Le Corbusier, architecte du bonheur publié le 10/12/2012  - mis à jour le 29/06/2015

L'architecture et la reconstruction après la Seconde Guerre mondiale

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II- Le Corbusier : un esprit rationnel sentimental

Le Corbusier est connu pour être l’inventeur de l’unité d’habitation, sujet sur lequel il a commencé à travailler dans les années 1920[2], comme une réflexion théorique sur le logement collectif. « L’unité d’habitation de grandeur conforme » (nom donné par Le Corbusier lui-même) sera seulement construite après la Seconde Guerre mondiale, sur commande du ministre de la Reconstruction dans cinq sites très différents : Marseille, Briey-en-Forêt, Rezé près de Nantes, Firminy et Berlin. Elle prendra valeur de solution aux problèmes de logements de l’après-guerre.
Ce langage architectural sera repris au Brésil, au Japon et en Angleterre, là où la gestion du logement et de l’espace collectif pose problème.

1. L’unité d’habitation

Le Corbusier imagine un bâtiment pouvant loger un très grand nombre d’habitants, comme un lieu de vie qui n’ait pas perdu son caractère social et ait les caractéristiques d’un village, placé à la verticale par manque d’espace. Cet espace partagé doit comporter tous les équipements collectifs nécessaires à la vie — rues, commerces, école maternelle, ascenseurs vus comme des transports en commun, chambres d’amis, laverie, piscine, gymnase, piste de promenade ou de course, bibliothèque, atelier de peinture, espace propice à la vie sociale, des rampes permettant l’accès en douceur d’un module à l’autre, des appartements inondés de lumière, des rues plus feutrées.

a. Le Corbusier : Un architecte solaire : Les Cités Radieuses.

Cité radieuse

Vue extérieure de la cité Radieuse :
pilotis « brutalistes », loggias, pare-soleil.

De 1945 à 1952, Le Corbusier construit la Cité radieuse de Marseille. Il s’agit de sa première unité d’habitation.
Édifiée au N° 280 du boulevard Michelet de Marseille, près du Stade Vélodrome, l’ensemble a la forme d’un parallélépipède de 132 mètres de large sur 56 de profondeur, le tout hissé sur de robustes pilotis évasés. Il abrite 360 appartements en duplex, distribués par des rues intérieures. Essentiellement composée de logements, elle comprend également au 3ème étage de ses dix sept niveaux, au niveau de sa rue centrale, des bureaux et divers services commerciaux (épicerie, boulangerie, café, chambres d’hôtes au départ, transformées en hôtel par la suite, / restaurant, librairie spécialisée, une école maternelle).
Le toit-terrasse de l’unité, libre d’accès au public, est occupé par des équipements publics : un gymnase, une piste circulaire, une petite piscine et un auditorium en plein air.

Des idées géniales hautes en couleur : traduites en termes actuels :
la baie vitrée, la loggia, la mezzanine, la porte coulissante, la cloison bibliothèque, la piste circulaire sur le toit, les pans inclinés, l’atelier de peinture sont autant de solutions toujours valables, Le Corbusier a eu plusieurs décennies d’avance sur son temps.

« Il faut au moins vingt années pour qu’une idée soit connue, trente pour qu’elle soit appréciée et cinquante pour qu’elle soit appliquée, lorsqu’elle devrait alors évoluer. » LC *
  • Piste pour les Lettres : production écrite.
    Commentez cette citation de Le Corbusier*. Prenez pour exemple des idées qui paraissaient loufoques autrefois et qui aujourd’hui sont considérées comme géniales.

b. La Maison du Fada
L’ouvrage réalisé par l’atelier des bâtisseurs (mêlant architectes et ingénieurs) n’est pas compris à l’époque.
Ce projet constitue une innovation importante dans la conception architecturale des résidences d’habitation. Il sera très critiqué. Ayant dépensé et dépassé un budget énorme, l’État donnera les appartements de la Cité Radieuse aux sinistrés de la guerre, mais aussi aux cadres de l’administration publique affectés à Marseille.
L’innovation que représentait cette construction lui a valu le surnom péjoratif de maison du fada. Aujourd’hui classée monument historique par arrêté du 12 octobre 1995, la Cité Radieuse, immeuble expérimental dès son origine, est de plus en plus visitée par des touristes et ses logements exercent un nouvel attrait auprès d’une population de cadres et de professions intellectuelles.

La maison du Fada

La piscine pour enfants, sur le toit,
dans la zone été - Source Wikipédia

Le thème des rampes d’accès n’est-il toujours pas à l’ordre du jour pour les personnes à mobilité réduite ? mais aussi pour les poussettes, les vélos, les rollers… ? et la piste à running sur le toit ? N’a-t-on pas besoin d’un espace social dans les quartiers : l’association des habitants du Corbusier organise des soirées, des fêtes, des expositions…

Participez à la visite d’un appartement témoin et écoutez les commentaires des habitants du « Corbu » :
Le Corbusier : visite d’une unité d’habitation

Voir en pièce jointe les différentes vues de l’habitation intérieure.

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Document joint

La cité radieuse : des photos de l’intérieur d’une unité d’habitation