Deuxième édition du séminaire des formateurs publié le 18/01/2019  - mis à jour le 22/12/2022

Le mercredi 19 décembre 2018 au lycée Hôtelier de La Rochelle, un grand nombre de formateurs de l’académie de Poitiers a eu le privilège de participer au deuxième

Séminaire des formateurs de l’académie de Poitiers

organisé par Mme Michèle Vinel, DAFPEN (Déléguée Académique à la Formation des Personnels de l’Education Nationale), M.Claude Fougère, enseignant/formateur et M. Sylvain Guillo, Référent académique chargé de la formation digitale.

Cette deuxième journée en présentiel fut, pour plus de 150 formateurs, un temps d’approfondissement, d’échanges, de mutualisation, en vue de collaborations futures.

Au programme de la journée :

  • S’informer sur la thématique de l’égalité filles-garçons, l’égalité et le climat scolaire
  • Échanger des pratiques
  • Partager des expériences

Ouverture du séminaire

Le séminaire a débuté par une introduction sur la thématique de l’égalité filles-garçons par Mme Brigitte Estève-Bellebeau, Inspectrice d’Académie-Inspectrice pédagogique régionale de philosophie. Elle précise que

en tant que formateur, l’entrée par cette thématique n’est pas pertinente mais ce qui l’est c’est de travailler à partir d’une entrée plus large comme la lutte contre les discriminations.  

Au sens général, la discrimination consiste à distinguer une personne ou un groupe de personnes, et à lui appliquer un traitement spécifique. Actuellement 24 critères légaux sont retenus comme motifs de discrimination.
Mme Bellebeau précise qu’il existe deux manières de se représenter l’être humain :

  • une façon de représenter l’humain qui existe depuis des siècles, dictée par la médecine, la morale, la philosophie :
    déontologiquement, l’être humain est libre, responsable...
  • 1 manière ou « Ce que je suis dépend de ce qu’on a fait de moi ». Ainsi ce que l’on fait d’un enfant fera l’adulte de demain.
    Les représentations participent de la croyance de ce qui fait chacun.

Les critères légaux de discrimination selon le défenseur des droits.


Intervention climat scolaire

Le premier temps a consisté en une conférence sur le thème :

Égalité et climat scolaire : comprendre pour agir,

par Mme Johanna Dagorn, sociologue de l’éducation, chercheure associée au Laboratoire Culture Education Société (LACES) à Bordeaux et qui par ailleurs est membre de l’Observatoire Européen de la Violence à l’école.

Qu’est-ce qu’un stéréotype ? Quelles sont les conséquences en terme d’inégalité sociale, économique, salariale sur la société ?

Comme le précise Mme Dagorn, les comportements discriminatoires prennent très souvent leur source dans des stéréotypes.

Les stéréotypes sont un ensemble de croyances partagées à propos de caractéristiques personnelles, généralement des traits de personnalité, mais aussi des comportements propres à un groupe de personnes. Leyens, Yzerbyt et Shadron, 1996

Le stéréotype peut peser sur le destin et va engendrer des comportements qui peuvent être source d’inégalité. Les travaux de Georges FELOUZIS, en 2005 L’apartheid scolaire : enquête sur la ségrégation ethnique dans les collèges ont montré l’imbrication profonde entre les phénomènes urbains et les phénomènes scolaires. En effet, les familles populaires n’acceptent plus comme une évidence de scolariser leurs enfants dans le collège public de leur quartier.

Dans ce contexte, les politiques scolaires à elles seules ne peuvent avoir qu’une action limitée : en France il n’existe pas de véritables politiques locales d’éducation, au sens où les différents partenaires intervenant dans le champ scolaire ne se concertent pas avec les autres intervenants du champ éducatif local. Ce manque de coordination rend toute régulation impossible et laisse la société et ses tendances ségrégatives jouer à plein dans des espaces urbains et scolaires toujours plus marqués par une ségrégation ethnique, censée ne pas exister dans la société française.

 
Ces travaux montrent la différence entre les compétences et les performances.

Pour discriminer il faut 3 mécanismes :

  • Faire des différences : être brun, roux… ce sont des différences, mais en soi ce n’est pas un problème ce qui l’est c’est de poser des hiérarchies sur ces différences ;
  • Poser une hiérarchie : en grammaire le masculin l’emporte sur le féminin ; de manière implicite c’est déjà poser une hiérarchie.
  • Légitimer les hiérarchies : les médias et les institutions dont l’école de façon systémique, donnent des preuves.
L’école a toujours été indifférente aux différences mais n’a cessé de faire des différences car l’école se trouve dans la société qui discrimine donc l’école aussi.

Les stéréotypes amènent à provoquer des informations concordantes : c’est l’effet PYGMALION.

L’effet Pygmalion en pédagogie, désigne l’influence d’hypothèses sur l’évolution scolaire d’un élève et sur les aptitudes de celui-ci. C’est la provocation chez l’autre du comportement attendu.

Le simple fait de croire en la réussite de quelqu’un améliore ainsi ses probabilités de succès.

Le problème est d’importance, car si les enfants des milieux défavorisés réussissent moins bien à l’école que les enfants des milieux favorisés, la cause pourrait ne pas être uniquement liée aux carences de ces enfants et de leurs milieux.

Nous ne sommes pas en dehors des stéréotypes, ils sont indispensables, fondamentaux.


Stéréotypes et préjugés : source de discriminations ?

Le stéréotype est un comportement partagé construit collectivement donc nul ne changera d’avis contrairement à un préjugé.
Prenons pour exemple le stéréotype "Les asiatiques sont bons en mathématiques". Si un enseignant a des élèves asiatiques qui ont des moyennes basses en mathématiques, il précisera qu’il n’a pas eu de chance cette année, qu’ils ne sont pas très bons » mais ne changera pas d’avis.

La discrimination est l’application d’un traitement à la fois différent et inégal à un groupe ou à une collectivité en fonction d’un trait ou d’un ensemble de traits, réels ou imaginaires, socialement construits comme marques négatives. Véronique de Rudder

 
La discrimination est donc un traitement inégal mais toute inégalité n’est pas une discrimination.


Comment se font les différences dans le milieu familial ? Quelles sont les conséquences effectives sur nos pratiques

Tout commence dès la naissance et la prime-enfance : Filles et garçons : une éducation différenciée ?

  • Avant la naissance = dès lors que les parents connaissent le sexe de l’enfant ils adoptent des comportements différenciés. Par exemple pour un fœtus de sexe féminin, un coup de pied est considéré comme négatif , signe d’agressivité de mauvais caractère, alors que pour un garçon c’est un point positif, c’est un futur "guerrier", il aura du caractère.
  • En bas-âge = on conditionne les filles à explorer le monde social, via le jeu de la poupée, qui pleure (expression des émotions) alors que les garçons n’ont pas été encouragés à exprimer leurs émotions mais sont poussés à explorer l’espace via le jeu du ballon (permet de nourrir un sentiment d’efficacité immédiat si le tir est réussi).
    Aux garçons les jouets poussant à l’action et à la réussite, permettant un apprentissage technique, aux filles les jouets tournés vers la sphère domestique, un monde de "magie et de glamour". Autant de stéréotypes qui peuvent influencer une perception de rôles distincts dévolus aux filles ou aux garçons, et limiter leur champ d’orientation professionnelle.
Les jouets : la première initiation à l’égalité.

La construction de l’identité sexuée arrive entre 1 et 3 ans et permet au niveau de l’anatomie d’avoir conscience d’être garçon ou fille mais l’appartenance au groupe sexué arrive plus tard vers l’âge de 5 ans (au Cours préparatoire) donc chaque enfant se comporte de façon semblable à un groupe et la question des sexismes apparaît. Si le groupe joue aux voitures, l’enfant de CP jouera aux voitures ce qui n’est pas le cas avant 5 ans. Si on demande à un élève de CP de tenir la main d’une fille on voit apparaitre "du dégoût", la péjoration du féminin commence à entrer en cause.

  • À l’adolescence = les jeux d’enfants confortent les inégalités : cela va donner plus de liberté au garçon qui va davantage sortir donc agrandit son espace, alors que pour la femme la peur des agressions sexuelles par exemple limite les sorties donc réduit leur espace.

En soi ces comportements différenciés ne sont pas pas un problème mais les métiers du CARE, activités à la limite du ménager, du sanitaire, du social et de l’éducatif), traditionnellement assignés aux femmes dans le cadre familial sont les moins payés, les moins reconnus socialement donc le problème c’est ce que cela renvoie.

Impossible d’éduquer sans stéréotypes, confirme Jenny Schuler ; on en a même besoin pour aller contre, ou pour les travailler. Gommer les différences filles/garçons trop radicalement est complètement illusoire, parce que la première différence fondamentale est biologique et qu’elle influe sur le psychisme.

Le genre n’est pas un être, c’est une performance. Performance qui peut être inconsciente. A partir du moment où elle est répétée, elle devient naturelle et on ne s’en aperçoit plus. Judith Butler.

En classe on constate que :

  • les garçons apprennent à s’exprimer, à s’affirmer, à contester l’autorité ;
  • les filles à se limiter dans les échanges avec les enseignants, à prendre moins de place, physiquement et intellectuellement, à être moins valorisées.

Quels sont les qualificatifs stéréotypés chez les filles et les garçons ?

On distingue des stéréotypes de sexe et de genre :

  • chaque garçon et chaque fille est contraint de construire son identité personnelle en prenant position par rapport à des attentes sociales traditionnellement propres à son sexe.
  • la construction de l’identité ne s’effectue pas dans les mêmes conditions pour les garçons et les filles.
  • les filles et les garçons se soumettent aux stéréotypes qui leur sont socialement assignés.

G. Felouzis a réalisé une enquête auprès de 1250 élèves de sixième et cinquième : il leur a soumis 56 adjectifs et leur a demandé d’en choisir 6 pour nommer le groupe des garçons et 6 pour nommer le groupe des filles.

Les qualificatifs auto-attribués par les garçons

Les 6 adjectifs choisis par les garçons pour eux-mêmes

Les garçons n’hésitent pas à dire qu’ils se voient menteurs ce qui pour eux est une habileté sociale mais aussi courageux, énergiques...

 

Les qualificatifs associés aux garçons par les filles

Les 6 adjectifs choisis par les filles pour qualifier les garçons.

De même les filles, pour qualifier les garçons, ont attribué des adjectifs quelque peu différents mais qui renvoient à l’affirmation de soi et au rapport à l’autorité pour réussir socialement ce qui leur permet d’accéder à des postes valorisés.

 

Les qualificatifs auto-attribués par les filles

Les 6 adjectifs choisis par les filles pour elles-mêmes.

Les filles se voient sociables, affectueuses.

 

Qualificatifs attribués par les garçons

Les 6 adjectifs choisis par les garçons pour qualifier les filles.

Au contraire des garçons qui les voient vulnérables mais aussi affectueuses.

 

Sur tel trait de personnalité, on va préjuger de comportements.

Les jeux pour garçons renvoient à des métiers qui développent des capacités de repérage dans l’espace, à faire des choix, à élaborer des stratégies performantes.

Les jeux pour les garçons

Les jeux pour les garçons et les métiers qu’ils renvoient

L’identité des filles est toujours construite en relation à autrui, même dans les jeux.

 

Les jeux pour les filles

Les jeux pour les filles et les métiers qu’ils renvoient

Les garçons ont des orientations professionnelles plus efficaces en matière d’entrée sur le marché de l’emploi.

Quelles sont les conséquences effectives des stéréotypes et comment faire au niveau des pratiques éducatives ?

La justice scolaire comprend l’ensemble des situations au travers desquelles un ou des membres de la communauté scolaire vont vivre ou faire vivre à autrui un sentiment de justice ou d’injustice à partir de leurs actes, de leurs propos, de leurs décisions, etc.

La justice en milieu scolaire est un des facteurs essentiels du climat scolaire, elle améliore les contextes d’apprentissage des élèves et les conditions d’exercice des personnels de l’Education nationale.

Plusieurs situations influencent le sentiment de justice ou d’injustice pour l’élève :

  • l’évaluation : les filles et les garçons ne sont pas évalués de la même manière selon les matières et les interactions même si cela n’est pas systématique. Ces différences d’appréciation traduisent des différences d’attentes : les filles sont félicitées pour leurs résultats, les garçons sont stimulés pour leur potentiel.
  • les punitions : les résultats montrent que les élèves visés par les auteurs de violence sont généralement de même sexe que leurs agresseurs. Une insulte proférée par une fille apparaît bien souvent plus choquante que la même insulte émanant d’un garçon.
     Pour veiller au bon climat scolaire, un des axes est le travail sur l’architecture scolaire. Il est aisé de revoir l’occupation de l’espace public notamment la cour de récréation (ne pas mettre les jeux spatiaux, jeux de garçons comme le ballon au centre de la cours), de mettre des nombres sur les vestiaires par exemple au lieu de vestiaire garçon, vestiaire fille, pour éviter les violences sexistes à l’école et le transphobisme.

Un autre axe pour améliorer le climat scolaire est la justice restaurative ou justice réparatrice pratiquée en milieu pénitentiaire, avec succès, depuis de nombreuses années par bons nombres de pays tels le Canada, la Suisse, la Belgique ou encore l’Afrique du Sud. Son principe est de rétablir les relations entre la victime et l’auteur de l’infraction, par une écoute attentive, privilégiée et confidentielle des parties par un tiers indépendant. Concrètement le chef d’établissement scolaire demande à un élève repéré comme populaire dans la classe de jeter un œil sur l’élève fragile et de lui rendre compte de ces découvertes. Les premiers retours en collège sont très positifs.

Un climat scolaire inclusif nécessite de lutter contre toutes les discriminations. De manière collective, à l’échelle de l’établissement, ces discriminations lorsqu’elles sont répétées voire systématisées, contribuent à dégrader les relations entre toute la communauté éducative : enseignants, enfants, parents et augmentent les victimisations.
Lutter contre toutes les exclusions c’est agir en faveur du bien-être de toutes et tous et c’est aussi lutter contre la délinquance des jeunes.
C’est favoriser une école bienveillante propice aux apprentissages

Ateliers d’échanges de pratique

La fin de matinée et le début de l’après-midi ont été réservés à des ateliers sur des thèmes très divers :

  • Discrimination en formation : un piège à éviter
  • Enrichir une formation en présentiel
  • La pensée en images
  • Les techniques d’animation
  • Sciences cognitives et formation
  • Créativité de l’élève
  • Les postures : classes inversées, collaboration et coopération
  • Les avancées dans la recherche sur la formation des enseignants
  • Escape game : une modalité de formation
  • Impulser une dynamique de groupe en formation
  • Favoriser l’interaction en formation

Voici la présentation de l’atelier "La pensée en images" ou le mode non verbal de penser

  • Et si J-L Austin a raison
  • quand dire c’est faire...
  • alors quand je parle, je fais quelque chose à l’autre : c’est un acte qui vise à (lui faire) accomplir quelque chose...
Mur virtuel Atelier PENSER PAR L'IMAGE

Modélisation en pâte à modeler du terme formation

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Auteur

 Christelle Sajus

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