La Vie Scolaire / Hachette Education, 1997 (Note I) publié le 03/05/2008  - mis à jour le 23/06/2008

Dans la préface du livre, Jean-Pierre Obin présente la démarche de Christian Vitali "définissant la vie scolaire comme un ensemble de pratiques situées dans une histoire, comme un construit qui ne peut prendre de sens qu’en référence à l’espace de l’établissement [...] au temps, à l’évolution des idées et à l’histoire des institutions". On ne saurait mieux décrire l’impression de chantier qui se dégage de cet ouvrage. Chantier dans le meilleur sens du terme : un mélange d’élaborations pragmatiques et de réflexions rigoureuses. L’auteur examine d’abord les fondements de la vie scolaire. Il montre comment, des précurseurs du début du siècle (Dewey, Cousinet, Freinet ...) aux circulaires officielles des années 70/80, la vie scolaire s’est progressivement institutionnalisée. Cette partie est bien plus qu’une banale et classique introduction au thème de la vie scolaire, elle pose la philosophie de notre fonction.


Une fois définies les bases, l’auteur observe la structure spatio-temporelle de la vie scolaire. Il montre comment cette structure est hautement déterminée par l’histoire du système éducatif et par les "enjeux identitaires". Le temps scolaire, saturé de pédagogie, est rythmé par les contraintes horaires des programmes et clivé entre les périodes didactiques et le "périscolaire". L’espace est, lui, parcellisé entre "lieux saints" (classe, permanence...), "lieux-dits" (cours, couloirs...) et "nouveaux territoires" (cafétérias, salles de travail...)
L’objet de la vie scolaire sera dès lors, selon l’auteur, de "restaurer l’unité perdue [...] du temps scolaire" et d’inventer un "art de l’habiter".
Christian Vitali considère ensuite les deux piliers reconnus de la vie scolaire : les modèles associatif et représentatif. Les FSE et autres maisons des lycéens, les divers conseils de la vie scolaire, largement délaissés par des élèves et des adultes devenus consommateurs, constituent pourtant la base sur laquelle peut s’appuyer une véritable éducation à la citoyenneté. Ceux qui connaissent les écrits de l’auteur et la revue "Conseiller d’éducation" ne seront pas surpris de trouver dans cette partie, comme dans les autres, encarts, tableaux, notes, commentaires ... qui éclairent et précisent le texte. Ces courtes illustrations constituent, pour certaines d’entres elles, de précieuses références à conserver.
Dans les deux dernières parties, l’auteur examine les outils et les artisans de la vie scolaire. Règlements intérieurs, contrôle et prévention de l’absentéisme, pratiques sociales ... constituent quelques uns des instruments privilégiés du traitement des stratégies d’évitement (déviances, absentéisme...) des élèves et, plus généralement, de fondation d’un "nouvel ordre dans l’établissement [...] sur les ruines de la discipline".
Cette re-fondation ne saurait s’instituer qu’au prix de certains bouleversements identitaires et déplacements de fonctions dans la communauté éducative que l’auteur ne se contente pas de souligner mais qu’il formalise. Le conseiller d’orientation, les enseignants, le documentaliste, le chef d’établissement ... se voient ainsi préciser leur tâche dans cette grande entreprise de rénovation.

Le livre est parcouru par cette idée de re-fondation de la communauté éducative. Celle-ci consistant peu ou prou en une ré-intégration (Vitali parle d’éducation globale, de dimension transversale, d’approche intégrée... ) de composants disparates (les disciplines, les statuts, le temps, l’espace ....) d’un système désarticulé.
Le rôle du CPE, la façon dont il imposera sa fonction, la qualité de sa réflexion sur celle-ci apparaissent à cet égard déterminants, presque essentiels à cette re-fondation.
Le livre de Christian Vitali en constitue en tout cas bel et bien une première mise en chantier.

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Auteur

 Michel Mateau

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