Les liaisons inter-degrés dans l’académie de Poitiers ou comment améliorer la transition école/ collège ? publié le 05/09/2013

Un objectif…des objectifs

L’académie de Poitiers, par le grand nombre d’expérimentations mené sur le sujet montre que la continuité des parcours inter-degrés est une forte préoccupation des enseignants. Pour autant, cet objectif est très généralement associé à un second, porteur de sens pour les élèves : thème culturel (l’eau par exemple), développement de compétences transversales (maîtrise de la langue, culture scientifique).
Tous ont en commun de (re)donner confiance aux (futurs) collégiens en valorisant leur travail, les aidant ainsi à développer une meilleure image d’eux-mêmes.

La liaison école-collège : une réponse à des besoins

La mise en œuvre d’une liaison inter degré est généralement la réponse à un besoin observé par les enseignants du collège.
Principalement, ils déplorent le fait de ne pas prendre en compte assez efficacement les acquis des élèves de 6ème, en particulier ceux qui ont des difficultés en arrivant au collège. Ainsi, les réponses pédagogiques apportées à l’entrée en 6ème (accompagnement personnalisé, groupes de remédiation…) sont peu efficaces ou peu efficientes.
Certains soulignent également la nécessité d’une cohérence entre la validation des paliers 2 et 3 du Socle commun. Pour cela, la mise en œuvre d’une liaison école-collège est particulièrement adaptée.

Lien- Liaison-Interaction école-collège

Les liaisons inter-degrés présentées dans ce dossier sont très diverses et c’est ce qui fait aussi leur richesse.
Certains établissements ont établi un lien en favorisant la communication des informations de l’école vers le collège. Il s’agit d’une transmission ascendante des informations que l’on retrouve principalement lors des commissions de liaison. L’objectif est souvent pour les enseignants du premier degré d’informer leurs collègues des difficultés rencontrées par les futurs collégiens et de transmettre les PPRE passerelle. Pour suivre leur cohorte, les enseignants du premier degré sont parfois invités à assister aux conseils de classe de leurs anciens écoliers. Ils ont alors une idée plus précise du parcours des élèves.
D’autres secteurs ont construit une liaison pédagogique basée à la fois sur des échanges entre enseignants mais aussi entre élèves. Elle n’a plus seulement pour finalité de transmettre des informations mais plutôt de faire vivre des moments ensemble et de proposer une première approche du collège aux écoliers. Les échanges sont alors plus approfondis et souvent sources d’une grande motivation chez les élèves.
Enfin, d’autres expérimentations s’appuient sur la mise en œuvre d’une véritable interaction entre les écoles et le collège : un va-et-vient entre les deux structures permet de partager un thème de travail commun et d’organiser des heures de cours mixtes (écoliers/collégiens) et de pratiquer la co-animation (professeurs de deux degrés). Ces expériences permettent d’agir sur deux champs : les écoliers prennent confiance et les collégiens se sentent responsabilisés.


Vivre une expérimentation

Enseigner autrement

Elargir son champ disciplinaire

Dans l’ensemble des expérimentations menées, les enseignants portent un autre regard sur leur enseignement. Ils ont élargi leur champ disciplinaire, et ce, selon plusieurs angles.
Tout d’abord, certains envisagent leur discipline à une plus grande échelle chronologique : il s’agit d’envisager une continuité au-delà de l’année d’enseignement et de formaliser des progressions selon des niveaux d’exigence progressifs à plus long terme.
D’autres partagent le temps et l’espace de la classe avec des enseignants de l’autre degré en pratiquant par exemple la co-animation. Ces expériences constituent également des occasions d’échanges pédagogiques avec d’autres enseignants.
Parfois, ces expérimentations impliquent de nouveaux modes de regroupement des élèves, par exemple sur les temps de l’accompagnement personnalisé. Ce dernier point a des conséquences sur le pilotage de l’établissement puisque l’organisation hebdomadaire doit être pensée en fonction de ces dispositifs par les chefs d’établissement.
Enfin, et le plus souvent, la discipline s’inclut naturellement au cœur de la formation interdisciplinaire, transdisciplinaire plus globale ; ce qui permet à l’élève de donner plus de sens à ses apprentissages.

Changer de posture professionnelle dans sa classe

Les enseignants qui ont vécu ces expérimentations ont aussi instauré une nouvelle relation à l’élève passant d’une posture de contrôle à une posture d’accompagnement (souvent liée à la pratique de l’expérimentation). Ce changement accompagne le plus souvent la mise en œuvre de l’approche par compétences.
Certains font également évoluer leur regard sur l’évaluation passant de l’évaluation sommative à une évaluation formative (parfois sans note) plus proche de celle qui est pratiquée dans le premier degré.

Vivre le passage sereinement

Pour les élèves, la liaison est vécue comme un changement progressif et bienveillant.
Les élèves de CM2 font connaissance avec leur futur environnement tout en gardant certains repères : utiliser le matériel du collège, suivre l’accompagnement personnalisé avec les élèves de 6ème mais garder les cadres pédagogiques connus.
La liaison c’est aussi des rencontres.
Faire connaissance avec les collégiens, voire tisser des liens avec eux lors des sorties culturelles participent de la prise de confiance des écoliers. C’est aussi parfois, partager un langage commun.
L’expérimentation permet aux élèves de rencontrer leurs futurs enseignants du collège, voire même d’assister à certains de leurs cours.
Enfin, dans le cadre de la liaison, les élèves acquièrent, selon des exigences progressives, des compétences communes, celles du Socle commun notamment La maîtrise de la langue française et les principaux éléments de mathématiques et la culture scientifique et technologique.

Les leviers d’une expérimentation réussie

Certaines conditions de réussite sont récurrentes dans ces expérimentations.
Du côté des adultes, les enseignants doivent être motivés et mobilisés sur le sujet. Même si une part de liberté pédagogique doit leur être offerte, ils peuvent être accompagnés par les inspecteurs voire formés pour transformer leurs tâtonnements en expertise.
Par ailleurs, l’expérimentation doit être porteuse de sens pour les élèves. Pour cela, un travail d’explicitation et de communication (y compris auprès des familles) doit être engagé. Enfin, les élèves s’inscrivent plus volontiers dans la démarche lorsque le projet mène, de façon concrète, à la réalisation d’une production (exposition, lecture publique, dossier…).

Pour aller plus loin

Liens vers des expérimentations nationales

http://cellule-innovation.spip.ac-rouen.fr/spip.php?article64
http://cellule-innovation.spip.ac-rouen.fr/spip.php?article56

Lectures

Réussir le passage de l’école au collège
Coordonné par Denis Demarcy et Jean-Michel Zakhartchouk -
Le collège est-il « le maillon faible » du système éducatif ? Peut-être pas, mais ce qui est certain, c’est qu’un échec la première année, en sixième, hypothèque gravement la suite de la scolarité. Depuis des années, les discours officiels invitent à améliorer le passage de l’école au collège.
Ce livre témoigne des avancées, mais aussi de leur insuffisance. On y trouve de nombreux exemples, dans pratiquement toutes les disciplines, et hors cadre disciplinaire, de pratiques de liaisons, de réflexions communes sur les continuités nécessaires et les ruptures inévitables - et salutaires lorsqu’elles sont bien préparées.
Un ouvrage qui sera utile aux équipes engagées dans un travail commun, mais aussi à tous ceux qui veulent améliorer l’existant, se lancer dans des liens qui ne soient pas que formels ou convenus.
L’ensemble des contributions est harmonisé et coordonné par deux pédagogues engagés, l’un, Denis Demarcy, enseignant du primaire et conseiller pédagogique, l’autre, Jean-Michel Zakhartchouk, professeur de collège et formateur.
Scérén CRDP académie d’Amiens