Une unité pédagogique d’intégration pour les élèves dyslexiques publié le 18/12/2008  - mis à jour le 30/12/2008

L’UPI pour troubles du langage écrit

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Bilan au 30/05/2008 : résultats d’un suivi de cohorte, de la 6ème à la 3ème

(voir également tableaux dans l’écrit complet)

Evaluation des compétences acquises par les élèves : quel rapport à l’écrit après 4 ans ?

Les élèves souffrant de TSL, présentent tous un rapport fort perturbé à l’écrit ; ce pour différentes raisons : échecs fréquents lors de la scolarité, difficulté à entrer dans la lecture, inquiétude et souffrance face à cette forme de symbolisation…
Il nous semble donc pertinent de nous intéresser à notre première cohorte qui arrive cette année en fin de 3ème.

A l’entrée en 6ème, on pouvait estimer que seulement 50% de ces élèves étaient plutôt à l’aise face à l’écrit :

  • ils maîtrisaient le geste graphique
  • ils n’étaient pas rebutés par l’exercice de copie
  • ils étaient parfois rassurés par le geste d’écrire.
    Quant aux autres, leurs difficultés allaient de l’évitement de toute forme d’écrit au refus pur et simple en passant par un écrit incompréhensible.

A l’issue de ces quatre années, tous sont tout à fait à l’aise avec l’écrit au point de demander que certaines explications soient écrites au tableau pour pouvoir les noter sur leur cahier. De plus, ils refusent systématiquement les documents présentés de façon adaptée qu’ils utilisaient dans les classes précédentes.

Par ailleurs, on peut noter que certains de ces élèves en stratégie d’évitement utilisent maintenant l’écrit pour communiquer entre eux à l’insu du professeur (petits mots interceptés). Cela prouve une appropriation de l’écrit qui nous semblait très improbable il y a quatre ans.
Ces mêmes élèves lisent aussi des livres pour leur plaisir.

Mais il faut noter que ceci ne se vérifie que dans les matières où des adaptations pédagogiques ont été réellement mises en place : le français, l’histoire géographie, l’anglais, les sciences de la vie et de la terre, les mathématiques en 6éme et 5éme (un seul professeur volontaire). Dans les autres matières où leur trouble n’est pas pris en compte, leur rapport à l’écrit redevient problématique.

Ce qui tend à prouver que les manifestations de leurs troubles sont étroitement liées à la façon dont ceux-ci sont considérés. Plus ces troubles sont reconnus, acceptés et dédramatisés, plus les élèves sont capables de les surmonter. On entre alors dans un processus de revalorisation de l’estime de soi propice aux apprentissages. A l’inverse, une attitude de déni voire de dénigrement provoque la certitude d’échouer avant même d’avoir commencé.

Changements positifs pour les enseignants et pour l’établissement

La création de l’UPI a été l’occasion pour le collège de développer le travail en équipe (professeurs, services de santé, personnels de direction, partenaires extérieurs…), et d’essayer d’apporter collectivement (et chacun à sa façon) des réponses aux difficultés rencontrées par les élèves. L’ambiance dans l’établissement s’en est forcément trouvée modifiée positivement.
D’autre part, le regard des enseignants sur l’Elève (et pas seulement ceux de l’UPI) en a été modifié : il s’est « professionnalisé ».

NB : On peut pointer un certain nombre de manques et de dysfonctionnements apparus en 2006.2007 suite à deux conditions non réalisées :

  • l’absence d’un AVS a pesé lourdement et a pesé de plus en plus lourd au fur et à mesure de l’augmentation de l’effectif.
  • on ne maîtrisait pas le recrutement, ce qui était particulièrement évident pour les 6ème de l’époque
    Notre objectif était et est encore aujourd’hui de prendre en compte la dyslexie et de trouver par des adaptations pédagogiques des moyens de la contourner.Nous avons considérablement modifié nos pratiques pédagogiques

A ce jour, on peut constater que les enseignants, partie prenante dans le projet UPI sont en augmentation sensible. Si leur nombre augmente, il n’en demeure pas moins que quelques collègues très partagés et très réservés sur les finalités de l’UPI expriment leur désarroi et leur désaccord.

On constate deux attitudes face à l’élève en difficulté : certains ne souhaitent pas adapter leur enseignement , investissement qu’ils jugent non rentable et inutile. S’appuyant sur des résultats très faibles obtenus par l’élève, ils pensent que les lacunes sont telles qu’elles ne peuvent être comblées. De plus arguant du fait que le programme du collège est trop compliqué pour ce type d’élève, l’adaptation pédagogique est pour ces derniers impossible à mettre en place. Autre argument mis en avant l’égalité de traitement pour tous les élèves ne justifie aucunement une approche particulière. Ainsi justifie-t-on que l’école peut rester indifférente aux différences. Quant aux autres une remise en question de leurs pratiques pédagogiques les insécurise et les fragilise face à un risque d’échec éventuel. Il est en effet toujours demandé plus à ceux qui sont dans l’innovation pédagogique tant du côté parent que du côté institutionnel.

Malgré cela, on note une confiance et un enthousiasme qui s’appuient sur des résultats tangibles obtenus par les élèves de l’UPI au cours de ces quatre années. La confiance que les élèves témoignent aux enseignants, la curiosité face aux apprentissages malgré les obstacles, les confortent dans leur pratique novatrice et adaptée. Troisième élément non négligeable, les relations jusqu’alors tendues avec l’Institution à cause des difficultés se sont apaisées et les élèves vivent une réelle dédramatisation dans leurs apprentissages.

Ce projet exigeant a amené trois collègues sur une formation qualifiante ( 2-CA SH) . Il est à noter que l’UPI pousse les collègues à participer à des stages, à faire bénéficier d’autres établissements de leur expérience, à mieux appréhender la difficulté scolaire.

En guise de conclusion

Bonne perception vis-à-vis du monde extérieur et excellente intégration de ces élèves au sein du collège. Pas ou peu d’absentéisme de ces élèves.

Le rayonnement de l’établissement au niveau académique est maintenant établi, avec de nombreux liens avec d’autres EPLE (collèges Henri IV à Poitiers, Mendès-France à La Rochelle, collège de Jaunay-Clan, collège de L’Apsie, collège Pierre et Marie Curie à Niort …).