La biométhanisation publié le 23/05/2022

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Les unités sont majoritairement installées dans des fermes (52 % au total). Pour certaines régions, ce taux peut atteindre plus de 70 % comme dans la région Grand-Est (82 %) et dans la région Bretagne (75 %)

1.4 Perspectives de développement

Les perspectives de développement sont nombreuses car des objectifs ambitieux ont été fixés au niveau national et européen en matière, notamment, de réduction des gaz à effet de serre, et de développement de la part des énergies renouvelables.
La loi énergie climat du 9 novembre 2019 fixe un objectif pour 2028, de 8 % de gaz renouvelables dans les réseaux de gaz.
Le texte sur la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) publié en 2019 propose pour 2028, un objectif de production de biogaz compris entre 24 et 32 TWh.
A l’horizon 2050, le biogaz devrait représenter plus de 100 TWh de la consommation totale de l’énergie, avec près de 60 TWh de biométhane injectés dans le réseau de gaz. La méthanisation représenterait alors à elle seule plus de 17 % du gaz injecté dans le réseau.

1.5 Enjeux de la méthanisation

La production de biogaz participe donc à la diversité énergétique de la France. Les enjeux de cette production sont donc à regarder à travers divers axes :

Les enjeux environnementaux : La biométhanisation est considérée comme un produit énergétique qui participe à la lutte contre le réchauffement climatique. En effet :

  • La méthanisation permet de multiplier par deux la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). Le biogaz peut remplacer des ressources fossiles comme le pétrole, le gaz naturel ou bien encore le charbon afin de chauffer des bâtiments, faire rouler des véhicules et produire de l’électricité. De plus, la méthanisation permet de capter le méthane (CH4) naturellement produit lors de la décomposition de la matière organique. Le méthane est un GES qui, à volume égal, a un pouvoir réchauffant pour la planète, 21 fois supérieur à celui du dioxyde de carbone (CO2). Enfin, la méthanisation, par son implantation locale, limite la pollution par les véhicules transportant les sources d’énergie comme le pétrole (moins de transport = moins de pollution).
  • La méthanisation permet de valoriser une très grande diversité de déchets organiques, comme les huiles alimentaires et les matières grasses ou encore les laitages qui ne peuvent pas être compostés. Sans ce procédé, il faudrait incinérer ou à mettre en décharge ce type de déchets.
  • La méthanisation produit aussi du digestat qui peut être utilisé comme fertilisant ou engrais se substituant alors à certains engrais minéraux dont la production est très consommatrice en énergie fossile.

Les enjeux économiques : La biométhanisation est un acteur économique important qui permet la création de revenus supplémentaires. Trois raisons envisageables :

  • La construction d’une unité de méthanisation se fait avec des coûts modérés. De plus, le prix des terrains en milieu rural où sont construites ces unités sont généralement plus abordables. Pour compléter, il est à noter que, par la suite, les coûts du traitement des déchets par ce procédé de méthanisation est assez bon marché. Il est de l’ordre de cinquante euros la tonne, contre une centaine d’euros pour l’équivalent par incinération ou par stockage.
  • La méthanisation permet de produire une énergie locale et renouvelable qui limite les frais de transport pour son utilisation. Elle permet, aussi, de créer une dynamique économique territoriale permettant un développement local. Le système énergétique du biométhane s’organise en boucles courtes et locales, propre à une économie circulaire. La méthanisation est donc source d’activités et d’emplois non délocalisables. Pour la conception et construction, le transport, le fonctionnement et la maintenance des sites, on estime ainsi à 1 emploi direct créé par tranche de 300 kW électrique. (Source : Club Biogaz et AREC Île-de-France, mars 2012).
  • Pour les agriculteurs exploitants, cela leur permet, en plus, une diversification de leurs ressources financières en leur apportant des revenus complémentaires réguliers et stables. De plus, l’utilisation du digestat pour l’épandage leur permet de réduire leurs dépenses pour l’achat d’engrais minéraux souvent coûteux. (Source : ADEME France)

Les enjeux sociaux : L’impact est ici mitigé entre points positifs et négatifs.

  • Il y a des enjeux sociaux positifs notamment car la filière de biométhanisation permet de lutter contre la désertification rurale. De plus et bien souvent, les sites de méthanisation deviennent des lieux d’échanges, d’informations et de formations, auprès des professionnels, des riverains et du grand public. Enfin, la France propose l’un des marchés européens les plus prometteurs pour l’avenir avec un potentiel encore largement sous-exploité. Depuis que les tarifs de l’électricité produite à partir de biogaz ont été réévalués en 2006 puis en 2011, et que les tarifs des autres sources d’énergie ont augmentées (notamment actuellement début 2022) la filière connaît un dynamisme important soutenu par les pouvoirs publics.
  • Parmi les impacts négatifs, on trouve principalement le scepticisme d’une partie de la population. En effet, souvent méconnue ou mal connue du grand public, la méthanisation souffre d’un déficit d’image qui engendre des inquiétudes et des amalgames en tout genre. Certains incidents médiatisés écornent cette filière comme celui survenu en août 2020 dans un site industriel de méthanisation exploité par Engie Bioz à Châteaulin (Finistère) qui avait entraîné une pollution de la rivière qui alimente un tiers des habitants du Finistère en eau potable. 180 000 personnes avaient dû restreindre leur consommation d’eau. La presse a relaté ces faits comme le montre le document ci-dessous. L’ensemble de ces incidents alimentent de nombreuses polémiques, cependant le risque est non négligeable et il doit être pris en compte.

Toujours dans les points négatifs, il est aussi à noter que les coûts de construction restent entre 1,6 à 2,3 fois plus élevés en France qu’en Allemagne (Source : Xerfi 2012) et freinent donc le développement des unités de méthanisation. Les démarches administratives, aussi, sont longues et complexes et augmentent le temps et les coûts de développement des projets.