Différencier, en temps "normal" et en période de confinement - Volet 3/3 : un exemple pour le lycée publié le 18/05/2020

Un exemple (commenté) de pratique concrète de différenciation en anglais au lycée.

Le présent dossier est proposé en réponse à la fréquente demande de pistes pour la prise en compte de l’hétérogénéité des profils et besoins des élèves.
Composé de trois volets (un propos général sur les enjeux de la différenciation + une présentation synthétique des pistes de travail à explorer pour commencer, un exemple fourni par un professeur d’anglais pour le collège ensuite et un exemple pour le lycée pour finir), sa publication couvre, pour en faciliter la lecture, trois articles distincts.
Celui-ci correspond au troisième volet. Vous trouverez les autres ci-dessous :
 Premier volet : enjeux et modalités de mise en œuvre ;
 Deuxième volet : un exemple pour le collège.

Nous remercions les enseignants qui ont bien voulu communiquer leur travail ainsi que les collègues qui ont accepté de faire une relecture critique des documents, tout particulièrement Mme Lalanne et M. Renaud, formateurs d’un stage sur la prise en compte de l’hétérogénéité en cours d’anglais.

Le document de commentaire complet est téléchargeable au bas de l’article.

Exemple de différenciation en lycée : Being British (Seconde)

Indications sur le contexte : ces fiches ont été conçues par une enseignante de 2nde pour un entraînement en compréhension de l’oral. La différenciation est matérialisée par la déclinaison en 3 fiches de travail, identifiées par les lettres A, B et C.

NB : Ce travail n’est pas un modèle mais un exemple de pratique, nécessairement perfectible mais à même de nourrir la réflexion de tous en proposant des pistes explorées en classe.

Choix opérés pour permettre de prendre en compte la diversité des profils

La nature de l’aide et l’organisation du travail sont différentes :

FICHE A

CO 2nde - Being British - Fiche A (PDF de 174.4 ko)

Différencier, en temps "normal" et en période de confinement - Anglais lycée - Académie de Poitiers.

La fiche A offre un léger guidage, visant à faire suivre une méthode transférable. La question 3 pré-organise la prise de notes et donne quelques éléments de contenu (intitulé des colonnes + éléments lexicaux).

Elle peut être perçue comme sécurisante pour des élèves avec une appréhension spécifique vis-à-vis des activités de compréhension de l’oral (ceux que paralyse la seule perspective de devoir « faire une compréhension orale »).

Elle peut aussi convenir de manière privilégiée à ceux qui, au contraire, sont plutôt à l’aise dans la compréhension ET ont un esprit suffisamment synthétique pour pouvoir organiser leurs notes en catégories dès l’écoute.

Elle sera contreproductive en revanche pour les élèves qui prennent beaucoup de notes sans vraiment réfléchir dans un premier temps et ne sont en mesure d’organiser leurs idées qu’ensuite. Ceux-là ne sauront pas dans quelle colonne de la phase 3 consigner les éléments repérés au fil de l’écoute.

FICHE B

CO 2nde - Being British - Fiche B (PDF de 115.3 ko)

Différencier, en temps "normal" et en période de confinement - Anglais lycée - Académie de Poitiers.

La fiche B est celle qui laisse le plus de liberté à l’élève. Le guidage est minimal : un élément de méthode (anticipation initiale) et une piste dans la question 2 (où l’ordre du contenu de l’enregistrement, définition puis qualification, est suivi). On note aussi que le nombre d’adjectifs à repérer est indiqué par le nombre d’espaces prévu.

Cette fiche conviendra bien aux élèves qui ont déjà une méthode de travail personnelle, une capacité à organiser leurs idées rapidement et à ceux qui prennent beaucoup de notes dans un premier temps sans pouvoir les organiser immédiatement.

A l’inverse, elle pourra déstabiliser ceux qui ont besoin d’un guidage étroit.

FICHE C

CO 2nde - Being British - Fiche C (PDF de 152.1 ko)

Différencier, en temps "normal" et en période de confinement - Anglais lycée - Académie de Poitiers.

La fiche C se caractérise par son guidage serré et la part réduite qu’elle accorde à l’écriture par l’élève.
Parce qu’elle repose sur une méthode (anticipation, prédiction…) et des consignes claires, parce qu’elle oriente les réponses (questions 1 et 2 en particulier) et donne des éléments du script (question 4), elle pourra paraître rassurante pour certains.

Elle pourra également faciliter la tâche des élèves mal à l’aise avec l’écrit.

Toutefois, elle pourra aussi introduire une difficulté inattendue pour tous ceux qui maîtrisent mal la phonologie en renvoyant à la graphie : si l’on ne sait pas prononcer des mots comme « belief » ou « values » (question 2) par exemple, on attendra une réalisation phonologique erronée (« à la française ») qui empêchera d’entendre ces mots. L’exercice relevant de la discrimination auditive plus que de la compréhension, il ne sera aidant que pour une partie des élèves.

L’exercice 4 (extrait lacunaire du script) pourra quant à lui s’avérer problématique en raison du débit et de la difficulté à suivre en lecture ce que l’on entend.

IMPORTANT
Il n’y a pas de fiche « facile » et de « fiche difficile » ni de fiche « pour les bons » et de fiche pour … les autres. Toutes les fiches accompagnent l’élève mais sous des formes différentes  : il importe que chacun puisse disposer de la version qui correspond à son profil.

Comme expliqué ci-dessus, la fiche B conviendra a priori aux élèves ayant déjà acquis un certain degré d’autonomie OU à ceux qui préfèrent bénéficier d’une certaine liberté d’organisation. Elle pourra en revanche mettre mal à l’aise ceux qui manquent encore de méthode, de confiance dans leurs capacités, voire de connaissances. De même, le guidage très présent de la fiche C sera pour certains une aide précieuse pour structurer la prise de notes et organiser la restitution MAIS cette même fiche apportera à d’autres des contraintes inhibantes. Pour d’autres élèves encore, elle constituera une source de difficultés accrue.
Aussi sera-t-il souhaitable de donner à tous les élèves le choix de la fiche sur laquelle ils se sentent le plus à l’aise pour travailler – sans s’interdire pour autant de les conseiller.

Une précision s’impose ici : la recherche récente sur la différenciation tend à montrer que la pratique consistant à confier à l’élève le choix entre des fiches présentant des niveaux de difficulté différents peut s’avérer contreproductive du fait du coût cognitif qu’elle implique : aider doit consister à réduire le nombre de décisions à prendre pour maintenir « intactes » les ressources cognitives, en l’occurrence conserver toute l’attention nécessaire pour réaliser les exercices et tâches et non pour opter pour tel ou tel niveau d’assistance. Ce qui est proposé ici est, redisons-le, l’opportunité d’aller vers ce qui correspond à sa préférence en fonction de son profil et non nécessairement de son niveau de maîtrise des connaissances et compétences travaillées.

Une correction collégiale ou une mise en commun du travail sera possible sans que quiconque se sente exclu ou stigmatisé parce que ce sont évidemment les mêmes éléments qu’il faudra avoir relevés pour pouvoir réaliser le résumé quelle que soit la fiche. On peut d’ailleurs imaginer une phase d’échanges sur les résumés en binômes avant la mise en commun avec la classe entière ; dans une démarche de type pédagogie collaborative, il serait intéressant de constituer des binômes incluant des élèves qui n’auraient pas utilisé la même fiche.

En conclusion, chaque fiche s’adresse à un profil (ou une « famille » de profils) différent et propose un cheminement spécifique mais au final, on travaille bien sur la même compétence avec tous les élèves.