Les conseillers principaux d'education / PUF, 2000 publié le 02/05/2008  - mis à jour le 23/06/2008

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Historique

L’arrivée des surveillants généraux

Le surveillant général est créé en 1847 au sein du lycée impérial, pour assurer la transmission des valeurs à l’élite de la nation. De service permanent, tenu de loger au lycée (d’abord sans sa famille), il ne peut sortir sans autorisation du proviseur.
Il est chargé de l’ordre et de la discipline, des absences et retards, de la tenue et de la propreté des élèves.
La notion de vie scolaire est inexistante, les jeunes sont des disciples qui doivent le respect à leurs maîtres, C’est l’époque du « surgé » .
La fonction va cependant évoluer pendant un siècle, suivant l’évolution de la société.

Le surveillant général éducateur

Après 1945 coexistent trois types d’établissements : le cours complémentaire (futur collège), les lycées classiques et modernes, les établissements techniques.
Les CET deviennent le champ d’expérimentation des surveillants généraux, qui vont y faire évoluer leurs pratiques vers l’animation.
Le statut des MISE est créé en 1937, générant des équipes de surveillance de qualité et à haut potentiel.
Les internats font le plein et les élèves y passent beaucoup de temps. Dans les CET, la qualité du climat de l’internat joue fortement sur l’établissement, et les surveillants généraux vont y accorder de l’attention. Ils portent leur intérêt sur l’animation pour occuper les internes durant les nombreux temps libres, l’animation se développe et les MI, proches des élèves et souvent motivés, s’y investissent.
On voit apparaître de nombreux clubs entre 1955 et 1965.
Les surveillants généraux portent leurs efforts sur la vie collective, innovent dans leurs pratiques, ajoutant au maintien de l’ordre une dimension éducative. Les associations d’éducation populaire prospèrent à cette époque et se crée la FOEVET (Fédération des Ouvres éducatives et de vacances) pour fédérer les activités éducatives des CET. C’est d’elle qu’est issu le FSE, dont les principes constituent une petite révolution, notamment l’égalité entre élèves et adultes et la cogestion.
Les surveillants généraux se trouvent engagés dans ce domaine, ce qui modifie leurs pratiques.
Dans les années 1950/1960, les centres de vacances pour les jeunes rencontrent un grand succès. Les AROEVET organisent de nombreux séjours, que les surveillants généraux dirigent souvent.
Les mouvements d’éducation nouvelle (GFEN, CEMEA, etc.) font évoluer les conceptions de l’éducation dans les établissements, l’objectif étant de lier pédagogie et éducation.

Vers une nouvelle fonction

Au début des années 1960, les pratiques ont beaucoup évolué en CET, mais pas dans les lycées. Il y a notamment peu de FSE. Une conception nouvelle de la Surveillance générale apparait dans les CET, qui va transformer les pratiques des surveillants généraux.
L’lnspection générale jouera d’ailleurs un rôle important, comprenant l’intérêt éducatif de cette évolution, et cherchant à la généraliser. elle met notamment en place des stages de formation pour les surveillants généraux dans ce but.
La circulaire de 1965 sur la mission ajoute officiellement à la discipline une dimension pédagogique et éducative à leur métier. L’explosion des collèges, l’amélioration de la qualité des équipes éducatives et la mixité « tirent » dans le même sens,
Mais, si le climat de la vie scolaire et son contenu sont meilleurs, les FSE piétinent.
A la fin des années 1960, l’ennui des jeunes apparait dans les établissements. Le malaise grandira jusqu’au 1968, aussi bien chez les élèves que chez les surveillants généraux qui ont des difficultés à répondre à l’évolution des jeunes et qui ne supportent plus leur titre, décalé par rapport à leurs pratiques. Leurs organisations syndicales demandent la révision de leur statut.
Mai 1968 survient, de nombreux surveillants généraux y participent, et leurs relations avec élèves et professeurs vont en sortir radicalement transformées. Ils rejettent leur statut et revendiquent leur rôle éducatif aux côtés des enseignants.

Les héritiers

Le statut de 1970 met fin aux surveillants généraux et crée les CE/CPE. Il est accueilli avec joie par le plus grand nombre des SG..
Mais la circulaire d’application de 1972 sera marquée du sceau de la régression, sous la pression des personnels de direction, hostiles à cette évolution. C’est la déception et la colère face à ce texte qui freine l’évolution du métier.
Les FSE déclinent, les aspirations des élèves changent. Les CPE ne progressent guère dans les années 1970.
Néanmoins, le recrutement par concours depuis 1971 amène une nouvelle vague de CE/CPE qui rompent avec les anciennes pratiques et avec « l’équipe de direction ». La circulaire de 1972 est contestée par les CPE.

Une nouvelle identité

La circulaire de 1982 sur la mission arrive comme un texte libérateur. Elle confère une nouvelle dignité au métier, offre un cadre horaire légal (39 heures), précise les fonctions, donne une définition progressiste de la vie Scolaire, invite à l’innovation.
La fonction acquiert une vraie reconnaissance aux yeux de tous, exception faite des nostalgiques.
Les CE/CPE deviennent les spécialistes de la vie scolaire, et se rapprochent des enseignants. Confrontés à la massification et à son cortège de difficultés scolaires, ils développent les fonctions d’écoute et de suivi, l’aide personnalisée et le travail en équipe. Ils sont invités par le décret de 1989 à s’investir également avec professeurs et COP dans le champ de l’orientation.
Les FSE périclitent, le comportement des élèves change dans leurs rapports à l’école vers la fin des années 1980 dans le sens du consumérisme et de l’absentéisme endémique et sélectif.
Le CPE a acquis une place dans la cité scolaire, et une image positive affirmant un rôle d’éducation et d’apprentissage de la citoyenneté.

Le CPE dans l’équipe éducative

La loi de 1989 conforte cette évolution. Les CPE sont positionnés au sein de l’équipe pédagogique. La profession est unifiée : le corps des instructeurs disparait, le recrutement des CE est stoppé, et tous sont progressivement intégrés dans le corps des CPE. La formation a désormais lieu dans les IUFM, avec les enseignants. Les CPE quittent définitivement les équipes de direction.
Dans les années 1990 apparaissent des difficultés (risque d’absorption sociale, retour d’une demande sécurisante en direction des CPE) mais aussi un nouvel axe positif de travail : la citoyenneté.