Lycée professionnel Pierre Doriole : résidence d’artiste avec l’artiste Drash La Krass publié le 19/06/2025
Retour sur la résidence d’artiste ou comment l’artiste Drash La Krass et 3 classes de terminales bac pro changent la vision de la mode au lycée professionnel Pierre Doriole.

Tout commence avec une idée de Delphine Fournier professeure d’arts appliqués : l’envie de travailler sur la thématique de la fast fashion. Sandra Mairesse, référente jeunesse pour la région Nouvelle Aquitaine, lui parle du dispositif de résidence d’artiste proposé par la direction jeunesse et citoyenneté et c’est parti pour l’aventure !
Une aventure qui après la demande de subvention effectuée en juillet, démarre en septembre avec 3 classes du lycée : les terminales bac pro commerce, animation et logistique que nous réunissons pour leur exposer le projet. Des élèves qui ne se connaissent pas, qui n’ont pas les mêmes compétences, ni le même emploi du temps mais qu’importe, bien au contraire. Le défi n’en est que plus grand et puis l’objectif de cette action est de sensibiliser l’ensemble du lycée à la fast fashion et ses conséquences sociales et environnementales.
Mais comment faire ? Quel plan d’action ? Avec qui ? Comment ?
Pour nous aider dans cette expérimentation, nous partons à la recherche d’une ou d’un artiste et surtout une troisième professeure Florence Roelants rejoint notre équipe pour former notre trio de choc. Naturellement nous pensons à Drash La Krass, rochelaise d’origine, graffeuse à l’univers punk paillette mais surtout brodeuse pour de grandes maisons de haute couture.

Elle sera présente dans notre établissement toute une semaine pour préparer notre série de défilés prévue le vendredi 18 avril, quoi de mieux pour fêter le début des vacances scolaires ! Elle animera tout d’abord des ateliers Up cycling avec les élèves qui vont défiler et leurs binômes créateurs, puis des ateliers graphiques avec d’autres sur des affiches publicitaires que nous avons récupérées. Enfin elle donnera son œil expert lors du filage la veille du grand jour.
Mais avant tout cela, un travail de préparation est nécessaire. D’abord définir ensemble ce qu’est la fast fashion et ses conséquences. Pour avoir un langage commun, les élèves se lancent dans des recherches avec chacun une thématique définie au préalable qui servira de base à la conception de notre exposition. Définir aussi une charte graphique sur l’exemple du magazine Vogue, et comme pour joindre l’utile à l’agréable, ce travail sera validé pour une épreuve de CCF (contrôle en cours de formation) en Arts appliqués.
Les panneaux réalisés, les textes relus et corrigés, les photos illustratives ajoutées partent à l’impression chez une société de design graphique. 1er étape accomplie !
Cette exposition est installée dans les couloirs du lycée afin de sensibiliser le plus grand nombre avant le jour J.
En parallèle, une collecte de vêtements est organisée dans l’établissement, des boites de récupération sont installées un peu partout jusqu’en décembre pour avoir de la matière à transformer.
Redonner une nouvelle vie à ces vêtements et montrer de quelle façon nous pouvons les transformer, les réinventer pour donner vie à nos « warriors » de la fast fashion, orientation choisie par l’ensemble des élèves pour notre défilé. A partir de là, les binômes de créateurs réfléchissent, via des moodboards, à quels personnages de guerriers ils souhaitent s’identifier… du samouraï au légionnaire en passant par le guerrier maori ou l’amazone, nos chères têtes blondes commencent à prendre mesure du projet et de nos objectifs !

Ensuite vient le choix des vêtements. Pas évident de se projeter pour eux avec des tee shirts, des robes et des pantalons lambda, mais nous sommes là pour les rassurer et les aider pour leurs personnages. Il faut effectuer ce travail au préalable afin que tout soit prêt pour l’arrivée de Drash. Une semaine, ça passe vite, surtout qu’il faut aussi réfléchir ensemble à l’installation de la salle, le déroulé de la journée, les besoins en matériel, les rôles de chacun, la communication de l’événement… Le temps passe vite et les séances de travail s’enchaînent à une vitesse dingue.
Mais l’énergie est là, et la motivation sans faille de tous nous permet d’être enfin au point pour le premier jour de la résidence.
Le premier contact avec notre artiste, qui est loin de passer inaperçue dans les couloirs du lycée, est timide mais rapidement, grâce à son expertise et sa bonne humeur, nous entrons dans la phase de conception. C’est ainsi qu’en 2 jours, du fil, des aiguilles, des coups de ciseaux, du découpage, du collage, les tenues émergent peu à peu de la salle d’arts appliqués. Les élèves sont bluffés, sérieux, attentifs dans une tension quelque peu palpable. La venue du journal Sud-Ouest pour un article ne fait que renforcer leur volonté de bien faire. On court partout ! Tout le monde s’affaire ! Mardi soir c’est fini… vendredi on défile ! Mission 2 établie, un certain soulagement se fait sentir, de la fierté aussi mais la pression monte surtout quand on installe le tapis rouge, que la musique est lancée, les lumières professionnelles livrées et que le premier filage commence …
Alors que les répétitions s’organisent, que la maquilleuse professionnelle La Mouche des Marquises rencontrent les élèves, les ateliers graphiques tournent à plein régime avec les autres participants au projet. Les affiches « retravaillées » constituent une matière incontournable pour parfaire cette résidence d’artiste mais surtout pour donner une nouvelle allure à notre salle polyvalente et sensibiliser davantage l’ensemble de la communauté scolaire à cette dérive de la mode jetable.
Lorsque qu’à 17h20 la sonnerie retentit, tout est en place, nous sommes dans les starting-blocks pour la grande journée de défilés du lendemain : 4 en tout pour ce dernier marathon artistique.
A 7h30, nous sommes sur le pont, nos mannequins se font maquillés tout à tour dans une cadence infernale, l’heure tourne, le premier opus est à 9h30. Les classes arrivent sur des bruits d’usines, s’installent sur les 150 chaises prévues à cet effet, les lumières s’éteignent, le tapis rouge s’illumine, nos deux présentatrices expliquent le projet puis disparaissent quand les notes de musique sont lancées… nos warriors font une entrée fracassante dans leurs tenues !
Et c’est parti …
Que de courage, d’investissement, et d’applaudissements pour la finalité de l’ensemble de ce projet mené tambour battant. Et ceci 4 fois dans la journée !
Un immense Bravo à l’ensemble de l’équipe (élèves, professeurs, artiste, agent technique), nous repartons fourbus mais heureux d’avoir conduit ce projet à terme qui restera dans la mémoire de toutes et tous comme une sacrée aventure humaine …
Il est certain qu’en passant devant certaines enseignes ou au prochain achat compulsif du dernier tee shirt à la mode, nous ne serons plus les mêmes !
Retrouvez l’ensemble du projet ici