
Favoriser la motivation et la réussite de toutes et tous (F.Autin) publié le 17/02/2025
Réflexion sur le fonctionnement scolaire et les pratiques en classe. Synthèse de la conférence du 17/01/25
Éducation prioritaire et motivation scolaire : Enjeux et mécanismes.
L’intervention met en évidence les spécificités de la motivation scolaire en lien avec l’origine sociale des élèves et le rôle que joue l’école dans la perpétuation ou la réduction des inégalités. L’éducation prioritaire, qui concerne en grande partie les élèves issus de milieux populaires, est particulièrement concernée par ces dynamiques.
1. Impact des inégalités sociales sur la motivation.
Les recherches présentées montrent que la motivation des élèves varie selon leur statut socio-économique.
- Les élèves de milieux populaires ont plus souvent des buts de performance évitement, c’est-à-dire qu’ils cherchent avant tout à éviter l’échec et la stigmatisation.
Cette motivation par la peur est renforcée par la pression de l’ascension sociale à travers l’école, qui est souvent perçue comme le seul moyen de mobilité sociale.
- À l’inverse, les élèves issus de milieux favorisés sont plus enclins à développer des buts de performance approche (vouloir être meilleurs que les autres) et des buts de maîtrise (apprendre pour comprendre).
L’un des principaux constats est que l’impact positif des buts de maîtrise sur la réussite scolaire est plus fort chez les élèves de milieux défavorisés. En d’autres termes, lorsque ces élèves développent une motivation tournée vers l’apprentissage, cela peut constituer un levier de réussite puissant.
2. Effets de la sélection scolaire sur les élèves issus de l’éducation prioritaire
L’école fonctionne sur deux logiques :
- Une logique d’apprentissage, qui vise à transmettre des savoirs et à développer les compétences de tous les élèves.
- Une logique de sélection, qui oriente et hiérarchise les parcours en fonction des performances scolaires.
Ce double rôle a des conséquences négatives pour les élèves de milieux populaires :
- Dans les filières sélectives, la motivation à la maîtrise des élèves issus de l’éducation prioritaire diminue au fil du temps. Plus ils progressent dans un environnement compétitif, plus leur motivation intrinsèque à apprendre s’affaiblit.
- Le sentiment de menace sociale renforce leur peur de l’échec, ce qui entraîne un cercle vicieux : anxiété, baisse de la motivation, moindre performance scolaire.
- L’autocensure joue également un rôle clé : les élèves de milieux populaires, à niveau équivalent, demandent moins souvent des filières ambitieuses par crainte de ne pas réussir.
Ces constats soulignent que les élèves en éducation prioritaire sont particulièrement vulnérables aux effets négatifs des logiques de compétition et de sélection.
3. Pistes pour favoriser une motivation positive en éducation prioritaire
L’intervention propose plusieurs stratégies pédagogiques permettant d’encourager des buts de maîtrise et de lutter contre les effets délétères de la sélection :
- Valoriser la progression plutôt que la performance brute : mettre en avant les efforts et les améliorations plutôt que la comparaison avec les autres élèves.
- Réduire la compétition excessive : éviter les évaluations qui favorisent la hiérarchisation sociale (ex : concours, classements).
- Encourager l’apprentissage profond : Proposer des défis atteignables pour maintenir l’engagement des élèves, au lieu de les cantonner à des exercices trop faciles qui freinent leur progression.
- Limiter la stigmatisation de l’échec : développer une culture où l’erreur est perçue comme une étape normale de l’apprentissage, afin d’éviter la peur de l’échec.
- Proposer des feedbacks formatifs : donner des retours qualitatifs détaillés pour guider les élèves dans leur progression, au lieu de se focaliser uniquement sur la notation.
Conclusion
L’éducation prioritaire, en raison du profil socio-économique des élèves qu’elle accueille, est confrontée à des défis majeurs en matière de motivation scolaire. La logique de sélection et la pression sociale renforcent la motivation par la peur et l’évitement de l’échec, ce qui nuit à la réussite des élèves. Adopter des pratiques pédagogiques favorisant les buts de maîtrise peut permettre d’atténuer ces effets et de créer un environnement d’apprentissage plus équitable.