Bois de l'Hermite Neuvy-Bouin publié le 26/03/2012
Massif granitique de Neuvy-Bouin (cf faciès à deux micas et à texture isométrique = pétrotype Pougne-Hérisson)
Description scientifique
Amoncellement de blocs granitiques ovoïdes dans une vallée où coule un affluent du ruisseau de la Mare aux Canes. Rocher branlant et nombreuses microformes sur les sommets (vasques avec exutoire de trop-plein) et les flancs (cannelures) de certains blocs.
Localisation géographique
<google_map7>
Contexte géologique
I Cisaillement sud armoricain (branche nord)
II branche sud
A Domaine ligérien
B Haut Bocage vendéen
C Synclinorium de Chantonnay
D Complexe de Mervent
E Bas Bocage Vendéen
Visite guidée
- Les sites du "Pas de la Vierge" à La Chapelle-Saint-Laurent
et du "Bois de l’Ermite" à Neuvy-Bouin permettent :- D’observer le socle granitique
- Caractéristiques pétrographiques et minéralogiques du granite
- D’observer le socle granitique
Le leucogranite du massif de Neuvy -Bouin est une roche cristalline grenue composée d’un assemblage de quartz , feldspaths et biotite (mica noir).
L’originalité de sa structure réside dans la variation de taille des cristaux : les feldspaths sont souvent de grande taille, centimétriques par rapport aux autres minéraux millimétriques. Ce sont des phénocristaux auxquels on attribue le nom local de "dents de cheval".
Le quartz apparaît en grains irréguliers gris à aspect de cristaux de gros sel.
Les felspaths potassiques (orthose) et les plagioclases (felspaths calco-alcalins) apparaissent en cristaux blancs à Neuvy- Bouin et cristaux rose orangé au "Pas de la Vierge" près de La Chapelle- Saint- Laurent.
La biotite est formée de cristaux noirs à reflets
mordorés.
Granites de Neuvy-Bouin (à gauche)
et de Bressuire (à droite)
Le granite est la roche caractéristique de la croûte continentale, issu d’un magma acide très visqueux remontant lentement vers la surface sous forme de plutons de superficie allant de 1 à plusieurs milliers de km2 et dont l’enracinement dans la croûte peut atteindre 10 km.
Ce magma dont la température est de l’ordre de 700 à 800°C naît entre 20 et 30 km de profondeur. Il migre ensuite vers le haut , mais n’atteint jamais la surface, car trop visqueux : c’est une roche plutonique.
Ce granite s’est mis en place dans un contexte de compression, associé à la formation d’une chaîne de montagne : la chaîne hercynienne.
Les plutons de Gâtine ont une histoire commune à la mise en place du Massif Armoricain , notamment ils sont liés à un phénomène de subduction entre la plaque ibérique au sud, plongeante sous la plaque armoricaine, au nord.
Domaine structural sud armoricain (d’après Poncet 1993)
notice
légendes
La majorité de ces granites est datée entre 355 et 315 millions d’années. Lors de leur mise en place, il y avait donc environ 5 kilomètres de dépôts au dessus, qui depuis ont été enlevés par l’érosion.
La première étape de la formation d’un chaos correspond
à la formation des boules de granite par altération météoritique.
Granite fissuré
Blocs anguleux
Bloc arrondi
En circulant dans les fissures du massif granitique, l’eau de pluie chargée de CO2 provoque une hydrolyse minérale et découpe ainsi le massif en blocs anguleux entourés par un matériau grossier fait de quartz, de feldspaths, micas altérés, et d’argiles : l’arène granitique. Les argiles résultent principalement de la transformation des felspaths plagioclases et des biotites.
L’arène retient ainsi l’eau comme une éponge au contact du bloc permettant à l’arénisation de progresser vers le bas à une vitesse variant de 1 mm à 300 mm pour 1000 ans selon le climat (action favorisée en climat chaud et humide).
Le bloc ainsi se dégrade progressivement de manière centripète par une série d’écailles concentriques en pelures d’oignon. Les plus petits disparaissent , les plus gros s’arrondissent, s’isolant dans la matrice arénacée.
La seconde étape de la formation d’un chaos correspond au transport des blocs et des boules de granite dans l’ arène granitique.
Sur un versant légèrement incliné, (30° au maximum) l’équilibre entre les blocs peut être rompu, surtout si le couvert végétal est insuffisant et l’atmosphère humide : les arènes granitiques sont alors déstabilisées et elles glissent en masse vers le fond de la vallée où elles s’empilent. C’est le phénomène de solifluxion.
Déstabilisation progressive le long de la pente
Empilement de blocs le long de la rivière
dépôt d’arène
Le granite de Gâtine présente de nombreuses microformes résultant d’une altération par l’eau météoritique sur des blocs préalablement dégagés de leur gangue arénacée.
Elles peuvent être observées soit sur les parois latérales d’un bloc et sont liées à un ruissellement entretenu provoquant la dissolution du granite et à l’origine de cannelures, soit au sommet de blocs où une flaque d’eau a pu stagner et entraîner une désagrégation granulaire à l’origine des vasques.
Vasque avec exutoire
Le fauteuil : vasques emboîtées dont le fond est rempli d’eau enrichie en humus acide
La dernière étape de la formation d’un chaos correspond au déblaiement de l’ arène granitique.
Dans la vallée où se sont accumulées les boules lors de leur chute, la rivière déblaie les arènes notamment lors des périodes de crues, dégageant les boules qui peuvent alors apparaître empilées les unes sur les autres parfois de manière très instable créant des rochers branlants ou "merveilles" locales.
Sur le plateau apparaissent quelques blocs plus ou moins dégagés appelés "dos de baleine" qui subissent une érosion très lente due en priorité au rythme gel/dégel et hydratation/dessication dégageant de petites écailles millimétriques à centimétriques.
La "merveille" du "Bois de l’Ermite"
Les "dos de baleine" de Neuvy-Bouin
Etape 1 : Altération du granite, formation des blocs , boules et de l’arène au Tertiaire en climat chaud et humide de type tropical.
Etape 2 : Coulée de solifluxion lente et modérée pendant les glaciations du Quaternaire.
Etape 3 : Dégagement de l’arène par les eaux courantes depuis 10000 ans dans un climat peu différent de l’actuel.
Comment l’expliquer ?
Plusieurs facteurs s’avèrent simultanément indispensables pour la fabrication d’un chaos granitique :
Facteur 1 : la densité du réseau de fracturations (fissures, diaclases, failles)
Facteur 2 : la composition minéralogique et la texture
Facteur 3 : la topographie
Facteur 4 : la présence d’une rivière
Facteur 5 : la végétation
Pourquoi ?
Le réseau de fractures conditionne la taille des blocs : s’il est trop serré les blocs seront totalement érodés, s’il est trop dense il ne pourra pas apparaître de boules.
L’altérabilité du granite dépend de sa composition chimique et de la taille des cristaux : un leucogranite à 2 micas et à grain fin ( comme à Bressuire, à droite sur la photo) résistera plus facilement à l’altération météoritique qu’un granite à biotites et felspaths porphyroïdes (comme à Neuvy-Bouin, à gauche sur la photo).
La végétation conditionne le maintien de l’eau météoritique au contact de la pierre.
La topographie contrôle la progression verticale de l’arénisation et le transport par solifluxion le long des versants.
Un cours d’eau est indispensable au déblaiement de l’arène et à l’empilement des blocs.
L’originalité de ces chaos résulte donc de la simultanéité de ces divers facteurs.
- Photos légendées
Affleurement de quelques "chirons" granitiques typiques dy pays de Gâtine au lieu-dit "Bois de l’Ermite.
Affleurement de quelques "chirons" granitiques typiques dy pays de Gâtine au lieu-dit "Bois de l’Ermite.
L’affleurement du "Pas de la Vierge" près de la chapelle Saint-Laurent : Un gigantesque bloc de granite préfissuré en profondeur puis porté en surface par la force de l’érosion révèle les fissures, appronfondies par l’altération climatique au Tertiaire.
Sur ce gigantesque bloc de granite, on distingue un prédécoupage des fissures dans deux directions perpendiculaires, des cannelures et un début de vasque dues à l’érosion climatique, en aucun cas à une action humaine voire surnaturelle.
Autour du bois de l’Ermite de nombreux blocs de granite(chirons) affleurent, plus ou moins dégagés de leur environnement constitué d’arène granitique.