Le socle commun sans stress (1/3) : cadrages généraux. publié le 11/12/2011

Le socle commun transforme notre façon de faire cours. De façon simple, il nous aide à mieux enseigner, sans qu’il soit nécessaire de bâtir d’immenses structures et grilles-outils.
Une règle d’or est à respecter, pour s’en sortir d’une part, avant de lire la suite de cet article d’autre part : laisser de côté la validation et la mise en oeuvre du socle commun en classe de 3ème.

De l’utilité d’être pragmatique.

 Votre scolarité s’est déroulée sans aucun rapport avec aucun socle commun. Des notes, seulement des notes. Personne ne sait et ne saura jamais ce qu’aura / aurait été votre parcours scolaire au sein d’un enseignement par compétences. Pourtant on vous demande de mettre en oeuvre le socle commun et l’institution sait que vous en êtes capables. On vous fait confiance. Ce qui vaut pour vous vaut pour vos élèves. A votre insu, à des moments où vous n’évaluez pas, il est probable que vos élèves sont en train de construire des compétences du socle commun. Chacun à son rythme, chacun à sa façon. Chacun plus ou moins précisément. Et alors ?

 Vous avez oublié à peu près l’essentiel, hélas, de ce que l’on vous a fait apprendre en LV2. Vous n’êtes plus capable de réciter les connaissances que vous deviez mémoriser quand vous étiez en 5ème. Ou bien votre maîtrise en mathématiques a commencé à décliner lorsque les cours de mathématiques ont disparu de votre quotidien. Pire encore : de mauvaises langues affirment qu’un professeur de collège en fin de carrière se retrouve, en termes de culture générale et de connaissances, avec un simple bon niveau d’élève de 3ème (je n’ose pas y croire). Bref : il est injuste et surtout inutile d’être catastrophé si vos élèves se souviennent peu ou mal de ce qui a été vu il y a trois mois, ou l’année dernière.

 Vous n’êtes pas mécanicien et vos élèves ne peuvent pas être traités comme des machines. Aucun système ni aucune méthode ne peuvent être inventés pour évaluer tout le monde tout le temps de façon égalitaire. Aujourd’hui, dans les sociétés occidentales soucieuses des droits de l’homme, on considère que les mises au pas sont fascisantes : c’est d’ailleurs pour cette raison que notre démocratie souhaite davantage individualiser l’enseignement.

Conséquences pratiques et principes officiels.

 La construction du socle commun par vos élèves peut s’évaluer par l’observation. Ce n’est pas compliqué, cela veut dire donner un exercice à faire et laisser les élèves le faire tandis que vous les observez : qui réussit bien ? Qui réussit en rédigeant n’importe comment ? Qui a besoin d’aide, pour réussir finalement ? Qui n’a plus besoin ou a moins besoin d’aide pour réussir un exercice à peu près identique à un autre exercice proposé précédemment ? etc. Si vous consacrez du temps à donner des conseils de méthode à un élève bloqué ou un groupe d’élèves bloqués, et que pendant ce temps, d’autres élèves réussissent sans vous, ou s’aident et finalement réussissent sans vous, où est le problème ? Quant aux élèves complètement perdus et qui baissent les bras : qu’avez-vous prévu de leur proposer pour les aider à avancer ?
N.B. : Si vous savez répondre à cette question, ne dîtes plus que vous n’avez pas le temps de faire de la remédiation en classe : vous êtes en train d’en faire.

 La construction du socle commun s’évalue par la tâche complexe. Ce n’est pas compliqué : on s’organise de façon à ce que les élèves aient en tête un certain nombre de connaissances ou de méthodes, et ensuite on leur donne un document, un cas, une situation un problème à travailler, sans leur donner au départ la moindre consigne, le moindre repère : qui fait le lien avec les connaissances apprises ? qui fait le lien mais oublie plein d’informations ou rédige n’importe comment ? Qui fait un travail rigoureux sans aucun rapport ? qui ne propose rien, bloqué par ce manque de repères ou de consignes ? Que proposer à cet élève pour l’aider à avancer (et cf. le nota bene précédent) ?

 Alors oui, le cours magistral ou le cours semi-dialogué, c’est très bien, et c’est souvent fort utile et c’est même parfois tellement apprécié par nos élèves. D’accord. Mais ce n’est jamais l’idéal pour les observer travailler, c’est-à-dire construire des items du socle commun. Et oui, donc, on y est : le socle commun transforme bel et bien, au moins à certains moments, notre façon d’enseigner et notre positionnement par rapport à la classe.

 Alors oui, une classe avec des élèves qui travaillent, c’est une classe où il y a un peu de bruit. Alors oui, pendant que l’on s’occupe de quelques élèves, on ne peut pas observer les autres (et les évaluer) : bonne raison pour ne pas chercher à faire cours avec une grille complète, minutieuse et nominative sous le bras, rassemblant tous les items du socle commun à évaluer à chaque instant.

 Si malgré tout l’idée de départ reste de fabriquer une espèce de grille impeccable et exemplaire pour tout cocher, à utiliser en cours, cours durant lesquels vous passerez votre temps à observer tous vos élèves, et cocher tout ce qui réussit, en vert par exemple, et puis tout ce qui ne réussit qu’un peu, en orange pourquoi pas, et puis tout ce qui rate en rouge, alors oui : vous n’avez plus le temps d’enseigner et le socle commun c’est nul. Mais l’institution ne demande pas ça.

Conclusion.

Focalisez votre réflexion et vos efforts de mise en oeuvre sur les niveaux de 6ème, 5ème et 4ème. Prenez vos repères, mettez en place vos habitudes, comparez ce que vous faîtes avec ce qui se fait ailleurs. Faîtes vos observations, tirez vos conclusions puis enfin seulement interrogez-vous sur les suites à donner en classe de 3ème.