Présentation du Centre Dramatique National de Poitiers Nouvelle Aquitaine : Le Méta Up publié le 19/06/2025 - mis à jour le 26/06/2025
Présentation de la structure

Le Méta, le CDN de Poitiers Nouvelle-Aquitaine, s’est implanté sur le campus de l’Université de Poitiers (et est donc devenu le Méta Up, comme Université de Poitiers) et a ouvert ses portes en janvier. Des locaux à qui le Méta offre une seconde vie ; ils étaient en effet implantés ailleurs, comme « la Baraka », immense chalet de bois démonté à Lausanne et reconstruit face à la Maison des Étudiants, qui accueille aujourd’hui les bureaux, et dans son prolongement une très grande salle de répétition et de représentation qui a la forme d’un chapiteau en dur : la salle de création, qui peut contenir presque 200 spectateurs… Ces lieux sont pensés pour stocker du matériel, accueillir, concevoir, créer, proposer des spectacles, des conférences et ateliers… et sont ouverts aux enseignants, professeurs et élèves qui souhaitent visiter, s’impliquer dans un projet. Ces derniers peuvent prendre la forme d’un comité de lecture initié par le CDN, de rencontres avec des artistes, acteurs, metteurs en scène, des techniciens, et il est possible de construire, grâce à cette nouvelle implantation et aux liens tissés avec l’Université, des projets artistiques en collaboration avec le monde de l’enseignement supérieur et de la recherche. Le Méta propose en outre une bibliothèque théâtrale qui s’étoffe au fil du temps…
Les publics concernés sont nos élèves de la 6° jusqu’en BTS.
Pour toute information complémentaire, prendre contact avec la professeure relais : julie.vinot@ac-poitiers.fr
Deux exemples de projets élaborés avec le Méta cette année
- Le comité de lecture d’écritures théâtrales contemporaines

Le Lycée Pilote Innovant International de Jaunay-Marigny s’est emparé de la proposition du Méta de monter son propre comité de lecture d’écritures théâtrales. Les élèves de terminales de la spécialité Humanités Littérature Philosophie ont donc pu s’investir dans ce projet qui a eu pour finalité une restitution de textes lus devant public.
Il s’agissait de préparer une lecture publique d’extraits de textes lus à partir d’une présélection de six pièces de théâtre contemporain, éditées chez Espace 34, les Éditions Théâtrales ou les Solitaires intempestifs. Cette présélection a été établie sur propositions de Thibault Fayner, enseignant en études théâtrales à l’Université de Poitiers et associé au Méta. En échangeant autour des pièces, les élèves aiguisent leur sensibilité aux textes de théâtre, et sont amenés à se positionner, pour affirmer l’envie de porter à la scène tel ou tel extrait, destiné à être lu en public au sein du lycée.

Sur un temps de rencontre assez bref (13 heures d’intervention), l’enjeu est donc d’initier les lycéennes à l’exercice spécifique de la lecture à voix haute, et à des questionnements propres au théâtre contemporain, notamment dans sa manière de rendre compte du réel, en le documentant ou au contraire en s’en éloignant par la fiction.
La restitution de devant des pairs et des adultes de la communauté éducative a été un temps fort très apprécié des élèves. Cela a permis en outre de faire la promotion de la spécialité HLP.
C’est Eliakim Sénégas-Lajus, metteur en scène, comédien et directeur artistique de la compagnie Le Théâtre au Corps qui a accompagné ce projet en tant qu’artiste associé du Méta.
Voici ce qu’il en dit :

« Ce projet a un format différent des temps de rencontre souvent conçus par le Théâtre au Corps, généralement plus amples, et centrés autour des interrogations portées par nos créations, ou des croisements entre parole et mouvement propres au travail de recherche défendu par la compagnie. Il permet, sur un temps resserré, d’offrir aux adolescentes impliquées une ouverture à un rapport différent à la lecture, centré sur le partage d’une parole vivante. Cette relation à la parole a de plus vocation à nourrir leur aisance à l’oral, et une approche plus sensible dans le partage de pensées. »
Enfin, l’idée d’un comité de lecture a valeur à essaimer dans vos établissements respectifs, avec une présélection adaptée, que cela soit en collège ou en lycée, ou sur la base de vos envies et propositions. Un comité de lecture peut prendre la forme de votre choix, avec le nombre d’œuvres que vous souhaitez, en étant accompagné dans le fond comme dans la forme par le CDN et la professeure relais.
- Icônes

Le Méta a programmé Icônes à la Maison des 3 Quartiers à Poitiers au mois d’avril, pièce qui est le fruit d’un long processus de création impliquant notamment des élèves.
Icônes, de Mathilde Panis & Emmanuelle Destremau _ Une production Le Méta CDN
L’histoire
ELLE a 10 ans, et un soir de semaine, elle découvre Marlon Brando sur un petit écran de TV, dans un film en noir et blanc, L’Homme à la peau de serpent de Sydney Lumet. Cette rencontre est un bouleversement.
Cet évènement va être le début de notre enquête pour tenter de comprendre notre lien aux icônes de la culture populaire ; notre besoin de vibrer, d’être galvanisé·e, d’être activé·e, d’être embrasé·e. D’où vient cette énergie vitale qui semble nous mettre en mouvement ? On plonge alors dans la relation de notre héroïne à son idole, dans une aventure humaine, une quête au cours de laquelle vont se mêler les mémoires intimes et collectives.
Le travail de Mathilde Panis et d’Emmanuelle Destremau a été le fruit d’un long processus, impliquant des témoignages, des interview, des lectures documentaires... Le texte est donc pensé par strates successives, tel un palimpseste, autour d’un fil narratif qui est celui d’un récit à la première personne. Musique live, enregistrements, archives sonores : le son est l’un des personnages de la pièce qui assume sa forme composite, hybride.
Lors du processus d’écriture, alors en résidence, les autrices se sont rendues au lycée d’Aliénor d’Aquitaine à Poitiers pour collecter les témoignages d’élèves qui apparaissent anonymement dans le spectacle. Ce travail s’est poursuivi par un projet monté cette année avec le lycée du Bois d’Amour, où plusieurs classes de Seconde ont questionné, par l’écriture et par la voix, cette problématique fondamentale de la pièce : quelles sont nos icônes, aujourd’hui ?
Cette kyrielle de témoignages vient s’insérer dans le matériaux sonore de la pièce pour les représentation d’Avril, lui conférant, et c’est la volonté des créatrices, une forme à la fois muséale et vivante. La pièce est en effet pensée pour évoluer dans les propositions sonores de témoignages.
Le théâtre et le processus de création, impliquant des élèves, permettent donc de les familiariser avec différents formats artistiques, mais aussi questionne ce qui forge leur culture, et en filigrane c’est bien la question du lien social qui est déployée ici.
Exemples de « carnets d’icônes » réalisés par des élèves de Seconde du Bois d’Amour. En parallèle du travail sonore et de la collecte d’interviews, les élèves sont en outre passés par l’écrit :
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Propos de Mathilde Panis
Au tout début de la recherche, et que je propose le sujet aux élèves, c’est immédiatement que ça nous connecte : c’est un sujet qui parle à tout le monde parce que on a tous et toutes vécu des moments intimes de vibration, qu’elle soit petite ou grande. Souvent le mot icône impressionne… Mais cela peut être une idole, ça peut être quelqu’un qu’on a aimé. Les élèves peuvent me parler de quelque chose de beaucoup plus petit, d’une sensation beaucoup plus petite. Le panel de cette vibration est très grand… et je trouve que cela nous connecte immédiatement à des gens qui ne sont pas nécessairement de nos générations, qui viennent d’endroits très différents, qui ont des vies extrêmement différentes.
J’explique aussi aux élèves qu’il est très important qu’ils sachent qu’ils peuvent l’inventer. Ils sont libres de me raconter l’histoire de quelqu’un d’autre ou me raconter ou inventer leur histoire. Ce n’est pas grave si cela n’est pas vrai. À chaque fois que c’est vrai ce sont des choses très intimes.
Il y a des endroits vers lesquels les élèves ont beaucoup de mal à aller . Parler de leur corps, de leurs sensations, des émotions... Et donc c’est assez intéressant de chercher, de creuser un peu là dedans, parce que parfois ils y vont très très vite et parfois il y a un vrai frein. Mais quand on passe par des choses plus concrètes : où tu étais [quand tu as rencontré celui ou celle qui allait devenir ton « icône »], avec qui, il y a des choses qui sortent très naturellement parce qu’ils parlent de détails, de choses qui leur sont arrivées. Donc finalement, cela dépasse leur pudeur ou leurs propres barrières sociales. C’est assez chouette parce que finalement, entre eux même, c’est arrivé plein de fois qu’ils se disent qu’ils sont « hyper » touchés par d’autres de leurs camarades alors qu’ils passent beaucoup de temps ensemble et croyaient se connaître. Il y en a plusieurs qui venaient me dire « ouah, on savait pas ça de nous, ça nous fait nous voir différemment ». Il y a des choses qui les percutent.