Accompagner les personnels et les élèves pour cette rentrée de novembre publié le 31/10/2020

Rendre hommage à Samuel Paty

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Pour une réponse collective et solidaire inscrite dans le temps pédagogique

Une dynamique collective et solidaire

  • Objectifs  :
    • Construire une réflexion problématisée, par-delà le seul évènement, qui s’inscrive dans le cadre des programmes d’enseignement (enseignement moral et civique, littérature, histoire, arts...)
    • Définir en équipe pédagogique les actions envisagées, en prenant appui sur tous les acteurs de la communauté éducative. Il s’agit d’être vigilant sur les différences de capacité de réception selon l’âge des élèves et préserver la sensibilité des élèves au regard de la violence de l’attentat.
    • Le choix des supports réinterroge beaucoup d’enseignants d’histoire-géographie notamment. Il n’est pas question de proscrire les supports à partir du moment où ils sont légitimes au regard des programmes à mettre en œuvre. Il n’est donc pas question d’interdire un travail sur des images, un travail sur des caricatures, un travail sur des ou les caricatures publiées par Charlie Hebdo.
      Le professeur est en droit de les convoquer et d’en faire des supports d’apprentissage à la lecture d’image et à la compréhension de la liberté d’opinion comme de la liberté de la presse (de l’information en général). La vigilance doit porter sur la manière dont les élèves vont réceptionner ces supports pédagogiques, c’est à cette dimension qu’il faut veiller, ce qui implique, sans doute une démarche propre pour qu’ils s’en emparent sans susciter des réactions outrancières.
      Par exemple, une contextualisation des documents retenus associé à un rappel sur les libertés de l’information peut s’avérer utile. C’est en fait la question de la didactisation de ces documents qu’il faut produire en amont de la classe. La caricature est un support très riche, très souvent utilisé en classe (caricatures anti-chrétiennes sous l’empire romain, caricatures anti-protestantes pendant les guerres de religion, caricatures antisémites pendant l’affaire Dreyfus…) : le document prend sa pertinence dans une démarche didactique et pédagogique réfléchie. C’est d’autant plus important que la caricature, par essence même, implique que le trait est forcé. C’est une forme d’exagération introduisant souvent une dimension ironique.

Les enseignants trouveront dans les programmes et dans les documents d’accompagnement fournis par la DGESCO sur Eduscol beaucoup des réponses, les propositions de ressources sur les sites académiques les conforteront également sur leurs choix.
Précisons que cette perspective renvoie aussi à la liberté pédagogique du professeur, qui peut ainsi choisir les supports pédagogiques qui lui paraîtront les plus pertinents et les plus efficaces dans sa démarche et au regard du public scolaire avec lequel il travaille et qu’il connait mieux que quiconque.

Certains collègues se sentiront mieux armés que d’autres. En fonction de l’organisation retenue, il s’agit de construire un discours commun dans un premier temps, puis de proposer un accueil en équipe, ou en co-intervention. L’ambition est que le maximum d’enseignants puisse assurer cet accueil, ces temps d’échange, sans les réserver aux seuls professeurs d’histoire. Vie scolaire et professeurs documentalistes ont aussi bien sûr leur place, les autres également.

  • Quelques principes pour s’organiser en équipe :
    Exprimer des ressentis et décharger les émotions par rapport à l’assassinat de Samuel Paty permettront de travailler ensuite plus sereinement sur des objectifs pédagogiques communs. Nous pouvons songer par exemple à un photolangage pour exprimer les sentiments ou encore à des nuages de mots.
    Un point de vigilance :
    des élèves saturés par l’actualité, d’autres la méconnaissant !
    Ne pas oublier également que les élèves auront, pour certains, été "abreuvés" d’informations de sources diverses et plus ou moins fiables y compris sur les réseaux sociaux. Il convient de prendre en compte cette dimension pour objectiver, mettre à distance, et travailler ce rapport aux médias. Des associations peuvent également, sur le temps long, être mobilisées.
    La réflexion des équipes pédagogiques pourra s’appuyer sur les enseignements disciplinaires comme sur les enseignements transversaux dispensés, tout particulièrement l’EMC. Les "éducations à" sont aussi des leviers pour la construction de la citoyenneté : éducation aux médias et à l’information (EMI), éducation à la Défense, éducation au développement durable,...
La construction de l’esprit critique est essentielle pour amener les élèves à s’informer et évaluer l’information, interpréter et confronter les interprétations dans une attitude réflexive qui accepte le débat et le pluralisme. Cet état d’esprit requiert la prise de conscience que l’esprit critique n’est jamais acquis : c’est une démarche intellectuelle à construire.

Vademecum La Laïcité à l’école, ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, octobre 2020.

Un point de vigilance :
la laïcité est souvent convoquée dans des situations de crise, à la manière d’une règle coercitive, voire répressive, ce qui en donne une perception faussée, déformée.

Un travail régulier sur ce principe, tout au long de la scolarité, doit permettre d’insister au contraire sur ce que laïcité permet d’installer : un espace d’échange, de tolérance mais aussi de respect, un cadre de pensée et de vie apaisé et harmonieux dans un État de droit, une société démocratique et dans le respect des différences.

La République garantit liberté de pensée, liberté d’expression comme la liberté de culte.

La mobilisation pour les valeurs de la République

Après les attentats du 7 janvier 2015, la ministre de l’Éducation Nationale a présenté onze mesures symboles de la grande mobilisation de l’École pour les valeurs de la République : laïcité et transmission des valeurs républicaines, citoyenneté et culture de l’engagement, lutte contre les inégalités et mixité sociale. C’est par exemple l’origine du Parcours éducatif citoyen.
Le 30 mai 2018, Jean-Michel BLANQUER, ministre de l’Éducation nationale, a présenté l’ensemble des mesures prises pour faire respecter le principe de laïcité à l’École. Monsieur le Ministre a mis en place un formulaire en ligne à l’attention de l’ensemble des personnels de l’éducation nationale pour signaler une situation d’atteinte aux valeurs de la République dont ils ont été témoins ou dont ils s’estiment être victimes.
Selon la nature des faits signalés, le coordonnateur « Valeurs de la République » du ministère peut orienter la procédure soit :

  • vers un spécialiste de l’administration ;
  • vers l’équipe « Valeurs de la République » de votre académie, présente dans chaque rectorat ;
    cette équipe pourra, si vous en exprimez le souhait, vous rencontrer et vous apporter, le cas échéant, des conseils pratiques, en liaison avec la direction de l’établissement.

Le ministère a également mis en place une équipe nationale "valeurs de la République" dont le travail s’enrichit des avis du Conseil des Sages, et dans les académies d’une équipe académique "valeurs de la République" pilotée par la ou le recteur.

Faire respecter le principe de laïcité à l’école
Infographie

L’infographie "Faire respecter le principe de laïcité à l’école" explicite les modalités de signalement et le fonctionnement des équipes académiques "Valeurs de la République" :

Le Conseil de Sages permet de produire des références qui sont autant d’appuis pour les personnels. Il contribue notamment aux vademecums diffusés par le Ministère, en ligne sur le site Eduscol :

L’article la laïcité à l’école revient également sur l’organisation des équipes académiques Valeurs de la République et ainsi que sur la mise à disposition de ressources : un vademecum sur la laïcité, un cahier des charges sur les Valeurs de la République et l’accès en ligne d’un dispositif de saisine.

Dans sa mission de transmission des Valeurs de la République, l’École conduit une politique de prévention contre le racisme et l’antisémitisme. Au cœur des valeurs d’égalité et de respect de l’égale dignité des êtres humains, la lutte contre le racisme et l’antisémitisme constitue un défi quotidien, à l’école comme dans l’ensemble de la société :
 Comprendre, analyser, répondre et prévenir les actes racistes et antisémites à l’école.

Des ressources pour l’enseignant sur les Valeurs de la République

Une ressource récente sur l’EMC - Enseigner les Valeurs de la République permet de disposer de l’essentiel pour aborder la laïcité et les valeurs de la République, comme l’enseignement de l’EMC. Un grand merci à l’équipe des formateurs autour d’Antoine Coutelle, professeur d’histoire-géographie au Lycée pilote innovant et international (Lp2i) :

EMC by antoine.coutelle on Genially

Discover more about EMC ✌️ - Review

  • Les Valeurs de la République :
    " Les valeurs de la République ont d’abord été définies par la devise de la République : « Liberté, Égalité, Fraternité », présente en 1848, puis ornant les bâtiments publics à partir de 1880. Depuis une dizaine d’années, des propositions d’ajout de « laïcité » à la devise sont formulées. L’évolution de la démocratie française a mise également en avant de nouvelles valeurs. Le programme du nouvel Enseignement moral et civique donne la liste suivante des valeurs de la République : « Ces valeurs sont la liberté, l’égalité, la fraternité, la laïcité, la solidarité, l’esprit de justice, le respect et l’absence de toutes formes de discriminations. » Ces valeurs de la République se sont incarnées dans de grands textes de loi, dans des institutions, et se sont exprimées dans des moments privilégiés de notre histoire." Jérôme Grondeux, Doyen de l’Inspection générale groupe Histoire-Géographie.
    • Canopé propose un dossier sur les Valeurs de la République, apportant un éclairage sur les notions et principes des Valeurs de la République et ainsi que des ressources pédagogiques
    • S’appuyer sur la devise républicaine peut être une entrée réflexive.
      Dans chacune des disciplines, dans la vie de l’école ou de l’établissement, il est possible de trouver une résonance à celle-ci, aux Valeurs de la République, à l’engagement citoyen... ou encore aux les textes fondateurs de la République.
  • La liberté d’expression, un droit fondamental :
    • La liberté d’expression, un droit fondamental, sur Eduscol.
      La liberté d’expression est consacrée parmi les "droits naturels et imprescriptibles de l’homme" dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, plus précisément dans son article 11 qui en définit l’importance, le périmètre et les enjeux : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi ». Derrière cet article se retrouvent tous les enjeux liés à la liberté d’expression : depuis ce texte fondateur, nos sociétés ont eu à arbitrer entre la nécessité que cette liberté s’exprime pour chacun et en toutes circonstances pour garantir le pluralisme sans lequel elle n’existe pas et la question des limites à lui donner pour éviter des dérives violentes, sectaires et finalement liberticides.
      Des réponses différentes ont été apportées selon les époques et les régimes politiques, faisant évoluer la définition et le périmètre de la liberté d’expression et se traduisant à chaque fois dans la loi. Derrière ce principe se trouve également un enjeu d’éducation majeur, avec la nécessité d’apprendre aux élèves à utiliser cette liberté, en s’exprimant librement tout en étant capable d’écouter et de comprendre d’autres opinions que les leurs, mais aussi en comprenant la nécessité que des limites communes soient fixées par la loi, limites pouvant faire l’objet de débats.
    • La liberté d’expression et la question du blasphème en France, geoconfluences - ENS Lyon
    • Les lois sur la liberté de la presse, émission de France culture réalisée au lendemain de l’attentat meurtrier qui a touché la rédaction de Charlie Hebdo, dans le cadre de la Journée spéciale "Parler contre la terreur", avec Christian Delporte1, Jacqueline Lalouette,2, Quentin Deluermoz,3 et Jean-Yves Mollier4
  • L’Enseignement Moral et Civique :
    Dans l’EMC, nous retrouvons un double enjeu :
    • transmettre les Valeurs communes de la République et
    • développer l’esprit critique du futur citoyen et de faire partager des codes sociaux.
      " L’objectif de l’EMC est d’associer dans un même mouvement la formation du futur citoyen et la formation de sa raison critique "

      Les méthodes (débats argumenté ou réglé, clarification des valeurs...) et les thèmes abordés dans cet enseignement offriront des points d’entrée pour aborder la matinée et les séances pédagogiques à suivre avec les élèves.
      Dans le secondaire, il sera possible de s’appuyer sur les enseignants d’histoire-géographie-EMC, de philosophie ou encore de SES, qui enseignent l’EMC.

    • L’EMC « Débattre de la chose publique », redonne plus d’envergure à la place de l’oral et apporte un éclairage sur les méthodes pédagogiques actives utilisées en EMC, notamment sur la mise en débat.
    • La rubrique EMC, sur le site du Pôle civisme propose des ressources à destination des enseignants, des réflexions sur les programmes ou encore des séquences pédagogiques.
  • L’esprit critique :
    Esprit critique - Jérôme Grondeux

L’esprit critique - Jérôme Grondeux, inspecteur général Histoire et Géographie, retranscritption de la vidéo réalisée à l’occasion du lancement de l’appel à contributions national sur l’esprit critique auprès de tous les acteurs de la communauté éducative

La formation "Désinformations et controverses : construire l’esprit critique" proposent des apports sur l’esprit critique, sur l’identification de stratégies d’information et de désinformation et des ressources et activités en EMI et EMC. Son objectif est de donner aux enseignants des clés pour construire un projet autour de la citoyenneté sur la question de l’éducation aux médias et à l’information (EMI) et contribuer à la construction de l’esprit critique en abordant les notions de Fake news, fake science, de savoirs et de croyances.

(1) Christian Delporte, historien des médias, professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Versailles-Saint Quentin, Directeur de l’Institut d’études culturelles (IEC) et du Centre d’histoire culturelle des sociétés contemporaines (CHCSC)

(2) Jacqueline Lalouette, professeur émérite à l’université Paris XIII

(3) Quentin Deluermoz, historien, maître de conférence à Paris XIII

(4) Jean-Yves Mollier, historien à l’Université de St Quentin en Yvelines et spécialiste de l’histoire de l’édition

Portfolio
Document joint

Document réalisé par le Ministère de l’Education nationale, de le jeunesse et des sports