Le thème de la Vierge à l'Enfant dans l'oeuvre de Raphaël publié le 30/12/2012  - mis à jour le 16/02/2022

La reprise d'un thème artistique dans l'histoire

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B- La peinture « Vierge à l’Enfant » ou « Madone du Grand Duc”

La Madone du Grand Duc

La Madone du Grand Duc
Source Wikipédia

1 – Présentation

  • Auteur : Raffaello Sanzio ou Santi, plus connu en France sous le simple nom de RAPHAEL.
  • Lieux et dates de naissance et mort du peintre : (Urbino 1483- Rome 1520)
  • Titre de l’œuvre, Vierge à l’Enfant ou Madonna del Granduca.
  • Date de production : vers. 1505-06
  • Support : Bois.
  • Dimensions : on indique toujours la hauteur du tableau, puis sa largeur : 84,4 x 55,9 cm.
  • Lieu de conservation : Galerie Platine du Palazzo Pitti à Florence (Italie)

La Madone du Grand-Duc tient son nom du fait qu’elle ait appartenu au grand-duc de Toscane, Ferdinand III de Toscane. Par contre, nous ne connaissons pas sa provenance, ce qui va nous poser une question mystère.

2. Description
Marie est représentée debout avec sa traditionnelle robe rouge et son manteau bleu. Elle porte dans ses bras l’Enfant Jésus et semble avancer vers le spectateur pour le lui présenter. Elle émerge de l’ombre dans une monumentalité affirmée mais douce. Marie baisse humblement les paupières. Son visage ovale, jeune et doux est surmonté de l’auréole.
Jésus est un bébé potelé. Son modelé est tout à fait humain : il est joufflu. Ses orteils effectuent la torsion visant à agripper ou tâter dans le vide, typique de tous les nouveau-nés.

Son ventre est enveloppé d’un linge. Il porte l’auréole crucifère, symbole de la Trinité, du Sacrifice et de la vie éternelle.
Entre la Vierge et Jésus on remarque une interaction affective harmonieuse et très forte : Jésus est tendu vers sa mère et elle le protège et le soutient de ses mains, avec grande douceur.
Le regard de l’enfant appelle des réactions en matière de sentiments et de dévotion. En se tournant vers le spectateur, il l’invite à participer à la sublime correspondance affective être la mère et l’enfant.

3-Analyse
Les rapports entre les volumes et la disposition des protagonistes sont bien équilibrés avec une légère rotation de Marie vers la droite à laquelle correspond un geste analogue, dans le sens opposé, de Jésus.
La composition est simple et pyramidale, répondant aux schémas de l’époque.
L’effet vaporeux de l’ensemble démontre l’influence du sfumato de Leonardo da Vinci, que Raphaël eut l’occasion d’apprécier lors de ses premières années de présence à Florence.
Le sfumato : est une expression de la poétique figurative de Léonard de Vinci. Cette technique consiste tant dans le passage graduel, imperceptible car fondu de l’ombre à la lumière, obtenu par des nuances vaporeuses ouatant les contours. On observe une perte graduelle de la précision des contours, qui ne sont plus nets et continus, mais délimités par une multitude de petits traits.
L’extrême douceur de la scène compose un rare équilibre entre le sens de la manifestation divine et la forte humanisation du sujet.

4. Interprétation. Les intrigues de l’histoire de l’art.
Cette œuvre a pourtant fait couler beaucoup d’encre, car un dessin préparatoire et une copie du 16 ème siècle du tableau, montrent que la Vierge n’est pas nimbée de noir, mais qu’elle se trouve sous un portique, où court un ban de pierre, et que derrière elle et l’enfant s’étend un paysage.
Les radiographies effectuées sur l’œuvre, qui analysent la composition chimique du pigment, ont montré que le fond noir a été peint successivement.
Comment devait se présenter l’œuvre à l’origine ?
Le maquillage se situe entre la fin du XVIe et l’achat du tableau par Ferdinand III de Toscane au cours du dernier tiers du XVIIIe siècle. Nous savons que Raphael place toujours ses figures dans l’espace. Le fait d’enfermer de noir l’imagine de la Madone à l’Enfant enlève à la figure la notion d’espace et ne correspond pas à la manière adoptée par Raphael au contact de Léonard de Vinci (entre 1505 et 1506).
Pour Léonard, et donc Raphael, inscrire les formes dans l’espace signifiait continuité de la création et fine adhésion à la philosophie de la Lumière (néoplatonicienne).
Il est donc impensable que Raphael ait peint la « Madonna del Granduca » sur fond noir.

5. L’intrigue
Qu’est ce qui a pu induire à couvrir un précieux document de Raphael, qui comme le prouvent les radiographies existe toujours ? Un dégât marginal ? La table est elle intégrale ou coupée dans le bas ?

  • 1. Dessin préparatoire du Cabinet des Dessins et Gravures du Musée des Offices, Florence Data : 1500-1520.Dimensions : 20 X 17 cm
  • 2. Radiographie de la Madone du grand Duc
    La radio met en évidence la peinture couverte par un fond noir peint autour de la Madone à l’Enfant (1) avec à l’arrière, une balustrade (2) et un paysage (3) ; une structure munie de corniche ferme la vue en arrière de la Vierge (4) et une autre structure s’entrevoit sur la gauche (5)
    Voir article “Madonna del granduca” par Umberto Baldini dans “ Critica d’Arte” (1984)

Piste en science/technologie/chimie
Expliquer les principes de la radiographie
Voir La radiographie

Piste en Arts Plastiques.
On pourra interroger les élèves sur la nécessité de nettoyer le tableau ? Est-ce possible ?
Voir Centre de recherche et de restauration des musées de France

Piste en Lettres.
Production écrite : Quelles grandes intrigues de l’Histoire de l’Art ou de l’Archéologie vous passionnent-elles ? Motivez votre récit.

Piste en informatique.
Construire une galerie des Vierges à l’Enfant que vous préférez.
Voir les œuvres de Raphaël conservées en France.

Au Louvre :

  • La Sainte Famille (1505-1506), Musée du Louvre, Paris.
  • La Vierge, le Christ et saint Jean-Baptiste dit La Belle Jardinière (1507-1508), 122 x 80 cm, Musée du Louvre, Paris.
  • Baldassare Castiglione (vers 1514-1515), musée du Louvre, Paris.

À Chantilly  :

  • Les Trois Grâces (1504-1505), 17 x 17 cm, Musée Condé,
  • La Madone dite de la Maison d’Orléans (1506), 29 x 21 cm, Musée Condé Chantilly.
    La_Madone_d_Orleans
  • La Madone de Lorette (vers 1509), 120 x 90 cm, Musée Condé, Chantilly.

À Strasbourg

  • Portrait de jeune femme (vers 1520), 60 x 44 cm, Musée des Beaux-Arts de Strasbourg.