« Les Grecs : de sacrés profanes » 1/3 publié le 24/02/2011

La civilisation grecque

Le projet pédagogique

Une thématique incontournable pour aborder les grecs et la civilisation grecque. Le politique et les cultes y sont imbriqués. Le sacré et le profane sont étroitement mêlés.
Une thématique au cœur du programme d’histoire-géographie de Sixième mais également d’autres disciplines, en premier lieu les lettres, qui offre l’opportunité d’un décloisonnement et finalement d’un travail pluridisciplinaire qui peut répondre aux préconisations de l’enseignement de l’Histoire des Arts.

Présentation du projet pédagogique disponible sur le site sous la forme de trois articles.
  • Disciplines conviées

 Arts Plastiques,
 Lettres,
 Histoire-Géographie,
 SVT,
 Mathématiques,
 Éducation Physique,
 Éducation Musicale,
 Informatique,
 Langues

  • Thématiques possibles
    « Arts, mythes et religions »
    « Arts, créations, cultures »
  • La démarche pédagogique

Une entrée historique et littéraire.
On utilisera des documents authentiques tels : les cartes géographiques, des textes d’auteurs antiques : historiques, mythologiques, poétiques, témoignages de voyageurs, la céramique antique (matériels archéologiques). Ouverture possible sur les techniques de production, ses fonctions. On exposera les questions de datation et de chronologie
On fera l’arbre généalogique des dieux de l’Olympe par l’informatique.

Une dimension "archéologique" (reconnaissance des récipient et acquisition d’un lexique basique de l’architectures) et une pratique artistique (on décorera notre vase). On fera l’étude d’un théâtre antique, des genres théâtraux.Construction d’un masque comique. On écoutera la musique antique de Seikilos.

Élargissement du projet : découverte des aspects de vie quotidienne ( le banquet, la vie de la femme), du site de Delphes (en compagnie de Michel Bouquet), étude du temple grec classique. Axe scientifique : compréhension en mathématiques du nombre d’or, réalisation d’une spirale d’or pour un chapiteau ionique.
On pénétrera l’univers vertueux du sport par le biais des illustrations.
Une ouverture "sportive" en liaison avec l’EPS et les langues vivantes : on pratiquera ces sports, on les représentera. Comentaires possibles en langues étrangères. On lira des odes aux athlètes vainqueurs

  • Les objectifs disciplinaires proposés :

Notions

 Connaître le territoire des Grecs
 Connaître les sources de leur Histoire
 Comprendre le rôle fédérateur de la langue et de la religion
 Comprendre le rôle essentiel de l’archéologie : méthodologie, datation, chronologie

 Approcher la littérature grecque, la mythologie, la poésie
 Connaître le panthéon grec, identifier les divinités par le biais des arts
 Comprendre le lien essentiel entre religion, concours littéraires, théâtraux, musicaux et jeux sportifs

 Découvrir les sanctuaires panhélleniques : le sanctuaire de Delphes et le culte d’Apollon, les monuments du sanctuaire
 Architecture : lexique et notions essentiels
 L’oracle d’Apollon. La pythie
 Les processions. Les sacrifices et les offrandes
 Les jeux sacrés. Les disciplines. Les récompenses
 Les concours (théâtre, musique, poésie)
La citoyenneté grecque, le statut de la femme à Athènes au V. av- J.-C.
Comprendre l’idéal de beauté, d’équilibre et de perfection des Grecs.

Savoir-faire :

On insistera sur la précision du lexique : nommer précisément les objets, rechercher l’étymologie des mots, définir tous les mots nouveaux.
Savoir décrire une image.
Organiser son travail, son classeur.
Produire des textes, effectuer des recherches.
Exposer les travaux de la classe dans le collège.
Publier de bonnes productions dans le journal ou sur le site Web du collège.

Dessiner des vases, des frises, graver des figures, mimer et photographier les athlètes, construire des masques de comédie, écrire une ode à un sportif que l’on admire….

Résoudre un problème mathématique de l’architecture.

Savourer la passion de la recherche, l’amour de l’objet, la forme, la matière

 


Introduction : Le territoire des grecs

L’unité du morcellement
La Grèce présente un territoire en grande partie montagneux, morcelé, baigné par une mer saupoudrée de plus de 3000 îles.
Les cités-états (les poleis) sont indépendantes politiquement les unes des autres. Elles sont souvent en guerre entre elles.
Cependant, cette terre a une forte culture, étayée par deux éléments fédérateurs : la langue et la religion. Le sentiment d’appartenance à cette culture est ce que l’on nomme la Grécité.

Activité Géographie : Mettre en évidence la conformation de la Grèce, nommer les îles majeures et indiquer les pays limitrophes à l’aide d’une carte satellite de la Grèce (source envisagée : Google Earth)

Deux sources essentielles sont au service de l’histoire : la littérature (mythologie, dramaturgie, poésie…) et l’archéologie (céramique, sculpture, architecture…).

I. La littérature

1. La mythologie grecque : des poètes et des Dieux

La mythologie grecque est un monde de légendes, de récits, de mythes. Elle réunit les croyances diverses d’un peuple ancien qui vivait, jadis déjà, au travers de ses héros, de ses monstres, de ses dieux, de ses cultes religieux, de ses régions géographiques, de ses coutumes locales. Les dieux jouaient un rôle fondamental dans le quotidien du peuple grec.
Les mythes, tels que nous les connaissons, sont la création de grands poètes.
La mythologie grecque commence avec Homère (vers 1000 av. J.-C) :
« l’Iliade » renferme la plus ancienne littérature grecque ; elle évoque la Guerre de Troie. Elle est écrite dans une langue riche, subtile et magnifique, aboutissement manifeste d’une recherche séculaire, preuve irréfutable de civilisation.
Elle est suivie de l’ « Odyssée », le retour d’Ulysse : dix années de péripéties exaltantes.
Hésiode, deuxième grand écrivain est situé entre le IXe et le VIIIe s. av. J.-C. Ce paysan pauvre nous parle de la rudesse de son travail dans « Les Travaux et les Jours », mais sa « Théogonie » (du grec theos : dieu et gonos : génération) est un ouvrage capital sur la mythologie, car il relate la création de l’univers et des générations divines.
Il s’interroge sur l’origine de toute chose : le monde, le ciel, les dieux, le genre humain et en cherche l’explication. Il nous apprend que tous, les hommes comme les dieux, sont les enfants de Gaia, la Terre.
Nous avons également reçu en héritage les « Hymnes homériques » : des poèmes écrits à la gloire des dieux divers.
Enfin Pindare, qui commença son œuvre vers la fin du VIe s, est le plus grand poète lyrique. Nous le retrouverons plus loin dans ses Odes aux athlètes vainqueurs.
Dans le monde grec, c’est le poète, et non le prêtre, qui a les liens les plus étroits avec les dieux

2. Le panthéon grec

Chaque cité-état (ou polis) a sa divinité protectrice et lui voue un culte ; cependant, l’ensemble du panthéon est commun à tous les Grecs.
Les Grecs sont donc POLYTHÉISTES
Les Grecs imaginent leurs dieux à leur image, car ils se préoccupent du visible ; cependant les dieux sont immortels. Ils sont le fruit de l’imagination, mais évoluent dans un monde rationnel et défini dans l’espace. Les dieux habitent l’Olympe, où les saisons ne changent jamais. L’Olympe domine l’univers (le Mont Olympe existe véritablement)
Bien qu’immortels, les dieux frôlent parfois la mort et sont vulnérables dans leurs corps. Ils devraient être bienheureux et pourtant, ils sont toujours engagés dans les affaires des humains et peuvent donc se mettre en colère, être jaloux, envieux, pitoyables, cruels.
Ils sont unis par des liens de parenté assez complexes, des mariages endogamiques (gr. endon : dedans et gamos, mariage), et constituent un groupe fermé et distribué selon des générations différentes.
Les dieux étant « humanisés », les hommes sont libérés de leur peur paralysante d’un Inconnu omnipotent. Le séjour céleste leur est donc familier. Ils s’y sentent chez eux, savent exactement ce que font les habitants divins, ce qu’ils mangent, ce qu’ils boivent, où ils banquettent et comment ils se distraient.
Ils les craignent aussi, car ils sont puissants et dangereux dans leurs colères : Toutefois, en prenant certaines précautions, un homme peut vivre en bonne intelligence avec eux. Il peut même rire à leurs dépens.
Ce monde n’est donc pas un monde de terreur.

Activité Lettres :
a. Définir les mots et expressions en gras de la sous-partie « le panthéon grec »
b. Noter les idées contradictoires. Ex : Les Grecs imaginent leurs dieux à leur image, cependant les dieux sont immortels.
c. Chercher des synonymes aux adjectifs qualifiant les dieux.
d. Situer le Mont Olympe


II. L’archéologie

C’est la recherche de traces de civilisations, par des fouilles dans le sol, ou au fond de la mer…à la quête d’objets.

1. La Céramique

À Athènes, la fabrication des vases est concentrée dans le quartier du Keramikos (argile), d’où le nom de céramique donné au produit de cet artisanat.

1.1- La céramique est un document de civilisation fondamental, qui nous renseigne sur la vie publique et privée des anciens Grecs, leurs croyances... On y découvre la conscience poétique du peuple grec.
L’imagerie familière est faite de scènes athlétiques, d’images de festins profanes ou de luttes guerrières, la vie des femmes au gynécée, les enfants.
Les céramiques nous informent aussi sur les relations commerciales et d’échanges entre pays. (ex. Les petits vases à parfums de Corinthe sont présents dans tout le monde antique.)
Les vases grecs ont été recueillis soit dans les ruines de maisons particulières, soit dans celles de sanctuaires, soit dans les nécropoles, soit dans les fonds marins.

1.2 - Une spécialité de l’archéologie : l’amphorologie
À partir d’un tesson d’amphore, qui est quasiment indestructible, même si le récipient a été brisé, un archéologue peut dater, à quelques décennies près, souvent, mais parfois bien plus précisément, la couche stratigraphique où le tesson a été retrouvé, donc le site ou encore l’épave du navire qui les contenait.
La reconstitution de l’histoire de l’évolution des formes d’amphores a débouché sur des classements typologiques qui correspondent aussi à une chronologie. À la forme des amphores, il faut ajouter d’autres éléments de typologie : des sceaux, appelés timbres amphoriques, gravés dans l’argile ou des gravures ou encore des marques peintes.
Reporter les trouvailles du même type d’amphore sur une carte peut alors permettre de retracer - si les trouvailles sont assez nombreuses - des flux commerciaux.
Le métier de l’archéologue est très complexe et requiert un travail d’équipe entre spécialistes.
De nombreuses connaissances techniques sont requises pour identifier ces objets et les dater. Il faut soumettre les tessons à des analyses chimiques (comme celle au carbone 14 ou la spectrométrie de masse) pour en connaître la date et le lieu de fabrication. De même, il est utile d’analyser les couches géologiques pour déterminer l’époque, mais voir s’il n’y a pas eu de tremblement de terre ou d’éruption volcanique à l’extinction de la civilisation. Il faut aussi des photographes, des historiens d’art, des dessinateurs, des géographes...
Ça gratouille ou ça farfouille ? Le stage archéologique peut constituer des vacances très enrichissantes. Il faut avoir de la patience et être consciencieux ; il faut par exemple noter toute la procédure dans un carnet, pas à pas.
Les symptômes de la passion pour l’archéologie : lorsqu’elle vous tient, vous lisez l’Iliade ou l’Odyssée, et vous voyez soudain apparaître des scènes vues sur des vases (ou bien le contraire : vous voyez des vases et vous reliez les épisodes peints au récit) Ex : Ajax et Achille jouant aux dés (4) ; Achille pansant son cousin Patrocle (5) ; Ulysse attaché au mât de son bateau, car il veut écouter le chant des sirènes sans y succomber (6)…. Et vous vous surprendrez à sourire de satisfaction, car vous vous sentirez complice de cette culture grecque antique.

1.3- L’amphore : pas si cruche que ça !
L’amphore est, dans l’Antiquité, le récipient le plus utilisé pour le transport de produits de base : le vin, l’huile d’olive, la bière et les sauces de poissons (de type garum).
D’usage extrêmement courant, on la trouve parfois réutilisée, soit broyée afin d’entrer dans la composition du mortier romain, soit telle quelle, comme canalisation ou pour ménager un vide sanitaire. Parfois, elle sert de cercueil pour une sépulture d’enfant. Enfin, on la jette souvent dès que son contenu est consommé : c’est ainsi que le mont Testaccio s’est formé de l’accumulation de débris d’amphores à Rome. Sauf réemploi dans une maçonnerie ou exception, une amphore n’était pas réutilisée à une période différente de celle de sa fabrication et de sa consommation.

Activité SVT. Expliquer simplement le principe de la datation au carbone 14. Une technique de datation exacte utilise le carbone 14, mais il faut pour cela que l’objet soit composé d’éléments organiques.

  • Les amphores (Word de 607 ko)

    Les Grecs : de sacrés profanes


    2. La fabrication des vases

    Tous les grands musées possèdent de riches collections de céramiques (Voir Collection Campana au Louvre). Elles racontent au fil de leurs tableaux, de leurs frises, ou sur l’ensemble de leur panse, des scènes de la vie quotidienne, religieuse, mythologique.
    Toute argile n’est pas bonne à la fabrication d’un vase.
    La terre du cap Kolias au sud-est d’Athènes est certainement la meilleure.
    L’amphore est fabriquée à partir d’argile épurée et malaxée. Elle est
    ensuite portée sur le tour à la main. Le potier façonne d’abord un fût, puis y ajoute col, pied et anses. Une fois mise en forme, elle est mise à sécher au soleil, ou à défaut dans un lieu ventilé. Le poissage est parfois utilisé pour la rendre plus étanche : on verse à l’intérieur de la poix liquide, de manière à former un film imperméable. Après quelques jours, elle est assez dure pour le dessin, la peinture, l’incision, mais il fallait la polir auparavant, et la faire cuire plusieurs heures et plusieurs fois, selon les techniques.

2.1- Les techniques de la figure noire et de la figure rouge
La technique de la figure noire (la plus ancienne) est caractérisée par l’emploi de la silhouette peinte, du détail incisé et de la retouche de couleur rouge ou blanche. Les contours sont nets et stylisés.
La figure rouge (qui apparaît vers 540-520 av. J.-C) est l’inverse.
C’est le fond qui est passé au vernis (ou engobe) et qui va noircir à la cuisson, tandis que le dessin va rester du rouge de l’argile. Les scènes sont plus naturelles.
La décoration est en harmonie avec la forme du vase.

Activité Arts Plastiques.
1. Simuler la technique à figure rouge avec de la cire. Sur une feuille, étaler la cire noire pour le fond et la cire rouge-orangée pour le personnage, puis pratiquer la gravure avec une pointe pour reproduire votre sujet. (ex. l’amphore). Enfin, ajuster la bonne couleur aux abords des contours.
2. Reproduire le motif de la grecque à méandres de ce vase de style géométrique.
Inventer d’autres motifs.
3. Reproduire la frise de cette outre corinthienne aux motifs animaliers.

2.2- L’utilisation des vases
Le vase d’argile remplissait souvent la fonction de nos objets en verre ou en métal. Certains sont réservés aux usages quotidiens, d’autres plus soignés, ornés en principe d’un décor peint ou modelé font figure de pièces apparat et ne sont employés qu’à l’occasion de fêtes. D’autres sont des vases à parfums. D’autres transportent l’huile, des denrées précieuses et recherchées.
De grandes jarres sont employées comme sépultures. (Dipylon)
Le lécythe à fond blanc a une fonction d’offrande funéraire.
L’amphore panathénaïque est le prix remporté pour une épreuve aux jeux organisés à Athènes en l’honneur d’Athéna (les Panathénées). Sur une face, on voit la discipline primée et sur l’autre la déesse Athéna.
« Qu’importe le flacon….pourvu qu’on ait l’ivresse »
Les Grecs avaient un dieu du Vin et de l’ivresse : Dionysos, fils de Zeus et d’une princesse thébaine : Sémélé.

Lettres. Faire une recherche sur les origines de Dionysos.

Eléments de vie quotidienne
Les Grecs jouaient au cottabe pendant les banquets : un jeu d’adresse consistant à faire tourner leur kylix (coupe à vin. Voir plus bas) autour de l’index et projeter un résidu de vin (qui était très épais) dans un bassin situé au centre des lits.
L’hétaïre était littéralement « une dame de compagnie », instruite en général, capable de jouer d’un instrument, de chanter, de danser, d’entretenir les convives par sa conversation. Les femmes grecques n’étaient pas admises aux banquets. Les hommes recherchaient donc la compagnie d’hétaïres. Il existait aux alentour de l’agora, de véritables « agences », qui vendaient ce service.

2.3- Les récipients

Activité Arts Plastiques.
Doc. 3 .Voir les vases et leur fonction sur Wikipedia
Ancient_pottery.pjg.
Activité Arts Plastiques.
Doc. 1 : Décrivez très précisément la scène. (personnages, mobilier, détails…). Est-ce que la technique employée est celle de la figure noire ou de la figure rouge ?
Doc.2 : Quels sont les éléments qui permettent de reconnaître Dionysos ? Comment le peintre suggère t-il la mer ? Quel est ce drôle de gréement ?
Doc. 3. Chaque apprenant présentera, après l’avoir dessiné, un récipient de son choix, puis dira son nom et sa fonction….

  • Les vases (Word de 672 ko)

    Les Grecs : de sacrés profanes


    III- Littérature et céramique nous révèlent le portrait des dieux

    Outre la littérature (Hésiode dans sa Théogonie nous indique dès le VIIIè. s av. J.-C. que les hommes, comme les dieux sont nés d’une seule mère : Gaia, la Terre), la céramique représente quelques divinités du panthéon grec.

IV- Le rôle des femmes dans la polis : les vecteurs de la grécité