Le texte épistolaire publié le 02/12/2008  - mis à jour le 07/10/2010

Cette séquence a été proposée au début du deuxième trimestre. Un des objectifs est de présenter aux élèves des textes variés, des lettres réelles, fictives, contemporaines ou plus littéraires.

Niveau : Terminale BEP

Durée : 8 à 10 heures

Ces séances permettent aussi de revoir des notions acquises lors de séquences précédentes sur l’argumentation ou l’analyse de l’image. Ce travail peut être enrichi par une séance sur les lettres dans le théâtre ou prolongé par l’étude d’un roman épistolaire.

Séance 1 : L’épistolaire : un genre multiple

Objectifs :

  • Connaître et appliquer les règles de la correspondance privée et professionnelle
  • Rédiger un courrier en adaptant le contenu de la lettre à la situation.

Déroulement :

  • Cette séance débute, non par l’analyse de textes littéraires, mais par l’étude de productions d’élèves.
  • Définir avec les élèves les différents types de correspondance
  • Chaque élève devra rédiger sur un transparent une lettre ( l’objectif étant d’obtenir une grande variété de lettres)
  • Un certain nombre d’entre-eux présenteront à la classe leur production.
  • On notera au tableau les erreurs relevées et les régles de présentation selon le type de lettre.
  • Bilan de la séance sous forme de trace écrite ( les règles de présentation d’une lettre, la diversité des écrits epistolaires)

Séance 2 : Débats et polémiques autour de la tour Eiffel

Objectifs :

  • Définir la situation de d’énonciation et le motif d’un courrier.
  • Analyser les procédés argumentatifs d’une lettre

Document 1 : Lettre ouverte

Gustave Eiffel a imaginé la Tour Eiffel pour l’exposition universelle de 1889. Dés 1887, certains artistes publient ,dans le journal "Le Temps,une lettre ouverte adressée a Monsieur Alphand,Directeur général des travaux de l’exposition.

« Nous venons, écrivains, peintres, sculpteurs, architectes, amateurs passionnés de la beauté jusqu’ici intacte de Paris, protester de toutes nos forces, de toute notre indignation, au nom du goût français méconnu, au nom de l’art et de l’histoire française menacés, contre l’érection, en plein cœur de notre capitale, de l’inutile et monstrueuse tour Eiffel que la malignité publique, souvent empreinte de bon sens et d’esprit de justice a déjà baptisée du nom de Tour de Babel (1).

Sans tomber dans l’exaltation du chauvinisme, nous avons le droit de proclamer bien haut que Paris est la ville sans rivale dans le monde. Au dessus de ses rues, de ses boulevards élargis le long de ses quais admirables, au milieu de ses magnifiques promenades, surgissent les plus nobles monuments que le genre humain ait enfantés. L’âme de la France, créatrice de chefs-d’œuvre, resplendit parmi cette floraison auguste de pierres. L’Italie, l’Allemagne, les Flandres, si fières, à juste titre, de leurs héritages artistiques, ne possèdent rien qui soit comparable, aux nôtres et, de tous les coins de l’univers, Paris s’attire la curiosité et l’admiration. Allons-nous donc laisser profaner tout cela ? La ville de Paris va-t-elle donc s’associer plus longtemps aux baroques, aux mercantiles imaginations d’un constructeur de machines, pour s’enlaidir irréparablement et se déshonorer ?

Car la tour Eiffel, dont la commerciale Amérique ne voudrait pas c’est, n’en doutez pas, le déshonneur de Paris ! Chacun le sait, chacun le dit, chacun s’en afflige profondément, et nous ne sommes qu’un faible écho de l’opinion universelle et légitimement alarmée. Enfin, lorsque les étrangers viendront visiter notre Exposition, ils s’écrieront étonnés : " Quoi ! C’est cette horreur que les Français ont trouvée pour nous donner une idée de leur goût si vanté ? " Ils auraient raison de se moquer de nous, parce que le Paris des gothiques sublimes, le Paris de Jean Goujon, de Germain Pilon, de Puget de Rude de Barye, etc. sera devenu le Paris de M. Eiffel (2).

II suffit d’ailleurs, pour se rendre compte de ce que nous avançons, de se figurer une tour vertigineusement ridicule, dominant Paris, ainsi qu’une noire et gigantesque cheminée d’usine, écrasant de sa masse barbare : Notre- Dame la Sainte-Chapelle, la tour Saint Jacques, le Louvre, le dôme des Invalides, l’Arc de triomphe, tous nos monuments humiliés, toutes nos architectures rapetissées, qui disparaîtront dans ce rêve stupéfiant.

Et pendant vingt ans, nous verrons s’allonger sur la ville entière, frémissante encore du génie de tant de siècles, comme une tache d’encre, l’ombre odieuse de l’odieuse colonne de tôle boulonnée. C’est à vous qui aimez tant Paris, qui l’avez tant embelli, qui l’avez tant de fois protégé contre les dévastations administratives et le vandalisme des entreprises industrielles, qu’appartient l’honneur de le défendre une fois de plus. Nous nous remettons à vous du soin de plaider la cause de Paris, sachant que vous y dépenserez toute l’énergie, toute l’éloquence que doit inspirer à un artiste tel que vous l’amour de ce qui est beau, de ce qui est grand, de ce qui est juste... Et si notre cri d’alarme n’est pas entendu, si nos raisons ne sont pas écoutées, si Paris s’obstine dans l’idée de déshonorer Paris, nous aurons du moins, vous et nous, fait entendre une protestation qui honore.
 »

Lettre ouverte signée par Victorien Sardou, Alexandre Dumas, François Coppée , Leconte de Lisle, Guy de Maupassant, Sully Prudhomme, etc., Publiée dans " Le Temps " le 4 février 1887.

(1)Tour de Babel : dans la Bible, tour construite par les hommes pour tenter d’atteindre le ciel
(2) Jean Goujon, de Germain Pilon, de Puget de Rude de Barye sont des sculpteurs célèbres

  1. Définissez la situation d’énonciation .
  2. Quelles sont les différentes étapes de cette lettre de protestation ?
  3. Quels sont les arguments présentés par l’auteur ?
  4. Soulignez les termes qui qualifient la tour.
  5. Quelle est la visée de cette lettre ?

Document 2 : Réponse De G. EIFFEL

« Quels sont les motifs que donnent les artistes pour protester contre l’érection de la tour ? Qu’elle est inutile et monstrueuse ! Nous parlerons de l’inutilité tout à l’heure. Ne nous occupons pour le moment que du mérite esthétique sur lequel les artistes sont plus particulièrement compétents. Je voudrais bien savoir sur quoi ils fondent leur jugement. Car, remarquez-le, monsieur, cette tour, personne ne l’a vue et personne, avant qu’elle ne soit construite, ne pourrait dire ce qu’elle sera. On ne la connaît jusqu’à présent que par un simple dessin géométral ; mais quoiqu’il ait été tiré à des centaines de mille d’exemplaires, est-il permis d’apprécier avec compétence l’effet général artistique d’un monument d’après un simple dessin, quand ce monument sort tellement des dimensions déjà pratiquées et des formes déjà connues ? Et, si la tour, quand elle sera construite, était regardée comme une chose belle et intéressante, les artistes ne regretteraient-ils pas d’être partis si vite et si légèrement en campagne ? Qu’ils attendent donc de l’avoir vue pour s’en faire une juste idée et pouvoir la juger. Je vous dirai toute ma pensée et toutes mes espérances. Je crois, pour ma part, que la tour aura sa beauté propre. [...] La tour sera le plus haut édifice qu’aient jamais élevé les hommes. Ne sera-t-elle donc pas grandiose aussi à sa façon ? Et pourquoi ce qui est admirable en Égypte deviendrait-il hideux et ridicule à Paris ? Je cherche et j’avoue que je ne trouve pas. La protestation dit que la tour va écraser de sa grosse masse barbare Notre-Dame, la Sainte-Chapelle, la tour Saint-Jacques, le Louvre, le dôme des Invalides, l’Arc de triomphe, tous nos monuments. Que de choses à la fois ! Cela fait sourire, vraiment. Quand on veut admirer Notre-Dame, on va la voir du parvis. En quoi du Champ-de-Mars la tour gênera-t-elle le curieux placé sur le parvis Notre-Dame, qui ne la verra pas ? C’est d’ailleurs une des idées les plus fausses, quoique des plus répandues, même parmi les artistes, que celle qui consiste à croire qu’un édifice élevé écrase les constructions environnantes. Regardez si l’Opéra ne paraît pas plus écrasé par les maisons du voisinage qu’il ne les écrase lui-même. Allez au rond-point de l’Étoile, et, parce que l’Arc de triomphe est grand, les maisons de la place ne vous en paraîtront pas plus petites. Au contraire, les maisons ont bien l’air d’avoir la hauteur qu’elles ont réellement, c’est-à-dire à peu près quinze mètres, et il faut un effort de l’esprit pour se persuader que l’Arc de triomphe en mesure quarante-cinq, c’est-à-dire trois fois plus. Reste la question d’utilité. Ici, puisque nous quittons le domaine artistique, il me sera bien permis d’opposer à l’opinion des artistes celle du public. Je ne crois point faire preuve de vanité en disant que jamais projet n’a été plus populaire ; j’ai tous les jours la preuve qu’il n’y a pas dans Paris de gens, si humbles qu’ils soient, qui ne le connaissent et ne s’y intéressent. À l’étranger même, quand il m’arrive de voyager, je suis étonné du retentissement qu’il a eu. Quant aux savants, les vrais juges de la question d’utilité, je puis dire qu’ils sont unanimes. Non seulement la tour promet d’intéressantes observations pour l’astronomie, la météorologie et la physique, non seulement elle permettra en temps de guerre de tenir Paris constamment relié au reste de la France, mais elle sera en même temps la preuve éclatante des progrès réalisés en ce siècle par l’art des ingénieurs. C’est seulement à notre époque, en ces dernières années, que l’on pouvait dresser des calculs assez sûrs et travailler le fer avec assez de précision pour songer à une aussi gigantesque entreprise. N’est-ce rien pour la gloire de Paris que ce résumé de la science contemporaine soit érigé dans ses murs ? »

Extrait d’une page du site internet "tour-eiffel.fr"
  1. Identifiez les arguments des détracteurs de Gustave Eiffel.
  2. Comment Gustave Eiffel réfute-t-il ces arguments ?
  3. Quel plan argumentatif suit-il ?

Séance 3 : Correspondance et sentiments

Objectif : Caractériser les intentions et les sentiments de l’émetteur

Document 1 :

L’histoire d’Abélard et d’Héloïse, vécue au XIIe siècle, a fasciné des générations et inspiré bien des auteurs. Comme Tristan et Iseult, le célèbre professeur et ce jeune élève figurent parmi les amants maudits, emportés par leur passion et condamnés par l’ordre social. Tous deux ne se marient en effet qu’après avoir consommé leur amour et engendré un enfant. La famille d’Héloïse se venge de ce déshonneur en châtrant Abélard. Les époux désemparés se retirent chacun dans un monastère et entrent en religion pour racheter leur faute. La séparation les conduit alors à s’écrire.

Extrait de : Sabine Gruffat, L’épistolaire, Ellipses, 2003.

Document 2 :

D’autant que ces voluptés chères aux amants que nous avons goûtés ensemble me furent douces et que je ne peux ni les détester, ni les chasser de ma mémoire. Où que je me tourne, elles s’imposent à mes yeux avec les désirs qui les accompagnent. Même quand je dors, elles ne m’épargnent pas leurs illusions. En pleine solennité de la messe, lorsque la prière doit être la plus pure, les représentations obscènes de ces voluptés captivent totalement mon âme si bien que je m’abandonne plus à ces turpitudes qu’à la prière. Alors que je devrais gémir des fautes commises, je soupire plutôt après les plaisirs perdus. […]

Correspondance d’Héloïse et Abélard ( XIIe siècle), extrait de Sabine Gruffat, L’épistolaire, Ellipses, 2003.

Document 3 :

Saint-Preux, précepteur de Julie d’Etange tombe amoureux de sa jeune élève et lui avoue ses sentiments dans la lettre qui ouvre le roman. Très vite Julie répond à cet amour, mais au nom de la vertu, les deux jeunes gens luttent contre leur passion. Mais un soir, Julie donne rendez-vous à Saint-preux dans sa chambre.

A Julie,

J’arrive plein d’une émotion qui s’accroît en entrant dans cet asile. Le flambeau de l’amour guidait mes pas et j’ai passé sans être aperçu. Lieu charmant, lieu fortuné, qui jadis tant réprimer de regards tendres, tant étouffer de soupirs brûlants ; toi qui vis naître et mourir mes premiers feux ; pour la seconde fois tu les verras couronner ; témoin de ma constance immortelle, sois le témoin de mon bonheur […].
Que ce mystérieux séjour est charmant ! Tout y flatte et nourrit l’ardeur qui me dévore. O Julie ! Il est plein de toi et la flamme de mes désirs s’y répand sur tous tes vestiges. Oui, tous mes sens y sont enivrés à fois. Je ne sais quel parfum presque insensible, plus doux que la rose, plus léger que l’iris s’exalte ici de toutes parts. J’y crois entendre le son flatteur de ta voix […] julie ! Ma charmante Julie ! je te vois, je te sens partout, je te respire avec l’air que tu as respiré ; tu pénètres tout ma substance ; que ton séjour est brûlant et douloureux pour moi ! Il est terrible à mon impatience. O viens, vole, ou je suis perdu.
Quel bonheur d’avoir trouvé de l’encre et du papier ! J’exprime ce que je sens pour en tempérer l’excès, je donne le change à mes transports en les décrivant. Il me semble entendre un bruit. […]

Extrait de : J.J. Rousseau, la Nouvelle Héloïse, 1761.

Compétence de lecture

  1. Qui étaient Héloïse et Abélard ? ( doc 1)
  2. Pourquoi leur histoire a-t-elle inspiré de nombreux écrivains ? Citez d’autres romans ou pièces qui évoquent ce même thème.
  3. Quel est l’état d’esprit d’ Héloïse dans le document 2 ?
  4. Soulignez les liens logiques du document 2.
  5. A l’aide des documents 2 et 3, construisez un tableau afin d’identifier pour ces deux documents, l’émetteur, le destinataire, l’auteur, le registre de langue et le caractère fictif ou authentique de la lettre.
  6. A qui s’adressent les passages écrits en gras dans le document 2 ?
  7. Le vocabulaire utilisé dans ces lettres semble quelque peu désuet, à vous de proposer un équivalent plus contemporain pour les termes soulignés.
  • Voluptés
  • Désirs
  • Turpitudes
  • Ma substance
  • Tempérer
  • Mes transports

Compétences d’écriture

A l’heure d’Internet, les lettres d’amour enflammées dans une enveloppe parfumée sont passées de mode. Vous défendrez dans un développement d’une vingtaine de lignes cette thèse en respectant l’organisation argumentative suivante.

Thèse réfutée + Thèse soutenue + arguments + exemples


Séance 4 : La lettre de rupture

Objectif : Analyser des lettres de rupture réelles et fictives et être capable de rédiger une lettre

Document 1 :

A Alfred

[…] Ô Dieu, ô Dieu ! je te fais des reproches à toi qui souffres tant ! pardonne-moi, mon ange, mon bien-aimé, mon infortuné, je souffre tant moi-même ; je ne sais à qui m’en prendre ; […] Qu’allons nous devenir ? Il faudrait que l’un de nous eût de la force soit pour aimer, soit pour guérir ; et ne t’abuses pas, nous n’avons ni l’une ni l’autre, et pas plus l’un que l’autre. Tu crois que tu peux m’aimer encore, parce que tu peux espérer encore tous les matins après m’avoir nié tous les soirs. Tu as vingt-trois ans et voilà que j’en ai trente et un, et tant de malheurs, tant de sanglots, de déchirements derrière moi ! Où vas-tu ? Qu’espères-tu de la solitude et de l’exaltation d’une douleur déjà si poignante […] Tu veux exciter et fouetter ta douleur. N’en as tu pas assez comme cela ? Moi, je ne crois pas qu’il y ait quelque chose de pis que ce que j’éprouve. Mais tu espères ? Tu t’en relèveras peut-être ? […] Eh bien oui, tu es jeune, tu es poète, tu es dans ta beauté et dans ta force. Essaye donc. Moi je vais mourir. Adieu, adieu, je ne veux pas te quitter, je ne veux pas te reprendre, je ne veux rien. […] Je ne t’aime plus mais je t’adore toujours. Adieu, pars, seulement ne dis pas que je ne souffre pas. Il n’y a que cela qui puisse me faire souffrir davantage, mon seul amour, ma vie, mes entrailles, mon frère, mon sang, allez-vous en, mais tuez-moi en partant.

Georges Sand, 1835.

Document 2 :

Emma Bovary, épouse d’un officier de santé, étouffe dans sa vie monotone et pour tromper son ennui, elle prend un amant, Rodolphe, avec lequel elle rêve de folles escapades. Mais cette liaison commence à peser à Rodolphe qui se décide à rédiger une lettre de rupture.

« - Allons, se dit-il, commençons ! Il écrivit : " Du courage, Emma ! du courage ! Je ne veux pas faire le malheur de votre existence… " - Après tout, c’est vrai, pensa Rodolphe ; j’agis dans son intérêt, je suis honnête. " Avez-vous mûrement pesé votre détermination ? Savez-vous l’abîme où je vous entraînais, pauvre ange ? Non, n’est-ce pas ? Vous alliez confiante et folle, croyant au bonheur, à l’avenir…Ah ! Malheureux que nous sommes ! insensés ! " Rodolphe s’arrêta pour trouver ici quelque bonne excuse. - Si je lui disais que toute ma fortune est perdue ?… Ah ! non, et, d’ailleurs, cela n’empêcherait rien. Ce serait à recommencer plus tard. Est-ce qu’on peut faire entendre raison à des femmes pareilles ? Il réfléchit, puis ajouta : " Je ne vous oublierai pas, croyez-le bien, et j’aurai continuellement pour vous un dévouement profond ; mais un jour, tôt ou tard, cette ardeur ( c’est la le sort des choses humaines) se fût diminuée, sans doute ! […] Emma ! Oubliez-moi ! Pourquoi faut-il que je vous aie connue ? Pourquoi étiez-vous si belle ? Est-ce ma faute ? O mon Dieu ! non, non, n’en accusez que la fatalité ! " - Voilà un mot qui fait toujours de l’effet, se dit-il. " Ah ! si vous eussiez été une de ces femmes au cœur frivole comme on en voit, certes j’aurai pu, par égoïsme, tenter une expérience alors sans danger pour vous. […] Le monde est cruel, Emma. Partout où nous eussions été, il nous aurait poursuivis. Il vous aurait fallu subir les questions indiscrètes, la calomnie, le dédain, l’outrage peut-être. ..Et moi qui voudrais vous faire asseoir sur un trône. Je me punis par l’exil de tout le mal que je vous ai fait. Je pars.[…] - Il me semble que c’est tout. Ah ! encore ceci, de peur qu’elle ne vienne me relancer : " je serai loin quand vous lirez ces tristes lignes ; car j’ai voulu m’enfuir au plus vite afin d’éviter la tentation de vous revoir […] " - Comment vais-je signer, maintenant ? se dit-il. Votre tout dévoué…Non. Votre ami ?…Oui, c’est cela. Il relut la lettre. Elle lui parut bonne. [...] »
Extrait de G. Flaubert, Madame Bovary, 1857.

Questions

Document 1

  1. Recherchez qui étaient Georges Sand et Alfred de Musset.
  2. Soulignez dans le texte tous les termes qui désignent Alfred de Musset.
  3. Identifiez les propos contradictoires de Georges Sand et expliquez-les.
  4. Relevez le champ lexical de la douleur.

Document 2

  1. Identifiez l’auteur, l’énonciateur et le destinataire de cette lettre.
  2. Quels sont les éléments qui composent cette lettre ?
  3. Quels procédés de persuasion et d’argumentation emploie Rodolphe pour justifier cette rupture ?
  4. Quels sont ses sentiments envers Emma ?
  5. Caractérisez la personnalité du scripteur.

Mise en relation

  1. En quoi ses deux histoires d’amour sont-elles différentes ?
  2. Imaginez la réponse d’Emma à Rodolphe. Vous rédigerez cette lettre d’une vingtaine de lignes, en respectant les règles de présentation du texte épistolaire.

Séance 5 : Correspondance et débat de société

Objectif : Appréhender un débat de société à travers l’étude de textes épistolaires

A la suite d’un terrible accident de la route en septembre 2000, Vincent Humbert est devenu tétraplégique, aveugle et muet. Sa mère et le corps médical, en décidant de limiter les thérapeutiques actives, ont mis fin à ses jours. Il s’est éteint le 26 septembre 2003.

Document 1 :

26 novembre 2002

Monsieur Chirac

Tous mes respects, Monsieur le Président.

Je me présente : Je m’appelle Vincent Humbert, j’ai 21 ans. J’ai eu un accident de circulation le 24 septembre 2000. Je suis resté neuf mois dans le coma. Je suis actuellement à l’hôpital hélio-marin à Berck dans le Pas-de-Calais.

Tous mes sens vitaux ont été touchés à part l’ouïe et l’intelligence, ce qui me permet d’avoir un peu de confort. Je bouge très légèrement la main droite en faisant une pression avec le pouce à chaque bonne lettre de l’alphabet. Ces lettres constituent des mots et ces mots forment des phrases. C’est ma seule méthode de communication.
J’ai actuellement une animatrice à mes côtés qui m’épelle l’alphabet en séparant voyelles et consonnes. C’est de cette façon que j’ai décidé de vous écrire. Les médecins ont décidé de m’envoyer dans une maison d’accueil spécialisée. Vous avez le droit de grâce et moi, je vous demande le droit de mourir. Je voudrais faire ceci évidemment pour moi-même et surtout pour ma mère ; elle a tout quitté de son ancienne vie pour rester à mes côtés, ici à Berck, en travaillant le matin et le soir après m’avoir rendu visite, sept jours sur sept, sans aucun jour de repos. Tout ceci pour pouvoir payer le loyer de son misérable studio. Pour le moment, elle est encore jeune. Mais dans quelques années, elle ne pourra plus encaisser une telle cadence de travail, c’est à dire qu’elle ne pourra plus payer son loyer et sera donc obligée de repartir dans son appartement en Normandie. Mais impossible d’imaginer rester sans sa présence à mes côtés et je pense que tout patient ayant toute sa conscience est responsable de ses actes et a le droit de vouloir continuer à vivre ou mourir. Je voudrais que vous sachiez que vous êtes ma dernière chance. Sachez également que j’étais un concitoyen sans histoire, sans casier judiciaire, sportif, sapeur pompier bénévole. Je ne mérite pas un scénario aussi atroce et j’espère que vous lirez cette lettre qui vous est spécialement adressée. Vous direz toutes mes salutations distinguées à votre épouse. Je trouve que toutes ses actions, comme les pièces jaunes, sont de bonnes œuvres. Quant à vous, j’espère que votre quinquennat se passe comme vous le souhaitez malgré tous les attentats terroristes.

Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de mes sentiments les plus distingués.

Vincent Humbert.

PS : Je voudrais une réponse de votre part, même si celle-ci est négative.

Document 2 :

Paris, le 17 décembre 2002

Cher Vincent,

J’ai lu votre lettre avec émotion. Vos terribles souffrances et l’angoisse que vous exprimez au sujet de votre mère, si dévouée, me touchent profondément. Votre appel est bouleversant. Je ne puis vous apporter ce que vous me demandez, car le président de la République n’a pas ce droit. Mais je comprends votre désarroi, votre détresse profonde face aux conditions de vie que vous endurez, votre révolte aussi devant tant de fatalité et de malheur. Je veux vous aider.

Je verrai prochainement votre mère. Nous parlerons de vous, mais aussi d’elle. Nous devons absolument trouver ensemble les moyens d’alléger le poids des contraintes si lourdes qui sont les siennes. Je veux vous dire, cher Vincent, qu’il est possible de rechercher pour vous des aides nouvelles qui vous apporteront, je l’espère, plus de réconfort, d’apaisement et de soulagement au milieu de tant de souffrances et de désespoir. Nous allons tous nous mobiliser pour cela. Je voudrais enfin vous dire, ainsi qu’à votre mère qui vous lira cette lettre, tout mon respect. Je suivrai personnellement l’évolution de votre situation. Je serai toujours disponible pour vous et pour elle.

Cher Vincent, je suis avec vous et je vous dis toute ma chaleureuse affection.

Jacques Chirac

Questions

Document 1 :

  1. Quel est l’état de santé de Vincent Humbert quand il dicte cette lettre ?Pourquoi ?
  2. Comment communique-t-il ?
  3. Que demande-t-il ? Pourquoi ?
  4. Expliquez l’expression soulignée dans le texte.

Document 2 :

  1. Quelle est la réponse donnée par le président ? Comment la justifie-t-il ?
  2. Quelles solutions propose-t-il ?
  3. Relevez tous les termes qui décrivent l’état d’esprit de Vincent.
  4. En quoi cette lettre peut paraître surprenante ?
  5. Finalement qu’est-il arrivé à Vincent ?

Débat : Quelle est votre opinion sur l’euthanasie ? Pourquoi ?


Séance 6 : la vogue de l’épistolaire dans la peinture

Objectif : Etre capable d’analyser un tableau ( dénotation, connotation, cadrage lumière...)

Document1 : " L’attrait des choses qui se dissimulent "

Traces de présence au cœur même de l’absence, échos du dehors et objets intimes, les lettres abondent dans l’œuvre de Vermeer, peintre des intérieurs et de l’intériorité. Sur les 35 tableaux attribués à Jan Vermeer ( 1632-1675), six mettent en scène un personnage féminin lisant, écrivant, recevant ou envoyant une lettre. Faut-il y voir là le symptôme d’une obsession personnelle ? Ce qui est certain c’est que le motif épistolaire ne lui est nullement propre, qu’il traverse la peinture hollandaise du XVIIe siècle, au point de constituer une sorte de sous-genre. [...]

Extrait de : Stéphanie Gayon,, L’attrait des choses qui se dissimulent, TDC n° 859.

 Expliquez la phrase soulignée dans le texte en observant les oeuvres projetées au tableau.

Mise en relation des deux tableaux

  1. Selon-vous, à quelle époque ont été peints ses tableaux ?
  2. A quel style artistique appartiennent-ils ?
  3. Quels sont les objets récurrents ?
  4. Quels sont les autres éléments communs à ces deux scènes ?
  5. Quels sont les éléments de différence ?

Tableau n° 1 ( La liseuse à la fenêtre, 1657)

  1. Où la jeune fille se tient-elle ? Pourquoi ?
  2. Quel rôle jouent les rideaux et le tapis au premier plan ?
  3. Quel climat se dégage de cette scène ?
  4. Trouvez des marques de la précision "quasi photographique" du travail du peintre.

Tableau n° 2 ( La lettre ou Jeune fille assise écrivant une lettre tandis que derrrière elle la servante attend)

  1. Qui est la jeune fille au second plan ? Pourquoi se tient-elle là ?
  2. Quelle est la fonction du tableau à l’arrière plan ?
  3. Identifiez la source de lumière.
  4. Quelles sont les lignes de force dominantes ?