volonté de travailler en commun.