"L'enfant de Schindler" ou l'histoire du plus jeune garçon sauvé par Oskar Schindler publié le 31/12/2014

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 Dans cet enfer et ce déferlement de violence, son père est embauché dans une usine d’émaillage (Emalia) tenue par un homme d’affaires nazi, un certain Oskar Schindler. "Travailler pour Schindler signifiait que papa avait officiellement un emploi. (...) il pouvait présenter des papiers en règle. C’était ce qu’on appelait une Bescheinigung, une attestation, confirmant que papa travaillait pour une société allemande. Ce document constituait un véritable bouclier de protection." (p.62) Surtout lorsque (en mai 1940) les nazis décidèrent de "nettoyer" Cracovie de sa population juive. La famille connaît un court répit car dès mars 1941, elle est contrainte d’emménager dans le ghetto dans des conditions de surpopulation, de manque d’hygiène et de nourriture inimaginables. En mai 1942, la famille échappe encore une fois à la déportation grâce au travail du père. Ce ne fut pas le cas de l’un des frères de Leib qui par amour prend la direction d’un camp de la mort. Leib et sa mère survivent à une nouvelle rafle dont le récit glace le lecteur mais l’horreur ne s’arrête pas là. Son père et son frère sont envoyés dans le camp de travail de Plaszow tandis que Leib et sa mère, après avoir été transférés temporairement dans une autre section du ghetto, connaissent à leur tour le chaos de Plaszow livré à la merci du cruel Amon Göth : "Franchissant les portes de Plaszow, je me suis dit que je n’en ressortirais jamais vivant." (p.104). Affecté à l’atelier de fabrication de brosses, Leib apprend fin 1943 que Schindler a réussi à soudoyer Göth et d’autres responsables SS pour obtenir la construction d’une annexe du camp sur le terrain adjacent à Emalia. Son père et son frère David y sont assignés au printemps 1944. Leib parvient à les rejoindre avec sa mère, la peur au ventre. "Mais une fois les portes franchies, quel ne fut pas mon soulagement de constater que l’enceinte de l’usine était un leurre pour tromper les nazis ! " (p.122)

 Jusqu’au bout, Schindler leur sauvera la vie. L’arrivée des Russes n’est plus qu’une question d’heures. Dans ces circonstances, Schindler leur redonne leur liberté. La famille s’en retourne à Cracovie avec le statut de réfugiés. Elle y est accueillie avec une telle hostilité qu’elle décide de ne pas y séjourner plus longtemps. Après avoir traversé la Tchécoslovaquie, l’Autriche et passé trois ans dans le camp pour réfugiés de Wetzlar dans la zone d’occupation américaine, la famille s’exile en mai 1949 aux Etats-Unis, sa nouvelle terre d’accueil.