Visite de l’exposition de Lara Tabet au Centre Intermondes publié le 17/09/2021

Compte-rendu de visite par Justine Jomain et Lucie Patron, étudiantes en CPES-CAAP

Écume de mer agitée (et autres remèdes)

Exposition de Lara Tabet (Liban) au Centre Intermondes à La Rochelle, du 3 septembre au 30 octobre 2021.

Viste d’exposition du 09 septembre 2021

Lara Tabet est une artiste Libanaise et une médecin en pathologie clinique. Elle explique dans une interview qu’elle entre dans le monde de l’art par hasard, en commençant par la photographie, car elle faisait partie d’un groupe de photographie au Liban. Pour elle la photo est un moyen d’expression qui lui permet notamment de questionner le corps et la sexualité. Par la suite, elle commence à travailler avec des formes plus vivantes, telles que les bactéries. Son travail s’hybride à sa relation aux sciences.

Son exposition au centre intermondes de La Rochelle, Ecume de mer agitée (et autres remèdes), est construite comme un cabinet de curiosité. L’artiste a travaillé sur Le retour du vieillard à sa jeunesse pour la vigueur et le coït, livre tournant autour de l’érotisme et de la sexualité, ayant donc pour but de revigorer une sexualité en déclin. De ce livre du 16ème siècle de l’empire ottoman, qui est basé sur la médecine arabe, elle reprend les recettes et s’approprie le savoir et la connaissance des plantes et les applique sur des papiers photographiques argentiques questionnant ainsi les rituels et les croyances liés à la sexualité et les genres.
La réaction de ces ingrédients interagit avec le cataplasme qui recouvre le papier photosensible, ce qui donne une réaction chimique aléatoire. Son projet consiste alors à produire à travers ces recettes, des interprétations visuelles grâce à la technique du chimigramme, combinant la physique de la peinture et la chimie de la photographie sans appareil photographique et en pleine lumière. Dans le travail de Lara Tabet, l’évocation des fluides corporels (salive, sperme, sang) a toute son importance. Elle met ainsi en parallèle la chimie du corps et celle de la photographie.

Dans la première salle nous avons pu observer Chemiscape, une vidéo-projection des œuvres de Lara Tabet, sur une musique d’Omar Khouri. Un algorithme interprète la formule chimique et produit les notes de musique qui s’y accordent. Le rythme est très lent, ce qui contraste avec le sujet de l’exposition qui est, lui, revigorant. Le lieu nous submerge car nous sommes installés dans une salle sombre et oppressante fermée par de grands rideaux noirs. Sur un grand écran qui capte notre attention les chimigrammes s’enchainent, l’ambiance est pesante, et ce montage vidéo crée dans ces formes abstraites des pareidolies, qui nous donnent à voir et imaginer des formes figuratives.

Dans la deuxième salle, nous sommes entrés dans une sorte de cabinet de curiosité, où nous pouvions consulter la description de ses recettes et les ingrédients qui ont pu les constituer. Aux murs des plaques de cuivre présentent les chimigrammes et la recette gravée en arabe en bas de celles-ci, évoquant l’officialité des certificats de médecine. Cet endroit vaste, ouvert et lumineux est en totale opposition avec la première pièce : l’ambiance y est donc beaucoup plus apaisante.
Une autre partie de son travail consistant en l’interaction d’empreintes d’algues, de sels, récoltés autour de La Rochelle et de papiers argentiques était présentée dans une pièce adjacente.

Lucie et Justine