Modéliser les contrôles hormonaux du cycle sexuel féminin publié le 09/02/2022

Corps humain et santé / Hormones et procréation en seconde. Un modèle analogique visualisant le rôle fluctuant des oestrogènes sur l'hypophyse.

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Considérations scientifiques sur les régulations hormonales

Si la communication hormonale et la nécessité qu’un message chimique puisse avertir le cerveau du fonctionnement des ovaires est bien intégrée, quand on interroge les élèves sur le fait qu’une même substance puisse à la fois freiner ou accélérer le fonctionnement de l’hypophyse en fonction de sa concentration plasmatique, la réponse "explicative" du rétrocontrôle hormonal la plus fréquente est "c’est comme ça, il faut le savoir" !

J’ajoute que si la même question m’est posée aujourd’hui, "qu’est ce que c’est que cette bizarrerie de signal hormonal mixte des œstrogènes sur l’hypophyse ?", et bien je n’ai toujours pas de réponse claire. J’avais différé la rédaction de l’article pour cette raison, mais l’activité fonctionne avec les élèves, alors je décide de la partager malgré tout

Pour construire cette activité, je suis parti du principe qu’il existe des récepteurs moléculaires à œstrogènes de deux types, activateurs ou inhibiteurs sur la transcription des gènes. Ils sont présents en proportions variables, dans les cellules tumorales du cancer du sein (ER+ ou ER-). Je suppose donc qu’il peuvent exister sur des cellules hypophysaires. Par contre, le déclenchement du rétrocontrôle positif est pour l’instant en dehors de mes compétences. Il existe de nombreux co-régulateurs non stéroïdiens (inhibines, activines) qui boostent ou inhibent l’accrochage du complexe récepteur-œstrogène sur l’ADN. Il existe non seulement des récepteurs nucléaires, mais aussi des récepteurs membranaires à l’œstrogène et selon le type de récepteur sollicité, ce ne sera pas les mêmes facteurs de transcription qui agiront. Certaines combinaisons moléculaires activent, d’autre inhibent la synthèse protéique.

Si les élèves me demandaient une explication cohérente, je leur proposerais la suivante (qui est assurément scientifiquement fausse) : les deux types de récepteurs + et - n’auraient pas la même affinité pour l’œstrogène, les récepteurs - étant plus attractifs capteraient en priorité les œstrogènes circulants, et quand ils seraient tous occupés, l’œstrogène pourrait aller se fixer sur les récepteurs +, qui seraient beaucoup plus efficaces que les récepteurs - dans leur action sur le cerveau.

Dans le modèle, je n’évoque que les œstrogènes et la LH, alors qu’en fait, le rétrocontrôle des œstrogènes sur l’axe hypothalamo-hypophysaire se fait plutôt via la FSH. C’est une erreur scientifique que je tolère pour ne pas complexifier le modèle avec une deuxième hormone hypophysaire.