Le drivert... publié le 25/03/2011

Développer l’esprit critique des élèves, stimuler le doute à l'occasion du 1er avril

Objectif et règles du canular en classe

Chaque nouvelle année, le 1er avril nous apporte son lot de canulars en tout genre, ils fleurissent à la radio, à la télé, dans les journaux, sur les sites web.

Pourquoi ne pas profiter, de cette aubaine culturelle pour stimuler un peu l’esprit critique de nos jeunes élèves ? Le doute est indispensable pour avancer en Sciences. Ce n’est qu’en se posant des questions qu’on fini par apprendre par soi même, mais encore faut-il avoir été entraîné pour douter et c’est bien ce qui manque à nos élèves. Leur confiance dans ce que nous leur enseignons est sans limite et le 1er avril est une excellente occasion pour les mettre à l’épreuve.

Rien n’empêche à priori un enseignant d’utiliser des canulars, à condition qu’on se fixe quelques règles de façon à rester crédible dans notre fonction d’enseignant délivrant du savoir.

Voici les limites que je me suis fixées pour construire mes "poissons d’avril"

  • Le canular doit s’intégrer parfaitement dans la progression pédagogique
  • Une fois le canular révélé aux élèves, ce qui a été vu en classe doit pouvoir être utilisé comme base de cours (élément faux mis à part...)
  • Il doit donner lieu à un travail de recherche personnel pour que les plus sceptiques et/ou les plus assidus aient une possibilité de trouver par eux mêmes le poisson d’avril.
  • Il doit permettre d’introduire une réalité scientifique exacte, qui n’est pas nécessairement développée en classe (car souvent hors programme), mais qui donne un regard sur les bizarreries de la nature.

L’objectif très formateur du poisson d’avril est de les inciter à remettre en question une nouvelle connaissance délivrée par quelqu’un qui n’est habituellement pas remis en cause. Chaque année quelques élèves sortent du lot et demandent des explications, ils sont logiquement convaincus par les faux arguments judicieusement préparés, mais au retour des vacances de pâques, quelques rares élèves sont très fiers d’avoir, par leurs recherches, décelé l’aberration du cours.


Le canular du drivert

"L’histoire" consistait à expliquer l’influence de certains animaux dans la reproduction et la propagation des plantes à fleurs.

L’exemple pris était le DRIVERT , un petit rongeur européen, qui faisait partie d’une espèce aujourd’hui disparue (le pauvre...). Il est vrai qu’il ne se nourrissait que de fleurs de courgettes (il était quand même un peu difficile...).

Un matin, Mr Aprilfool (en Français M. Poisson d’Avril) repéra des crottes de Drivert sur ses pastèques (Beurk...). Quelques jours après, il découvrait au même emplacement des melons, espèces de fruits jusqu’alors inconnus... (Ouaah !)

Et c’est ainsi qu’on explique (le premier Avril) l’apparition des melons sur Terre : Les grains de pollens de courgettes, pris dans les excréments du Drivert, étaient venu féconder les pastèques, donnant un végétal hybride (incroyable...).

Le document distribué pendant la séance était bien entendu présenté de façon crédible.

document élève Drivert (PDF de 191.9 ko)
  • Les consignes de travail données aux élèves :

Une fois lu, ce qui a été compris du texte doit être transformé en schéma, les éléments représentés doivent être reliés par des flèches légendées. Les éléments manquants doivent être dessinés (ici une fleur de pastèque...)

Leurs productions sont ramassées et évaluées...

  • La recherche personnelle pendant les vacances de pâques.

A la fin du cours, je prétexte que je me suis trompé de dessin en réalisant leur document, je leur demande donc de trouver une image de Drivert sur le web.


  • l’après canular...

Au retour de vacances, bien entendu, aucune image n’a été trouvée, je simule le prof agacé par le manque de perspicacité et montre une photo du fameux Drivert...

Rapidement, les élèves constatent l’absurdité de cet animal, mi écureuil, mi brebis. "Mais ça n’existe pas ça Monsieur ! C’est un montage !"

Cette séance permet alors...

de revenir ou d’introduire la notion d’espèce de façon ludique. Je projette une série de photos avec de vrais hybrides mélangés à de faux hybrides. Ils doivent repérer les espèces parentales et indiquer si l’hybride existe ou pas.
de préciser que la fécondation chez certaines plantes comme les orchidées est impossible sans animaux (exemple de coévolution)
de rappeler que des croisements interspécifiques existent dans la nature (exemple du colza) et que l’homme peut parfois en créer (exemple du triticale)

Le tout est illustré de photos

Petite précaution, une fois le canular révélé, je place un article sur le site du collège afin d’expliquer le "poisson d’avril" ainsi que ses objectifs aux parents...