Ostende 1936, Sommer der Freundschaft : une immersion réussie dans le milieu littéraire en exil publié le 06/09/2014

 Volker Weidermann, 44 ans, auteur et journaliste au Frankfurter Allgemeinen Sonntagszeitung, déjà connu pour son ouvrage consacré à Max Frisch, nous gratifie d’un moment de lecture assurément très fort. "Ostende 1936" figure encore à l’heure actuelle sur la liste des bestsellers depuis sa parution en Allemagne courant mars 2014. Comment peut s’expliquer un pareil succès ?

 Peut-être est-ce d’abord la couverture du livre qui donne envie de se plonger dans ce roman. On peut y voir un tableau de la plage d’Ostende quasiment déserte, peinte dans des tons très doux partagés entre le bleu du ciel et de la mer et la couleur chaude du sable. L’atmosphère qui s’en dégage invite à l’apaisement, à la quiétude. Seul le titre renvoie à un cadre géographique précis et à une période historique déterminée : Ostende 1936. Le lecteur imagine le reste à partir de ses connaissances sur cette époque riche en rebondissements. Il devine déjà le calme avant la tempête. Rien sur cette couverture ne laisse en revanche présager le récit d’une amitié voire d’amitiés plurielles. Heureusement que le titre y fait référence dans une police plus petite : "Sommer der Freundschaft". Et si la couverture abusait en ce sens de la confiance du lecteur ?

 Les toutes premières pages recadrent d’entrée de jeu le lecteur qui aurait pu partir sur une fausse piste. Oui il est bien question d’amitié, de celle qui unit en particulier l’écrivain Stefan Zweig alors au faîte de sa gloire et son compatriote, Joseph Roth, qui, en mal de reconnaissance, noie son génie dans l’alcool. Autour d’eux gravitent d’autres personnages plus ou moins célèbres : la jeune écrivaine Irmgard Keun (1905-1982) par exemple qui trouva refuge à Ostende après avoir fui son pays où les nazis avaient confisqué et brûlé ses livres (portrait pages 57/58) ; l’écrivain et journaliste Egon Erwin Kisch (1885-1948) (p.65/66) ; l’écrivain et journaliste hongrois Arthur Koestler (1905-1983) (p.75) ; l’écrivain allemand Hermann Kesten (1900-1996) (p.81).

 L’atmosphère recréée dans ces pages rédigées dans un style et une langue très simple rappelle "Le Monde d’hier" de Stefan Zweig. On peut y voir un merveilleux hommage au maître.
Ce livre ne constitue en rien un ouvrage pointu d’exégète. Certes, il est très documenté et étayé de multiples citations, mais il n’est en aucun cas un document à proprement parler. Il s’apparente plutôt à un roman car l’auteur cherche à se glisser dans la peau de ces personnages tirés tout droit du réel.

 Les auteurs contemporains de langue allemande proposant des textes directement accessibles à nos élèves de lycée sont suffisamment rares pour souligner le caractère précieux de ce petit ouvrage. Ainsi des extraits de ce livre ont toute leur place dans des unités thématiques consacrées à "La rencontre avec l’autre, l’amour, l’amitié", "L’écrivain dans son siècle" ou encore "Voyage, parcours initiatique, exil" dans le cadre de l’enseignement de littérature en langue étrangère en série L. Vous trouverez un florilège de ces textes en pièce jointe.

Ostende 1936, Sommer einer Freundschaft, Volker Weidermann, Verlag Kiepenheuer und Witsch 2014, ISBN 978-3-462-04600-7, 17,99 euros
existe aussi en version audio : Audio-CD, April 2014, ISBN 978-3862313525,19,99 euros

Max Frisch, Sein Leben, seine Bücher, Volker Weidermann, btb Verlag (Taschenbuch) 2012, ISBN : 978-3442741120, 10,99 euros

Documents joints
un document L'exil d'Irmgard Keun (OpenDocument Text de 22.6 ko)

des extraits évocateurs liés à la notion d’exil

une présentation intéressante dans la mesure où elle intègre des extraits lus dans un débit accessible aux élèves
Source : émission radio diffusée le 7 juillet 2014 sur la chaîne mdr info
Durée : 2’46

un document Stefan Zweig et Joseph Roth (OpenDocument Text de 23.6 ko)

2 extraits autour de l’amitié et se référant aussi à la thématique "L’écrivain dans son siècle"