Le socle commun sans stress (3/3) : la tâche complexe minute. publié le 14/12/2011

Le B.O. n°29 du 20 juillet 2006 est très clair : "c’est dans le cadre de situations variées que doivent être évaluées les compétences [...]. Maîtriser le socle commun, c’est être capable de mobiliser ses acquis dans des tâches et des situations complexes, à l’école puis dans sa vie. »

En fait, rien ne nous empêche d’être encore plus clair : faire apprendre par coeur des connaissances ne peut pas être l’objectif à atteindre dans l’école d’aujourd’hui ; mettre des mauvaises notes à un élève qui refuse d’apprendre par coeur n’est pas un geste professionnel de qualité.

La tâche complexe : l’excellence du geste enseignant.

C’est vrai, l’arrivée un peu brutale du principe "d’évaluation par tâche complexe" a été et reste déroutante car elle nous oblige à entreprendre une véritable mise au point sur notre façon de faire cours.
Ce qui est vrai aussi, à l’évidence, c’est que la tâche complexe a toujours été présente dans nos pratiques, mais que rien ne nous avait vraiment préparés et formés à l’appréhender dans nos gestes professionnels.
Surtout, on nous demande d’adapter un geste, qu’a priori nous maîtrisions déjà mais de façon incertaine, à un nouveau dispositif, la compétence.

Toutefois de nombreux discours, dossiers, articles, exemples sont désormais disponibles pour nous aider à positionner notre regard et encadrer notre réflexion. Les ressources sont elles aussi abondantes dorénavant pour nous aider à mettre en oeuvre des tâches complexes en adéquation avec le socle commun.
Parmi les nombreux outils réflexifs sur la tâche complexe, citons l’article de Nadège Bigot que l’on peut lire sur le site d’Apprendre Aujourd’hui : cet article présente les étapes et les conditions nécessaires à la conception et la réalisation d’une tâche complexe. Ou bien l’article de Céline Teillet que l’on peut lire sur le site Compétences de l’Académie de Poitiers qui rassemble de nombreuses fiches synthétiques et pratiques.

En fait le site web académique de Poitiers regorge de ressources à l’utilité pratique immédiate : par exemple des grilles-repères pour évaluer les élèves lors des deux moments forts de l’année de 3ème (c’est-à-dire les deux tâches complexes majeures de ce niveau) sur le site Mission Compétences, : le compte rendu du stage professionnel et l’épreuve d’histoire des arts. Ou bien des activités "clés en mains" de tâches complexes, proposées par des collègues sur chacun des sites disciplinaires.

Proposer des tâches complexes dans le quotidien de la classe.

La tâche complexe proposée aux élèves peut être le résultat d’un projet interdisciplinaire. Elle peut être impressionnante dans sa mise en œuvre, demander une organisation précise, s’appuyer sur des outils particuliers et des moyens conséquents. Elle peut être également modeste, simple, facile à réaliser, s’ancrer dans le quotidien du cours.
Pour faire simple une tâche complexe est un exercice dans lequel on n’attend pas que l’élève réponde de façon exacte à une question précise (réponse juste ou fausse, notée 0 ou 1) mais au contraire qu’il fasse preuve de pertinence dans ce qu’il a produit face à une situation donnée. La part laissée à l’initiative, l’improvisation, l’imagination même, est plus importante qu’à l’ordinaire. Au final l’élève doit avoir proposé un travail qui montre une certaine maîtrise et compréhension.

Pour qu’elle puisse réussir, il faut que les élèves soient en mesure de s’appuyer sur des connaissances : ainsi une tâche complexe peut elle être donnée en fin de chapitre. Toutefois, afin de mesurer les progrès à venir des élèves, une tâche complexe peut très bien être donnée en début de séquence (ou de chapitre).
Une tâche complexe est extrêmement facile à réaliser une fois que l’on est assuré que les élèves sont en possession de connaissances. Celles-ci peuvent avoir été mémorisées mais elles peuvent être aussi disponibles simplement parce qu’elles sont sous leurs yeux, dans leur cahier, leur manuel, une fiche etc.
La tâche complexe peut alors s’effectuer en respectant quatre règles :

  • Règle 1 : proposer un document sans questionnement précis : l’énoncé consiste alors à demander à l’élève de produire un commentaire en rapport avec ce qui a été vu en cours, en le rassurant sur le fait qu’il n’y a pas de réponse exacte prévue à l’avance. La production de l’élève permet de montrer une maîtrise de deux ou trois items du socle commun, et pas forcément ceux auxquels on avait pensé en préparant l’activité (puisque les élèves peuvent faire preuve d’initiative).
  • Règle 2 : le document (ou la situation) qui sert de support à la tâche complexe doit être assez proche de ce qui a été étudié et analysé en classe. Il s’agit de conforter par la preuve une maîtrise, pas de déstabiliser.
  • Règle 3 : des "coups de pouce", c’est-à-dire de l’aide (sous forme de conseils, de renvoi à une partie du cours, une grille, un questionnaire etc.) doivent avoir été prévus, pour aider les élèves qui se retrouveraient bloqués, par manque de maîtrise justement. Dans ce cas, l’activité cesse d’être une évaluation de type sommatif mais se transforme en évaluation formative (d’où l’importance de ne pas proposer de document ou de situation qui pourraient déstabiliser).
  • Règle 4 : les élèves qui auraient eu du mal ne doivent pas être sanctionnés par une mauvaise note. Il faut repérer et encourager la réussite (et valider), repérer quels obstacles ont stoppé certains élèves, en vue d’une remédiation prochaine.

Conclusion.

La tâche complexe enrichit et modifie notre façon d’évaluer, sans remplacer forcément les autres types d’évaluation. Toutefois, adaptée à la mise en œuvre du socle commun, elle est en effet un outil nouveau. Mais celle-ci peut rapidement devenir familière et usuelle. Il est facile d’entraîner les élèves à produire un commentaire libre et cohérent, en rapport avec le cours, en proposant une activité en fin de séquence, à faire à l’oral, ou en groupe, en synthèse de ce qui vient d’être étudié etc.