Les musiques étudiées par les collégiens en éducation musicale dans l'académie de Poitiers entre janvier 2005 et avril 2015. publié le 07/05/2015  - mis à jour le 18/09/2021

Les musiques étudiées par les collégiens en éducation musicale dans l’académie de Poitiers entre janvier 2005 et avril 2015 : éléments statistiques.

Source : recensement des pièces ayant été diffusées au moment des inspections des professeurs d’éducation musicale et chant choral.
La photographie est donc partielle. Toutefois, son degré de fiabilité peut être apprécié en fonction de deux réalités :
le fait que les inspections interviennent plus souvent au milieu d’une séquence de plusieurs cours qu’en début de séquence : la majorité du corpus n’est donc pas circonstancielle, en fonction de l’inspection, mais semble revêtir une certaine représentativité vis-à-vis du quotidien de l’éducation musicale au collège ;
la quantité relativement conséquente des séances observées : près de 500.
NB : ce relevé est réalisé sur la base de séances prises en charge par des professeurs actuellement en poste dans l’académie.

1. Les formations ou genres.

FORMATIONS OU GENRES6ème5ème4ème3ème4 années
BALLET 2,6% 0% 0,8% 5% 2,1%
CHŒUR 10,5% 18,1% 7,6% 6% 11,1%
ÉLECTRONIQUE - NUMÉRIQUE 6,6% 1,9% 0,8% 7% 4%
GRAND ORCHESTRE 15,8% 12,4% 17,6% 8% 14,3%
INSTRUMENT SOLISTE OU ACCOMPAGNÉ 23,7% 18,1% 20,2% 23% 22,2%
MUSIQUE DE FILM 0% 1,9% 5,9% 8% 4,5%
OPÉRA, COMÉDIE MUSICALE 18,4% 1,9% 9,2% 5% 8,5%
PETIT ORCHESTRE 5,3% 6,7% 9,2% 2% 6,3%
VOIX SOLISTES 6,6% 18,1% 13,4% 26% 17,5%
AUTRES 10,5% 21% 15,1% 10% 15,3%

Lecture : 2,6% des pièces écoutées en inspection en classe de 6ème relèvent du genre « musique de ballet »

2. Les périodes historiques.

TYPES OU PERIODES HISTORIQUES ABORDES (pourcentages par niveaux)
6ème5ème4ème3ème4 années
TRADITION 3,2% 6,8% 5,1% 3,4% 4,7%
XIIème et AVANT 0% 11% 0% 0,8% 3%
XIIIème-XIVème 1,1% 6,8% 0% 0% 1,9%
XVème-XVIème 0% 4,2% 0,7% 0% 1,3%
XVIIème 3,2% 2,5% 5,1% 0% 2,8%
XVIIIème 14,9% 16,1% 14% 6,7% 12,8%
XIXème 31,9% 12,7% 25% 6,7% 18,6%
XXème-XXIème 45,7% 39,8% 50% 82,4% 54,8%

3. Les musiques du XXème-XXIème siècle en provenance des Etats-Unis d’Amérique.

6ème 5ème 4ème 3ème TOTAL 4 années
34,9% 48,9% 50% 48% 47,3%

4. Compositeurs ou genres le plus souvent étudiés

Les titres désignent l’œuvre ou la paire d’œuvres quasiment exclusives pour un compositeur ou un genre. L’absence de titre renvoie à la diversité de pièces du musicien, du genre ou du groupe.

COMPOSITEURS OU GENRES LE PLUS SOUVENT ÉCOUTÉS EN COURS (en nombre d’occurrences entre 2005 et avril 2015, lorsque total > 4)
6ème5ème4ème3èmeTOTAUX
MOZART 7 5 10 3 25
BACH 3 3 4 3 13
BEETHOVEN (IXème symphonie) 2 5 3 0 10
GOSPEL (Oh happy day) 1 4 3 2 10
BIZET (L’Arlésienne, Carmen) 1 0 8 0 9
GRÉGORIEN 0 8 0 1 9
SAINT-SAËNS (Carnaval des animaux) 6 0 1 1 8
SCHUBERT (Roi des aulnes) 2 1 4 1 8
HAENDEL (Water music) 1 4 2 0 7
MAHLER (1ère symphonie - 3ème mouvement) 3 1 2 1 7
ORFF (Carmina burana) 3 1 2 1 7
RAVEL (Boléro, Ma mère l’oye) 2 2 2 1 7
STEVE REICH (City Life) 1 0 2 4 7
DAVE BRUBECK (Take five) 4 0 1 1 6
LULLY (Bourgeois gentilhomme) 2 1 3 0 6
PENDERECKI (Thrène à la mémoire des victimes d’Hiroshima) 0 0 0 6 6
APERGHIS (Récitations) 1 2 0 2 5
BEATLES 0 0 1 4 5
BERLIOZ (Symphonie fantastique) 1 0 2 2 5
DEBUSSY 1 2 0 2 5
HENRY (Messe pour le temps présent) 1 1 1 2 5
VERDI 2 1 2 0 5
VIVALDI (Quatre saisons) 1 2 0 2 5

A première vue, il y aurait contradiction entre le tableau ci-dessus et le précédent, qui relève une certaine prééminence des musiques en provenance des USA parmi les musiques des XXème - XXIème siècles écoutées en classe. En fait, l’ensemble des musiques états-uniennes écoutées se caractérise par une extrême diversité (71 musiciens différents sur 119 occurrences), d’où leur sous-représentation dans le tableau N°4.

5. Quels sont les facteurs qui conditionnent le choix des œuvres ?

 les programmes généraux : de la discipline, de l’histoire des arts ;
 les programmes limitatifs (option facultative du baccalauréat) ;
 la façon dont, pour chaque niveau, le professeur tient compte de ce que les élèves étudient dans d’autres champs disciplinaires (principalement le français et l’histoire-géographie) ;
 la façon dont les professeurs se représentent les goûts des élèves ;
 les connaissances / les goûts des professeurs eux-mêmes ;
 etc.

Quels qu’ils soient, ces facteurs ne masquent pas une évidente démarche d’ouverture de l’horizon culturel des collégiens sous-tendue par une stratégie de constitution d’un corpus commun de références musicales. Approche pragmatique : de tous temps ont existé des musiques plus « parlantes » que d’autres, plus immédiatement accessibles, plus aisément mémorisables, en un mot susceptibles d’être « populaires » même si la musicologie, à raison, ne les qualifie pas ainsi.

Une question vient relativiser l’importance de cette étude statistique : celle des modalités de contact des élèves avec les œuvres. Entre une écoute-flash superficielle et une appropriation, voire une familiarisation approfondies, il y a toute la distance qui sépare le zapping touristique de la construction d’une culture. En rapport étroit avec ce questionnement, relevons deux incidentes :
 d’une part, la présence de l’image qui permet de visualiser le concert, la représentation d’œuvre lyrique ou chorégraphique, le film ;
 d’autre part, en termes de méthode, la recommandation de procéder par approche comparative, une modalité dont il doit être superflu de rappeler l’efficacité.

6. Grandes œuvres : pourquoi ?

Les programmes de l’éducation musicale comportent l’obligation de faire « connaître par l’expérience sensible et l’étude objective quelques grandes œuvres du patrimoine » (extrait du projet de programmes 2015). Cette formulation renvoie à une approche hiérarchisée de la création artistique qu’il ne faut ni renier, ni redouter : il s’agit bien de donner à l’ensemble de la population scolaire des repères, de lui faire sentir qu’en musique comme dans les autres secteurs de la création les « gestes artistiques » sont d’importance diverse, et que parmi eux il en existe de fondamentaux pour l’humanité.

Ceux-ci sont rarement placés en « tête de gondole » dans les temples d’une consommation culturelle qui fonctionne selon le principe de l’obsolescence programmée. Leur résistance aux modes et au temps ainsi que leur indifférence aux lois du marché se payent d’une accessibilité, d’une ergonomie réduites : un accompagnement est nécessaire pour dépasser leur apparence parfois rébarbative, toujours déroutante par rapport au maelstrom sonore du quotidien. Notre Éducation musicale destinée à tous est là pour inciter à emprunter ce chemin, à réussir cette escalade qui conduit vers un point de vue - ou plus exactement un point d’écoute – fantastique, inoubliable, qui pourra nourrir des existences entières tout aussi bien, mais par d’autres voies, que de grandes créations plastiques, de grands livres, de grands films.