Des ateliers pour motiver publié le 16/03/2015  - mis à jour le 17/03/2015

Contexte local

Le collège René Caillé à Mauzé-sur-le-Mignon accueille environ 450 élèves. Il est situé en zone rurale au sud de Niort dans le département des Deux Sèvres.
Les élèves sont majoritairement issus de milieux plutôt défavorisés (40% élèves de 6ème d’origine sociale défavorisée), plus de 10% ont un an de retard (ou plus) à l’entrée en 6ème, et sont pour le tiers d’entre eux boursiers.

production autour du pavage

Lors d’un conseil pédagogique, il y a plusieurs années, l’équipe éducative fait le constat suivant : dans chaque classe, 4 à 5 élèves peuvent être considérés comme potentiellement « décrocheurs », peu concernés, peu impliqués. D’autre part, le taux de réussite au DNB est inférieur à la moyenne académique et le pourcentage du taux de passage de seconde GT vers une première GT est lui aussi inférieur à la moyenne académique.

L’innovation comme réponse à un besoin

Pour favoriser la réussite des élèves du collège et obtenir des résultats convergents avec les autres établissements de l’académie, l’équipe éducative envisage de repenser une partie des horaires d’enseignement. Une réflexion est alors amorcée autour du thème : Apprendre autrement

Classes sans notes

La première action mise en place en 2011-2012 est une classe sans notes avec l’objectif de recentrer les apprentissages sur la construction des compétences. Après une période au cours de laquelle les autres équipes pédagogiques évaluent à la fois avec un résultat chiffré et un bilan de compétences, le pas est franchi avec l’utilisation du logiciel Sacoche pour tous les niveaux.

Les bulletins sont remis aux parents d’élèves, lors d’une rencontre avec le professeur principal et d’autres professeurs de la classe. C’est l’occasion d’expliquer les attendus, les compétences développées par les élèves et le mode d’évaluation. Pour le DNB et les procédures liées à l’orientation, les bulletins des troisièmes proposent toujours des notes, Sacoche permet de construire une moyenne chiffrée à partir des bilans de compétences.

L’objectif est d’inciter l’élève à prendre en main ses apprentissages, en se situant par rapport aux exigences et non par rapport aux résultats des autres élèves. Un mauvais résultat ne vient plus faire chuter une moyenne trimestrielle. En visualisant ses progrès ainsi que le chemin qui reste à parcourir, en ayant la possibilité d’être réèévalué, l’élève devient acteur de son apprentissage.

Classe de Sixième à projet

En 2011, pour utiliser l’hétérogénéité comme un levier, une classe bi-langue est créée. Il s’agit d’associer les élèves les plus en difficultés avec les élèves qui suivent l’option espagnol. Chaque élève hispanisant est chargé du rôle de tuteur et de soutien auprès d’un élève plus en difficulté. 20% des élèves en difficultés intégrés dans cette classe ont déjà un an de retard. Un projet pluridisciplinaire est construit autour du thème du jardin.

Le bilan de cette expérience est très positif :

• les élèves hispanisants se sont montrés moteurs,
• les élèves en difficultés ont profité du soutien, de l’accompagnement et de l’émulation,
• par ailleurs les autres classes étaient plus homogènes, ce qui a facilité le travail des équipes pédagogiques,
• L’ambiance de travail a été bonne, les élèves s’impliquant activement dans leurs apprentissages.
• Les élèves ont développé leur autonomie par un enseignement plus individualisé.

La classe à projet est maintenant reconduite chaque année, autour d’un projet différent :

• Action humanitaire en 2013 (course avec « Action contre la Faim »)
• En 2014-2015, la classe suit et accompagne, par le numérique, le voyage d’un poitevin qui fait un tour du monde.

Par ailleurs, de nombreuses actions existent chaque année pour favoriser l’ouverture culturelle et la liaison école -collège : projets fédérateurs lecture, sorties théatre…

Des ateliers pour motiver

Image extraite d’un film d’animation

Pour expérimenter la mise en place des ateliers interdisciplinaires en « prenant » du temps sur les horaires disciplinaires, le conseil d’administration a demandé et obtenu de Monsieur le Recteur, une dérogation à l’article L401.1 du code de l’éducation.
La séquence de cours est réduite à 50 minutes (Article L401.1 du code de l’éducation) pour créer chaque semaine un temps d’atelier d’une durée d’une heure trente.
Les ateliers ont lieu le jeudi après midi de 14h à 15h30.
Ils regroupent des élèves de tous les niveaux (6ème, 5ème, 4ème, 3ème) et comptent au maximum 30 élèves sous la responsabilité de 2 adultes. Chaque élève participe à deux ateliers dans l’année, le dispositif étant semestriel.
Les activités proposées favorisent le travail en autonomie ainsi qu’en petit groupe en vue de réalisations concrètes et valorisantes.

demandes_eleves_ateliers

Une liste d’ateliers est proposée aux élèves qui peuvent faire 3 vœux.

le projet "sac à dos"

Au premier semestre, tous les sixièmes participent à l’atelier Sac à dos qui vise à la découverte du collège, l’autonomie, l’estime de soi. Ce programme canadien créé en 2000 qui permet de développer les compétences psychosociales et l’estime de soi.
Il s’inscrit dans le projet « Santé vous bien en pays Mauzéen »qui fédère les intervenants du territoire (écoles, collège, mairie, centre socio culturel…)

Les objectifs sont de développer chez les élèves :

• la confiance et les aptitudes relationnelles,
• le plaisir et l’intérêt d’apprendre,
• la solidarité dans le groupe ;
• le vivre ensemble.

Bilan actuel

L’ensemble des ateliers permet aux élèves de se découvrir, d’apprendre à travailler en groupes. L’autonomie, l’organisation, la coopération ont été favorisées et permettent un travail de meilleure qualité.
C’est aussi un temps pendant lequel les relations adultes-élèves sont différentes.
La mixité des groupes, de la 6ème à la 3ème a un impact positif sur le climat scolaire et l’ambiance dans l’établissement.

Une nécessaire régulation

Regards des élèves.

Les élèves et l’équipe ont été amenés à évaluer le dispositif.

Le bilan du premier semestre est positif mais des ajustements sont envisagés.

La mise en place de cette expérimentation nécessite une concertation et une communication importante entre les professeurs. Les pauses méridiennes sont donc souvent consacrées aux échanges

Dans certains ateliers, un effectif de 30 élèves pose problème.

Travail d’écriture

Chaque atelier nécessite des ressources. Tous les ateliers étant en barrettes le jeudi après-midi, les moyens informatiques manquent.

Certains ateliers nécessiteraient l’intervention de professionnels et l’organisation de sorties pédagogiques mais les ressources financières sont insuffisantes pour le moment.

Un questionnaire de satisfaction sera proposé aux élèves et aux familles pour venir nourrir le bilan de cette première année d’expérimentation.

Conclusion

Pour lutter contre un déterminisme social territorial, l’équipe éducative du collège de René Caillé montre une réelle envie de faire évoluer les méthodes d’apprentissages.Ces mises en œuvre supposent tout naturellement beaucoup de travail, d’analyses de pratiques et une concertation effective.
L’observation d’élèves plus impliqués, acteurs de leur scolarité et en progrès encourage et motive l’équipe pédagogique.
Les collègues que j’ai rencontrés sont profondément convaincus des bienfaits de ces nouveaux dispositifs. La mise en œuvre de nouvelles méthodes, l’évolution et la mutualisation des pratiques, la richesse du travail pluridisciplinaire sont un levier pour la motivation des élèves.