Une progression pour la partie "féminin masculin" en première publié le 17/01/2015  - mis à jour le 24/06/2017

Masculin-Féminin - Premiere ES/L - Progression pédagogique. S'affranchir des habitudes et du dogmatisme

Une autre approche pour la partie « féminin masculin » en première L et ES : s’affranchir des habitudes ?

Introduction
Le plan suggéré par le libellé du programme ( et les ouvrages scolaires qui s’en inspirent ) propose de mettre en avant la maîtrise de la procréation et la protection contre les IST, aborde ensuite le déterminisme du sexe, pour se terminer par le déterminisme du comportement sexuel chez les mammifères.
Ce plan me dérange, car outre la difficulté que j’éprouve à établir une connexion logique entre les différentes parties, et par conséquent le parfum de dogmatisme qui l’entoure, il ne me semble pas aborder le sujet de la manière la plus attirante pour des ados : c’est très bien de vouloir mettre en avant la maîtrise de la procréation, mais est-ce leur préoccupation première ? Mieux vaut donc commencer par quelque chose qui va les rendre réceptifs, et qui constitue à cet âge une de leurs principales préoccupations, à savoir leur identité sexuelle . Pourquoi certains garçons sont-ils efféminés ? Est-ce grave d’éprouver une attirance pour un camarades du même sexe ? Etc …

Situation déclenchante
Une image d’une famille en introduction ( les Simpson ?) permet de définir le sexe de chaque individu et sa place dans la famille : l’homme, la femme, la fille, le garçon.
Mais quelques images de personnes connues, citons : les chanteurs Boy Georges, David Bowie dans sa période Ziggy Stardust, les Village People, la coureuse sud africaine Semenya, ou encore une image de transsexuel ou d’un petit garçon du siècle dernier habillé en robe suffisent pour semer le trouble et se perdre entre le sexe réel, l’habillement, le comportement, les attirances … d’où le titre...


Premier thème : « Garçon ou fille ? Pas si simple . »

BO : "Les facteurs affectifs et cognitifs, et surtout le contexte culturel, ont une influence majeure sur le comportement sexuel humain. "

L’intervention d’un spécialiste

(vidéo le site.tv : L’orientation sexuelle)

permet de mettre de l’ordre de manière scientifique, c’est-à-dire pour nous dépassionner.
On distingue ainsi sexe génétique, sexe biologique, identité sexuelle et orientation sexuelle. L’exploitation du document vidéo permet tout naturellement, sans que les élèves s’en rendent compte, que s’impose l’idée que personne ne choisit ce qu’il est, mais que c’est le fruit de l’éducation, des hormones, de l’activité de certains gènes et que ça ne se commande pas : ainsi l’idée qu’il est absurde de vouloir reprocher à quelqu’un ce qu’il est sur le plan de sa sexualité ou de son identité sexuelle parce que ça ne se décide pas, s’impose sans discussion possible.

Je propose alors le petit exercice suivant, qui oblige chaque élève à s’impliquer et réfléchir sur ce sujet.
Voir document

Sujet sur l'identité et l'orientation sexuelle (OpenDocument Text de 44.5 ko)

Une progression pour la partie "féminin masculin" en première.

Le travail est commencé en classe, je leur demande de le terminer et le mettre au propre à la maison.

A partir de là, il est naturel de se poser la question de savoir comment on devient fille ou garçon :

Reproduction de "Adam et Eve" de Cranach l'Ancien

Source Flickr
Perle Artistiche - cc by-nc

une reproduction de "Adam et Eve" de Cranach l’Ancien constitue un bon support pour introduire les caractères sexuels primaires et secondaires, et faire rappeler aux élèves que ce qui au départ fait le sexe, c’est la paire de chromosomes sexuels . La question est alors "comment passe-t-on d’une paire de chromosomes à un sexe défini ?"


Deuxième thème : "Fille ou garçon, une affaire de chromosomes ?"

BO : "La mise en place des structures et de la fonctionnalité des appareils sexuels se réalise sur une longue période qui va de la fécondation à la puberté, en passant par le développement embryonnaire et fœtal "

Ce sexe biologique étant acquis à la naissance, on se penche d’abord sur ce qui fait l’homme ou la femme à ce niveau. Une recherche rapide permet de rappeler ce qui, au niveau de l’organisation de l’appareil génital, acquise avant le naissance, "fait" le sexe de l’individu : l’appareil génital de l’homme est organisé pour produire de grandes quantités de cellules reproductrices mobiles, secréter les liquides assurant la survie de ces cellules et assurer la fécondation interne : celui de la femme pour produire une cellule reproductrice à la fois et assurer le développement de l’embryon.
Des schémas muets des appareils génitaux masculin et féminin sont fournis aux élèves : ils doivent les utiliser pour regrouper les informations qu’ils possèdent ou qu’ils trouvent sur Internet sur leurs fonctionnements.

Pour comprendre la mise en place, une séquence du document vidéo la première séance peut être reprise : au départ « il y a les deux », puis « ça » se transforme pour devenir masculin ou féminin.

Cette partie peut être traitée en utilisant le logiciel gratuit "detsex".

La connaissance de l’organisation générale de l’appareil génital acquise à ce stade permet alors de déboucher rapidement sur une explication des changements se produisant à la puberté, par la production d’hormones sexuelles déterminant le phénotype de l’individu..
Avoir « derrière soi » la première séquence sur l’identité sexuelle permet alors aux élèves de mieux comprendre quelles peuvent être les conséquences de la sexualisation du cerveau au moment de la puberté, sous l’influence des hormones ( avoir traité la plasticité cérébrale auparavant avec la vision constitue une aide précieuse pour comprendre ce « modelage » du cerveau, et la valse hésitation qui peut se produire pendant la mise en place du processus).

L’ensemble de ces connaissances étant acquis, on peu alors passer à l’autre partie motivant l’intérêt des élèves, l’amour !
Reprenons l’image d’Adam et Eve ( les audacieux peuvent tenter le loup de Tex Avery, on y voit très bien le rôle joué par la vision dans le déclenchement du phénomène), qu’est-ce qui les a conduit à "croquer la pomme" ?
Ici aussi, les travaux effectués sur la plasticité cérébrale et le parallèle « drogue/neurotransmetteur » dans la partie sur la vision doivent à mon sens être réinvestis :être amoureux correspond d’abord à un sensation de plaisir liée à la présence d’une personne déterminée, donc en liaison avec l’activité cérébrale des zones liées à la sensation de plaisir, donc une "histoire" de neurotransmetteurs, alors ...


Troisième thème : "L’amour : une activité cérébrale ?"

BO : "Le comportement sexuel chez les Mammifères est contrôlé, entre autres, par les hormones et le système de récompense. Au cours de l’évolution, l’influence hormonale dans le contrôle du comportement de reproduction diminue, et corrélativement le système de récompense devient prépondérant dans la sexualité de l’Homme et plus généralement des primates hominoïdes. "

Cette approche a l’avantage de relativiser nettement, auprès d’élèves souvent encore très pudiques, l’aspect quelque peu ... "bestial" du modèle animal expérimental étudié qui permet de localiser les zones du cerveau impliquées.

Les autres domaines abordés deviennent alors des "extensions" des études précédentes, touchant la personne mais aussi le domaine social et médical, qu’on est alors armé pour aborder :

Le problème de la maîtrise de la procréation, abordé avec un article sur les grossesses chez les mineures : meilleure façon de rappeler que c’est le manque d’information qui entraîne ces catastrophes personnelles, et peut-être d’amorcer un débat sur la vision de la grossesse qu’ont nos jeunes filles élèves et futures mamans, parfois mamans bien trop tôt simplement pour avoir le sentiment d’exister comme le décrit le texte ?.

Les grossesses mineures, un problème majeur (PDF de 76.5 ko)

Une progression pour la partie "féminin masculin" en première. (Source Doctissimo)

Une discussion rapide permet de voir quel est le degré de connaissances des élèves dans ce domaine : ils plébiscitent bien sûr la pilule contraceptive,


Quatrième thème : La pilule, comment ça marche ?"

BO "La connaissance de plus en plus précise des hormones naturelles contrôlant les fonctions de reproduction humaine a permis progressivement la mise au point de molécules de synthèse qui permettent une maîtrise de la procréation de plus en plus adaptée, avec de moins en moins d’effets secondaires.
Ces molécules de synthèse sont utilisées dans la contraception régulière (« la pilule ») "

L’étude des documents disponibles sur ce sujet permet de comprendre comment celle-ce agit, et notamment, puisqu’il s’agit de dosages délicats, de mettre l’accent sur les problèmes prévisibles si elle n’est pas prise de manière régulière.

J’aborde le sujet avec un tableau de la composition de l’ensemble des pilules contraceptives faisant apparaître les différentes "générations" ( ce qui permettra à la fin d’aborder le problème des pilules de troisième génération, concernant directement les élèves filles ) pour découvrir qu’elles contiennent toutes deux substances, administrées globalement de la même façon, sur la base du cycle de 28 jours.
On établit alors le parallèle avec le cycle menstruel, en cherchant sur quoi peut bien hypothétiquement agir la pilule pour empêcher une grossesse
Un schéma projeté de l’appareil génital permet d’envisager toutes les stratégies possibles.
Un texte expliquant le contrôle hormonal sert aux élèves pour restituer sur un schéma muet classique les relations qui s’établissent grâce aux hormones : ils doivent placer des flèches montrant par exemple que l’hypophyse produit la FSH figurant dans le graphique, et que celle ci agit sur le follicule représenté en dessous dans le schéma du cycle ovarien, qui lui même produit l’oestradiol qui ... Toujours le même problème, c’est compliqué et long mais nécessaire si on veut comprendre le mode d’action des contraceptifs chimiques.
Autre solution : se "contenter" d’établir la relation entre la prise de pilule et l’inhibition de la production des hormones ovariennes, mais on ne montre pas alors le passage de l’information par le cerveau, avec les conséquences que cela peur avoir ...
Ils peuvent alors aborder les documents permettant de comprendre le mode d’action des pilules.

Il reste à aborder les questions les questions liées au SIDA et aux autres IST quand il s’agit de débuter une vie sexuelle active : on trouve des articles mentionnant le fait que les ados ont surtout entendu parler du SIDA, mais ont bien peu de connaissances sur les autres IST.

Le sida, une maladie transmissible parmi les autres (PDF de 382.4 ko)

Une progression pour la partie "féminin masculin" en première - (Source la Nouvelle République)


Cinquième thème : "Les IST : les connaître pour s’en protéger".

BO : "Les IST, causes de stérilité, et leur propagation au sein de la population peuvent être évitées par des comportements individuels adaptés. "

Après lecture du texte, un rapide questionnement dans la classe permet de faire constater aux élèves qu’ils sont dans la situation décrite dans l’article : quelques connaissances sur le SIDA, le presque néant pour le reste

C’ est une excellente occasion de lancer les élèves dans une recherche sur Internet : il s’agit d’abord de se mettre d’accord sur "ce qu’il faudrait savoir" sur chacune de ces maladies, puis d’identifier les principales IST ( ce qui va très vite).
On partage le travail, chaque groupe a en charge une IST, doit trouver les réponses aux questions prévues et préparer une brève intervention orale.
(On insiste sur la nécessité de consulter plusieurs sites, d’en vérifier la fiabilité et de noter leur adresse.)

Les compte rendus oraux de groupes permettent de faire ressortir les trois évidences pour les IST :
1 La plupart du temps elles sont silencieuses ou discrètes, mais avec des conséquences fréquentes sur la capacité à procréer :
2 Elles sont en recrudescence :
3 Seul le préservatif permet de s’en prémunir.

Ce fichu préservatif n’est pas d’une fiabilité à toute épreuve, il peut lui arriver ...


Sixième thème : "Zut, il a craqué !"

BO : "La connaissance de plus en plus précise des hormones naturelles contrôlant les fonctions de reproduction humaine a permis progressivement la mise au point de molécules de synthèse qui permettent une maîtrise de la procréation de plus en plus adaptée, avec de moins en moins d’effets secondaires.
Ces molécules de synthèse sont utilisées dans :
 la contraception d’urgence ;
 l’IVG médicamenteuse. "

... et on peut alors parler de pilule du lendemain et de pilule abortive, en abordant sur un mode humoristique qui permet de faire passer facilement l’information que "si ça vous arrive ... l’infirmière est là pour en parler ! »

Reste le problème des couples qui ont des difficultés à avoir un enfant, soit


Septième thème : La PMA, pour tout le monde ?"

BO : " ... Elles sont également utilisées dans les techniques de procréation médicalement assistée (PMA) qui permettent ou facilitent la fécondation et/ou la gestation dans les cas de stérilité ou d’infertilité. "

Où il s’agit à mon avis de mettre en valeur les avancées scientifiques dans un domaine aussi délicat, qui s’appuient notamment sur la connaissance des mécanismes de contrôles hormonaux : mais aussi de faire sentir à nos élèves que c’est une médecine de pays riche, loin d’être accessible à tout le monde.

Ainsi se construit une progression dans laquelle je me sens à l’aise, et qui me rend automatiquement plus enthousiaste et convaincant auprès des élèves.

Il va sans dire que je suis disponible pour en discuter et éventuellement enrichir le document par des contributions extérieures.

Document joint

Une progression pour la partie "féminin masculin" en première.