Des leçons faites par les élèves pour leurs pairs publié le 28/12/2012  - mis à jour le 18/07/2018

Témoignage de Michel Place, école Jules Ferry

Pages : 12

Michel Place1 a apporté son témoignage aux Rencontres autour du numérique le 12 décembre :

"D’une manière générale, beaucoup de questions professionnelles portent sur les méthodes (« constructiviste », « frontale »), sur les dispositifs (« individuel », « classe entière », « groupes »), sur le matériel (« manuels », « photocopies », « bibliothèque »). Des modèles sont ainsi construits et on peut trouver des ouvrages traitant par exemple des profils pédagogiques, de la qualité des méthodes choisies, de la comparaison des manuels…

Il semble qu’il existe un consensus sur les exercices d’application mais c’est une question peu étudiée.
Peut-on dépasser ce cadre d’exercices, pour faire mieux comprendre aux élèves comment on leur fait apprendre ?

Les exercices proposés par les éditeurs

Si nous répertorions les types d’exercices pour chaque notion abordée, il semblerait que leurs structures soient assez identiques.
Les logiciels dédiés à des niveaux (CP, CE1…) proposent souvent une leçon et des exercices d’application similaires aux manuels scolaires. L’informatique n’offre alors qu’une interactivité limitée consistant seulement, mais cela est déjà très important, à obtenir la correction immédiate. Elle se décline en réussite/échec puis en réponse plus ou moins explicative (la leçon correspondante apparaît à l’écran).
Parfois on peut réussir ces exercices par "tâtonnements successifs", et rester relativement passif.
Les différents logiciels se démarquent les uns des autres dans les ajouts qu’ils proposent et dans leur ergonomie plus ou moins facile. D’autre part, les corrections donnent lieu à un bilan par élève que l’on peut « récolter ».

Une vraie raison de collaborer

  • Actuellement, le modèle prégnant pour préparer des séquences consiste à suivre des phases : découverte, recherche, structuration - application et transfert.
    La phase d’application consiste à valider la compréhension d’une leçon, par exemple le verbe « être » au présent de l’indicatif par l’acquisition d’une automatisation de certains gestes comme celui de mettre un « s » au pluriel.
  • En classe, on alterne souvent travaux individuels, collectifs et de groupes. Or le groupe n’apporte pas forcément un plus par rapport à des travaux individuels compilés sinon les dialogues établis entre les élèves.

Ces deux constats m’ont amené à proposer aux élèves de fabriquer des leçons et des exercices.

L’informatique, du fait de ses différentes fonctionnalités, permet de construire un répertoire élaboré par les élèves pour d’autres élèves. Le travail en groupe dans ce cadre-là est en rapport avec une intention (faire pour et avec les autres) et une validation (par et avec les autres). Les discussions portent sur l’objet à construire. Les élève se réapproprient le modèle utilisé par les adultes, et les utilisent eux-mêmes. Les erreurs faites pendant cette élaboration sont repérées et expliquées par d’autres élèves. L’élève est amené à expliciter sa pensée.
On retrouve en partie la philosophie qui animait les pédagogies dites nouvelles.

Ecrire des leçons

Il s’agit à chaque fois de faire écrire les leçons à des élèves quelle que soit la discipline. Les schémas en électricité (circuit du va-et-vient), les os, les nombres décimaux (définition, comparaison, rangement, ordre, …), les leçons de grammaire, etc… sont pris en charge par les élèves.
Ils ont à leur disposition des manuels, des dictionnaires.
Dans l’organisation que j’ai choisie, chacun a une leçon particulière à écrire. C’est à discuter en terme d’organisation, mais au bout du compte ça ne prend pas plus de temps que quand le cours est préparé et présenté par l’enseignant.
En général les cours sont bien faits. S’il y a des erreurs qui n’ont pas été repérées pendant la préparation je les corrige au moment de la présentation.
Un exemple en sciences :

Squelette légendé

 

Cours réalisé par des élèves
cliquer pour agrandir.

(1) professeur des écoles à l’école Jules Ferry à Niort, maître formateur