« Petit manuel du genre » publié le 16/08/2020

Publié par Charlie Galibert, docteure en anthropologie et en philosophie et chargée de mission académique Égalité filles garçons dans l’académie de Nice, ce « Petit manuel du genre » vulgarise une cinquantaine d’années de recherche sur les relations entre les femmes et les hommes.

Organisé en 8 chapitres, chacun particulièrement documenté, cet ouvrage interroge notamment le rôle de l’école dans la pérennité des inégalités de sexe (chap. 5).
L’auteure constate que « la socialisation différenciée des sexes, la différence de traitement par le système scolaire et l’exercice des rapports sociaux de sexe créent des destins scolaires et des choix d’orientation et d’insertion professionnelle inégalitaires ». Elle examine notamment les facteurs explicatifs des disparités d’orientation ; elle identifie des facteurs d’ordre externe : le rôle des stéréotypes dans le processus de socialisation de l’enfant, le quotidien de la classe faisant apparaitre que les enseignantes et enseignants traitent de façon différente garçons et filles tout en pensant être équitables, les messages implicites délivrés par les supports pédagogiques utilisés (manuels notamment), une certaine naturalisation des comportements transgressifs des garçons et la docilité des filles et une occupation de l’espace physique et sonore différente. Elle souligne également l’existence de facteurs internes : l’auto-sélection des filles qui émettent des vœux d’orientation moins ambitieux que ce à quoi leur niveau scolaire leur permet de prétendre, l’autocensure se traduisant par un renoncement à certains choix sans en avoir conscience, et l’autodévalorisation dans l’estimation de leurs capacités. Charlie Galibert s’interroge ensuite sur la façon de « cheminer vers l’égalité » : il s’agit notamment de promouvoir une orientation scolaire non sexiste en minorant les stéréotypes de genre.

Au-delà de la question particulière de l’école, Charlie Galibert revient dans cet ouvrage sur l’histoire du concept de genre (chap. 1), les relations entre genre, pouvoir et violences (chap. 2), les sexualités (chap. 3), la fabrique des sexes (chap. 4), l’éducation à la sexualité confrontée à la pornographie (chap. 6) et les inégalités dans le monde professionnel (chap. 7).

Dans un dernier chapitre, elle nous invite à percevoir l’humanité comme Arlequine : « En tant qu’individu singulier, nous sommes tous peuplés des autres humains, moins île qu’archipel, impensables et invivables les uns sans les unes, les unes sans les uns, et les autres, parce que l’humanité est bigarrée, Arlequine. (…) Nous sommes tous et chacun hommes, femmes, filles, garçons, ceux qui sont un peu les deux, ceux qui sont les deux à la fois, ceux qui ne sont ni l’un ni l’une, et tout l’éventail des possibles, vous et moi, les uns, les unes et les autres, d’ici et d’ailleurs, la pièce colorée qu’Arlequin attend avec impatience pour danser le théâtre du monde. »