Baladodiffusion et outils nomades pour développer l’oral en lycée publié le 21/04/2011  - mis à jour le 18/07/2018

La baladodiffusion

Baladodiffusion

Michelle Fy1 utilise des lecteurs MP3 et des documents sonores en espagnol pour multiplier les occasions de faire entendre et parler la langue à ses élèves.
Le matériel est prêté aux jeunes qui n’ont pas leur propre lecteur enregistreur.
Les documents sonores sont téléchargés depuis des sites pédagogiques, ou réalisés à partir de l’enregistrement d’une assistante d’espagnol, ou créés par les élèves eux-mêmes.
La mise à disposition des fichiers est réalisée par l’enseignante par le biais du cahier de texte électronique (accessible par mot de passe), les élèves effectuant le téléchargement en dehors des heures de cours.
Eux-mêmes font écouter leurs enregistrements selon les cas soit en plaçant leur lecteur enregistreur MP3 dans une enveloppe à leur nom, ramassée par l’enseignante en fin de séance, soit en envoyant le fichier réalisé par courrier électronique.

 Un article et une vidéo (9mn40) sur le portail langues complètent ce témoignage.

Compétences numériques parfois mises en œuvre par les élèves à l’occasion de ces activités

  • J ’utilise les documents ou des logiciels dans le respect des droits d’auteurs et de propriété.
  • Je mets mes compétences informatiques à la disposition des autres.
  • Je sais organiser mes espaces d’échange (messagerie, travail de groupe...).
  • Je sais adapter le contenu des informations transmises aux lecteurs potentiels : niveau de langage, forme, contenu, taille, copies.

 


Retour d’expérience au lycée Branly

Extension de l’espace temps et de l’espace classe : nouvelle relation élève / professeur

L’usage nomade de fichiers audio et vidéo, la mise à disposition de fichiers authentiques en dehors de la classe par le biais de baladeurs et d’ENT permet une exploitation maximale de l’espace-temps et un éclatement de l’espace-lieu. L’élève s’imprègne d’une langue authentique à la maison, de façon plus fréquente et l’approche de cette langue est davantage individualisée.

Par ailleurs, l’extension de l’espace-temps et de l’espace-classe et le suivi individualisé supposent une nouvelle relation élève / professeur car le professeur qui adresse un fichier audio ou vidéo à ses élèves pour qu’ils l’étudient en autonomie va devoir garder un contact avec eux car ils peuvent ponctuellement avoir besoin d’aide ou de précisions. Ce contact qui peut se faire par mail permet un suivi personnalisé. Grâce à cette relation individuelle qui s’établit entre le professeur et l’élève, l’élève se sent davantage valorisé, mis en confiance et pris en charge. Au final, il s’investit davantage.

Le choix des documents : la mutualisation s’impose

Cependant, le dispositif a des limites si le professeur ne préserve pas la situation d’échange en classe.
Par ailleurs, la difficulté majeure pour l’enseignant sera certainement le choix des documents authentiques et leur mise à disposition. Tous les documents disponibles sur le web ne sont pas nécessairement adaptés à la classe, à un niveau donné ou à une situation d’apprentissage. Les documents bruts disponibles n’ont pas été conçus pour la classe de langue et ne s’inscrivent pas tels quels dans le cadre d’une séquence de cours.
Le professeur devra opérer des choix dont dépendra la qualité de la production des élèves et leur réussite. Trier, indexer, classer seront des démarches nécessaires, voire indispensables et
les équipes pédagogiques qui acceptent de mutualiser au moins les supports par niveaux et difficultés linguistiques gagnent un temps considérable.

L’équilibre du travail maison / classe

Outre la limite que pourrait représenter le choix des documents par le professeur, il serait peu réaliste de penser que, sous prétexte qu’ils ont entre les mains un outil que par ailleurs ils utilisent pour se divertir au quotidien, les élèves vont consacrer davantage de temps à l’étude des fichiers audio ou vidéo en langue étrangère qu’ils ne le feraient pour un document papier.
Maintenir l’équilibre du travail maison/classe semble être de rigueur tout comme planifier le déroulement des activités.

Une utilisation régulée

Un suivi des élèves pendant les premières utilisations est nécessaire afin qu’ils ne développent pas de stratégies trop coûteuses en temps et peu efficaces lorsqu’ils s’enregistrent par exemple. Les élèves désireux de bien faire ne se montrent jamais satisfaits de leur travail et peuvent être amenés à enregistrer 16 fois le même fichier en ayant le sentiment que le fichier n°16 est meilleur que le précédent, ce qui est rarement le cas.
Cette attitude est compréhensible car il est difficile pour l’élève de « s’entendre parler » une langue étrangère, d’éviter l’écrit oralisé, d’admettre les pauses dans la prise de parole, de veiller à l’accent, l’intonation tout en se concentrant sur le contenu de la prise de parole… Il convient de faire comprendre aux élèves qu’il est souhaitable de ne pas multiplier les « brouillons oraux » dans le cas de la prise de parole.
Dans le cadre de l’expression orale en continu, il convient d’apprendre aux élèves à réguler correctement tant leur écoute que leur enregistrement.

Les difficultés à respecter l’accentuation

J’ai constaté que plus l’élève est réticent à prendre en compte les accents écrits lorsqu’il remet au professeur un travail d’expression écrite, plus il a de difficulté à reproduire l’accentuation ou le rythme de la phrase en prise de parole, et plus il a de difficulté à comprendre un message oral. En effet, il ne parvient pas à découper le flux continu de la parole, ou son découpage est artificiel. S’il comprend le mot, il ne sait pas reconnaître les unités de sens et donc reconstruire, interpréter et comprendre le message dans sa globalité.

Si une plus grande exposition à la langue par le biais des baladeurs permet un meilleur apprentissage de la compréhension de l’oral et de l’expression, l’expression écrite reste le passage obligé pour une prise de conscience, entre autres, des règles d’accentuation.

 


La plus-value pédagogique

La plus-value liée à l’utilisation de baladeurs dictaphones est indéniable, tant pour le savoir-être que pour les savoir-faire de l’élève, qui apprend :

  • à s’exprimer longuement en continu de 7 à 12 minutes dans le cas des entraînements au baccalauréat oraux en TES par exemple ;
  • à se confronter à la difficulté de la diction, de la prononciation, de l’intonation… Le travail phonologique est de meilleure qualité, puisqu’il est mené de façon individuelle, contrairement à une répétition fastidieuse en classe. L’utilisation de la baladodiffusion favorise la prise de conscience de l’importance de la prononciation ;
  • à s’écouter, ce qui est une situation exceptionnelle que seule l’utilisation du dictaphone permet.
  • à écouter : la baladodiffusion améliore l’écoute des documents sonores car les élèves peuvent s’entraîner à la maison, en travaillant à leur rythme, en faisant des retours en arrière, et en écoutant au volume qui leur convient. C’est une véritable personnalisation de l’apprentissage.

L’élève prend conscience :

  • de l’importance de disposer d’outils de langue et de se les approprier
  • de la nécessité de développer des compétences phonologiques, lexicales, culturelles, grammaticales …
  • de l’entraînement à la mémorisation
  • de la nécessaire construction du discours.

La pratique régulière de l’oral permet la prise de conscience de certaines capacités dont l’élève n’avait pas conscience parce qu’il ne s’était jamais entendu « parler une langue vivante ». Un l’élève timide, peu expansif, assis en fond de classe parmi 30 camarades, certes écoute, mais ne participe pas. L’usage du dictaphone permet de débloquer la parole.

Par ailleurs, l’élève prend en charge son propre bilan phonologique. Le statut de l’erreur change car elle est prise en compte par l’élève qui va y remédier en multipliant les brouillons oraux, ou par l’enseignant qui fournira à l’élève un diagnostic et une remédiation personnalisée.

D’autre part, il est valorisant et responsabilisant pour les élèves de se voir confier 24 h / 24 un objet qui fait partie de leur quotidien. Le baladeur dédramatise l’oral et redonne aux élèves la confiance qui leur permettra d’améliorer la fréquence et la qualité de leurs prestations orales pour peu que le professeur privilégie en classe les situations d’échange.

Une évaluation plus ajustée

Grâce aux baladeurs, les enregistrements individuels de prise de parole en continu deviennent possibles, efficaces et porteurs de sens, ils permettent une démarche individuelle et un gain de temps considérable car deux heures (groupe) seront suffisantes pour évaluer 30 élèves en prise de parole en continu et cette évaluation sera personnalisée et justifiable car avec le barème l’élève pourra, s’il le souhaite, se ré-écouter.

 


Le matériel

Une limite à la pratique de la baladodiffusion pourrait être, outre le choix des documents, le choix et le coût du matériel.

Au lycée Branly à Châtellerault (équipé par la Région Poitou-Charentes) le matériel utilisé, qui ne requiert guère de compétence particulière, est le suivant :

  • Un lecteur / dictaphone par élève en veillant à ce que le dictaphone soit de bonne qualité.
    La boite contient le lecteur / dictaphone, les oreillettes, un câble USB.
    Les 2 entrées casques sur les lecteurs permettent un travail à deux (situations de dialogues, notamment).
    Via le port USB on peut déposer des fichiers audio, vidéo, images, textes… sur le lecteur pour un transport et une étude en dehors de la classe.
    Le modèle retenu est le Memup Koon (présentation sur le site de Memup).
    Des oreillettes - bien qu’il soit hygiéniquement préférable que les élèves utilisent leurs propres oreillettes.
  • Un hub 10 ou 15 ports USB permet de synchroniser 10 ou 15 clés. Grâce à un logiciel libre une seule manipulation permet de dupliquer et de collecter des documents.
    Logiciel disponible sur le site de Versailles : ScolaSync (Synchroniser des clés USB et baladeurs).
   

Connaissances et savoir-faire minimum du professeur

Si le professeur souhaite mettre à disposition des élèves des fichiers audio ou vidéo il doit avoir une maîtrise satisfaisante de l’ENT, du réseau d’établissement ou du cahier de textes électronique.

Par ailleurs, il serait certainement souhaitable que le professeur :

  • connaisse des termes tels que : podcasts, streaming, download.
  • maîtrise les formats de fichiers (mp3, wav… pour l’audio ; AVI, FLV… pour la vidéo)
  • reconnaisse les fichiers libres de droits sur un site web (licence creative commons…)
  • maîtrise l’utilisation du logiciel libre Audacity

 


Diaporama de synthèse

Baladodiffusion et langues vivantes (Flash de 272 ko)

Un diaporama de Michelle Fy

Pour en savoir plus :

(1) Michelle Fy est professeur agrégé d’espagnol et animateur TICE lycée Branly à Châtellerault. Elle est interlocutrice académique des nouvelles technologies en langues vivantes.