In-FINE : Éthique et citoyenneté numérique publié le 19/04/2021  - mis à jour le 20/04/2021

Constat : les familles téléchargent en masse des applications. Fin mars 2020 dans le Top 20 des outils utilisés par les enseignants figuraient WhatsApp, Google Suite, Zoom et Discord.


 1er débat de l’émission du 11 mars 2021
Regards croisés de :

  • Nathalie Sonnac, présidente du Comité d’éthique des données d’éducation
  • Jacques-François Marchandise, délégué général de la Fing
  • Annick Vallette, vice-Présidente de la Maif
  • Sophie Vulliet-Tavernier, directrice des relations avec les publics et la recherche de la CNIL
  • Nicolas Vauzelle, professeur de mathématiques et RUPN au lycée Marguerite de Valois et président d’un espace public numérique en Sud Charente.

Brochure du CLEMI
d’éducation à l’information
février 2021

Témoignage de Nicolas Vauzelle, enseignant

Pendant le 1er confinement nous avions peur de perdre le contact avec les élèves et l’ENT a saturé pendant les 15 premiers jours, dans cette situation pandémique que personne ne pouvait prévoir. Puis petit à petit l’ENT est redevenu accessible ainsi que les outils du CNED, et nous RUPN1 avons formé nos collègues à distance pour qu’ils apprennent à utiliser les outils institutionnels.

Les recommandations adressées par le comité d’éthique des données d’éducation pendant et suite au confinement

Les données d’éducation sont celles qui sont produites dans le cadre de la vie scolaire et cela concerne une communauté qui est très large (élèves, enseignants, familles...). Nous voulons garantir un cadre sécurisé.

Il y a un accroissement des risques, notamment pour la vie privée, la manipulation, le harcèlement, l’enfermement, la perte d’autonomie. De plus il faut assurer l’égalité d’accès aux ressources.

 Nous avons fait 23 propositions au ministre

L’accompagnement de la CNIL

Les données considérées comme sensibles du point de vue juridique sont celles qui concernent la biométrie, la santé, la vie sexuelle, la religion, etc. mais la CNIL a toujours considéré que les données concernant les mineurs doivent faire l’objet d’une protection spécifique.

Des conseils pratiques sont diffusés sur le site de la CNIL et sur celui d’Educnum.
Nous conseillons aux établissements scolaires de vérifier les politiques de confidentialité des services utilisés : moyens d’accès sécurisé, hébergement des données dans l’Union Européenne et dans les pays où existe des règles de protection de ces données (ce qui n’est pas le cas aux États-Unis), etc.

Participation de la MAIF

L’assureur participe à la sensibilisation pour éviter les dérives.
Quelques exemples d’actions :

Recommandations de la CNIL vis à vis des établissements scolaires qui souhaitent utiliser des outils de reconnaissance faciale ou des bracelets connectés

Il faut réfléchir en amont aux risques d’atteinte à la vie privée et à la liberté individuelle.
Il ne faudrait pas donner l’impression aux jeunes générations qu’il est normal de mettre un traçage individuel. Donc rester vigilants par rapport aux enjeux éthiques, envisager d’autres solutions et s’il n’y en a pas bien peser les contours de mise en œuvre de ce type de projet.

Quels risques en cas de détournement des données ?

 Influencer les parcours : Selon la Fing les élèves les enseignants et les parents ne sont pas très conscients des traitements de données personnelles effectués dans le cadre de l’éducation. Les données de trajectoire ou d’orientation par exemple peuvent être croisées avec d’autres données collectées ailleurs.

 Manipulation : On ne connait jamais bien les auteurs des traitements algorithmiques. Il peut y avoir du prédictif, du commercial, du malveillant, et autres intentions (si le pays ne devient plus démocratique notamment). Cela peut toucher la liberté des enseignants, les trajectoires d’orientation des élèves.
Il y a aussi un risque de perte de confiance.

Nathalie Sonnac attire l’attention sur les croisements possibles entre les données fonctionnelles et administratives et les données personnelles sensibles, d’où l’importance du cadre de confiance (accords de protection de ces données, gestionnaire d’accès aux ressources, etc.).

Comment mettre en place la citoyenneté numérique ?

Il y a besoin de compétences numériques chez les professionnels mais il faut embarquer les familles et les accompagner. Actuellement 37% de la population n’a pas les 4 compétences de base.

Le cadre scolaire est bien adapté pour travailler ça, par l’éducation aux médias et à l’information, et par l’acculturation à la donnée : connaître sa valeur, les enjeux de pouvoir.
Cela peut être travaillé dans différentes disciplines, la SVT, l’histoire géo, etc.
Des acteurs associatifs sont en train de s’adapter à cette nouvelle forme de médiation.

Les composantes de
l’éducation aux médias
et à l’information

Témoignage de Nicolas Vauzelle :

Un espace public numérique peut accompagner les familles. Un plan d’ordinateurs est en train d’être déployé en Charente pour les familles qui en ont besoin avec accompagnement grâce au pass numérique.
Les enseignants doivent faire preuve d’exemplarité mais ont besoin d’avoir des outils qui correspondent aux usages des élèves. Ils sont en train d’être construits. Les RUPN et la formation continue devront les faire connaître.

Edtechs2 : J’utilise la Quizinière et Moodle mais nous avons besoin aussi d’applications qui puissent être utilisées en direct de manière très simple avec le téléphone portable. On ne trouvera jamais l’outil idéal, mais nous avons besoin des edtechs. Nous devons être mis en situation d’expérimentation ouverte, tester des applications à petite échelle.

L’intelligence artificielle pourrait proposer des contenus au niveau adapté à l’élève et l’aider à progresser.
Pix est un outil qui a cette particularité et qui plait aux élèves. Il aide aussi les familles à se former.

Les conseillers numériques mis en place pour aider les utilisateurs du numérique ne vont pas suffire : il faut que les utilisateurs deviennent autonomes donc conscients.

Sophie Vulliet-Tavernier : Un kit pédagogique du citoyen numérique vient de paraitre.

Les GAFAM sont-ils sanctionnés ?

Le RGPD a vocation à s’appliquer aux GAFAM ainsi que les autres règles protégeant la vie privée.

Est-ce que l’Éducation nationale ne devrait pas créer ses propres outils ?

Nous poussons à ce que ce ministère développe et promeuve des outils conformes et un code de conduite qui engage les créateurs dans la conception de produits qui soient respectueux.
La Fing vise un cadre de confiance commun qui soit positif, et préconise d’aider les maitres d’ouvrages à adopter par exemple un design autour du consentement.
Une offre gratuite à l’échelle européenne offrant de la convivialité et de la robustesse est une bonne option.

Rendre les citoyens acteurs de leurs choix, comment faire ?

 Ouvrir les établissements à leur environnement pour en faire des lieux intégrants, suggère Nicolas Vauzelle. Les enfants peuvent expliquer à leurs parents comment utiliser certains outils, sous forme de quizz, lors d’une journée sur le numérique citoyen.

 Les Tiers lieux peuvent aussi servir à ça.

 Installer des pratiques et pas uniquement des injonctions, préconise La Fing. Exemple venu d’un rectorat de Rennes : une initiative autour des environnements de données personnelles qui permet de faire des tests avec des enseignants et des élèves.

 La plateforme « mes datas et moi » permet de comprendre les enjeux.
La Maif vient aussi d’investir dans la startup Mobidys qui met l’intelligence artificielle au service des enfants ayant des dysfonctionnements.

Est-ce que ceux qui fournissent les données ont une place dans la gouvernance de ces données ?

Selon la Fing certains acteurs associatifs ont été découragés par les nombreuses réunions : il faut une gouvernance basée sur le faire et les objets. Nous manquons de contributeurs actifs.

 Accéder à la rediffusion de l’émission complète (In-FINE, 11 mars 2021)

(1) Référent pour les Ressources et Usages Pédagogiques Numériques

(2) entreprises françaises qui travaillent à rendre la technologie et l’innovation utiles à l’éducation