Le marchand de sable est passé
par Nantes dans la soirée du 12 février 2002.
Une situation météorologique particulière
mais pas exceptionnelle.
Une pluie de
sable sur Nantes
Le soir du 12 février 2002, l'association
Air Pays de la Loire (airpl) lance une alerte.
Une hausse généralisée des concentrations
en poussières fines (PM10) est apparue sur l'ensemble
des capteurs de plusieurs agglomérations. Elle a
débuté à Saint-Nazaire vers 20 heures
UTC, puis à Nantes une demi-heure plus tard, à
Angers et Cholet vers 21h30 UTC et au Mans vers 22 h UTC.
Les niveaux de poussières ont rapidement augmenté
pour atteindre en début de nuit des concentrations
de l'ordre de 80 à 120 µg/m³. Air Pays
de la Loire prévient les pouvoirs publics afin de
mettre en œuvre les procédures d'information.
Les taux de poussières diminuent ensuite lentement
pour retomber le 13 à la mi-journée à
des niveaux très faibles (inférieurs à
20 µg/m³)..
Ce même phénomène est enregistré
dans d'autres régions françaises : Bretagne,
Haute-Normandie et Basse-Normandie, Région Centre,
Auvergne, Île-de-France … Graphique
des concentrations en particules fines sur les Pays de la
Loire
Une
situation météorologique particulière
Un phénomène de telle ampleur
ne peut provenir d'une émission locale de pollution.
Il ne peut s'agir que d'un transport à longue distance
de poussières naturelles. Sollicité par Air
Pays de la Loire, Météo-France intervient
alors pour cerner l'origine des masses d'air qui ont touché
la région le 12 février. Il utilise pour cela
l'archivage des données du modèle Arpège
pour " remonter le temps ".
Que des poussières sahariennes parviennent
en France n'est pas exceptionnel. Mais en général
le sable du désert tombe avec la pluie et laisse
sur son passage une couche jaunätre.
Dans l'hémisphère Nord, le printemps est favorable
à de telles situations. Des zones de basses pressions
successives se déplacent vers l'est le long de la
Méditerranée. Les populations côtières
sentent alors le "souffle chaud " du Sahara. De
l'air s'abat en provenance de l'intérieur du désert,
mêlant des millions de tonnes de poussières
à l'atmosphère. On le nomme sirocco
au Maroc, chili en Tunisie, ghibli
en Libye, khamsin en Egypte et plus généralement
le simoun, " l'empoisonneur ", lorsque chaleur
et poussières sont extrêmes.
Lors de la mousson d'hiver en Chine, de telles tempêtes
de sable interrompent la navigation sur la mer Jaune qui
leur doit son nom. Le vent déferle de Mongolie entraînant
une brume couleur de henné qui peut atteindre 3000m
d'altitude.
On distingue trois types de tempêtes de sable : . le mur : il est précédé
par de l'air chaud, lourd et d'un calme inquiétant.
Puis une masse jaunätre assombrit l'horizon. En se
rapprochant, sa taille augmente pour devenir un mur opaque
de plus de 2000m de hauteur. Très spectaculaire,
cette forme ressemble aux vagues déferlantes d'une
mer houleuse. · la colonne : typique des régions
chaudes, elle a l'aspect d'une tornade. Les colonnes de
sable se déplacent en longues files ondulantes. Leur
structure consiste en une spirale d'air descendant à
l'intérieur d'une enveloppe constituée de
plusieurs tourbillons ascendants distincts. On les nomme
des " djinns dansants " dans le Sahara. · la nappe : elle commence par une
brume épaisse. Le vent soulève le sable du
désert et entraîne la formation d'un immense
tapis cuivré au dessus des terres qui ensevelit les
villages. Les nappes sont des phénomènes météorologiques
de grande ampleur et de longue durée. En Iran, la
nappe est appelée le " vent de cent vingt jours
" car il souffle de juin à septembre.