Les filles et les garçons face aux sciences publié le 30/12/2018
Revue "Education et formations" - N°97
L’article " Les filles et les garçons face aux sciences " publié dans la revue "Éducation et formations" n°97 de septembre 2018 synthétise les résultats d’une vaste enquête par questionnaire réalisée auprès de 8500 lycéennes et lycéens d’Ile-de-France en 2016.
L’étendue des représentations stéréotypées concernant les métiers scientifiques
Les métiers scientifiques sont perçus comme monotones par 30% des élèves de 2de GT interrogés (23% pour les garçons de TS et 17% pour les filles de TS).
Ils seraient difficiles à concilier avec la vie de famille pour 27% des garçons de 2de GT et 29% des filles (respectivement 16% et 22,5% en TS)
Ce seraient des métiers solitaires pour un tiers des élèves de 2de GT et un peu plus de 20% de ceux de TS.
La perception de la place des femmes en sciences
Alors que les deux tiers des élèves soulignent qu’il y a plus d’hommes que de femmes dans les métiers scientifiques, 30% des garçons et 18% des filles pensent que les hommes sont plus doués en maths.
20% des élèves de 2de GT (filles comme garçons) soulignent que les cerveaux des hommes sont différents de ceux des femmes.
Plus de la moitié des élèves interrogés pensent vrai la proposition suivante : les femmes progressent moins vite dans les carrières scientifiques.
Un manque de confiance et une sous-estimation par les filles de leurs capacités
Alors que les performances réelles en mathématiques des filles et des garçons, mesurées par les notes obtenues à l’épreuve écrite du DNB, sont très proches dans l’échantillon concerné, les filles déclarent nettement moins souvent avoir un bon niveau en mathématiques que les garçons (entre 11 et 14 points d’écart) ainsi qu’en physique-chimie (entre 12 et 14 points d’écart), que ce soit en 2de GT ou en TS.
Les filles se perçoivent également comme moins douées que leurs camarades de classe en mathématiques et en physique. Les auteurs soulignent une "forme particulièrement sournoise d’intériorisation des stéréotypes de genre chez les filles : elles ne semblent pas tant se sous-estimer collectivement, en tant que filles, qu’individuellement."
Elles se déclarent plus souvent perdues devant un problème de mathématiques que les garçons (écart de 16 à 21 points) et plus souvent inquiètes en pensant aux mathématiques (entre 18 et 20 points).
Et en matière d’orientation ?
44% des garçons de 2de GT s’orientent vers une première S contre 35% des filles. Et parmi les élèves ayant le meilleur niveau en mathématiques, l’orientation en 1ère S concerne 66% des garçons et seulement 56% des filles. De même, 25% des garçons sont admis dans une CPGE (MPSI MCSI PTSI) ou intégrées et seules 11% des filles (8% des garçons demandent cette orientation en premier vœu contre 3% des filles).
Utilisant la décomposition d’Oaxaca-Blinder, les chercheurs ont voulu déterminer les facteurs contribuant à la différenciation des choix d’études des filles et des garçons.
Résultats : "les filles et les garçons diffèrent fortement quant à leurs goûts déclarés pour les matières scientifiques, et de façon peut-être plus intéressante, quant à leur confiance en eux vis-à-vis de leurs compétences en mathématiques. Ce sont ces différences qui, dans une analyse descriptive, permettent d’expliquer une part substantielle des écarts filles-garçons en matière d’orientation vers les filières scientifiques." Par contre, "les stéréotypes sur les sciences et la place des femmes au sein des métiers scientifiques ne permettent pas d’expliquer une part importante des écarts d’orientation entre les sexes. Cela ne signifie pas pour autant que ces stéréotypes sont sans effet."