De l’évaluation par contrat de confiance (EPCC) au contrat de réussite publié le 23/03/2015  - mis à jour le 12/06/2015

Dialogue entre deux enseignants...

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Nuage de mots

Nuage de mots

Renan CAMENEN et Guillaume DAVIAUD enseignent le Français et la Physique-Chimie au collège A.Camus de La Rochelle (anciennement ZEP – RRS) ; ils s’interrogent depuis de nombreuses années sur les questions de l’évaluation par compétences ; ils évaluent sans notes sur les niveaux sixième et cinquième ; leurs pratiques continuent d’évoluer au profit d’une pédagogie au service des élèves (classe inversée, évaluation de l’oral spontané, BYOD...).

Ils ont assisté aux deux journées de Conférence nationale sur l’évaluation des élèves de décembre 2014 et en sont revenus confortés dans leur dynamique de recherche-action.

Le dialogue qui suit permet de croiser les regards, les points de vue, sur une pratique discutée et débattue l’an dernier et mise en place cette année. Les séances et les outils diffèrent mais les objectifs visés restent identiques : évaluer de manière bienveillante sans compromettre les exigences disciplinaires et éviter le fait qu’un trop plein d’erreurs « justifie » chez certains élèves le décrochage scolaire.

Le format adopté ici, le dialogue, permet une évidente liberté de ton qui met en exergue les faiblesses de l’évaluation la plus répandue à ce jour. Il s’agit avant tout d’une auto-critique, d’une analyse des pratiques antérieures, qui leur a été fondamentale pour aborder les réflexions d’aujourd’hui.

De la place de la note

Renan CAMENEN (RC dans la suite) – Cette dernière décennie, nous avons tous peu ou prou lu ou entendu avec une confiante défiance les exhortations d’A. Antibi à lutter contre la fameuse « constante macabre » qui voit décrocher au fur et à mesure un pourcentage inquiétant d’élèves qui viendront grossir les près de 120 à 150000 décrocheurs annuels sans qualification – sans que je sache d’où proviennent ces statistiques ; mais assuré dans la pratique quotidienne que des élèves quittent bien le système poches vides et amertume aux lèvres – ; les rapports PISA qui s’égrènent au fil des années – et là encore, depuis une décennie ! – n’en disent pas moins et rendent de plus en plus patents le fait que l’École de la République accroît ce qu’elle devrait réduire : la « fracture sociale ». Je ne reviens pas sur le sens des formules ; le constat est bien réel : l’institution produit par de très nombreux filtres et biais, et qu’on le veuille ou non – normalement plutôt non ! –, un écrémage injustifiable par la note dès les plus jeunes années.

Guillaume DAVIAUD (GD dans la suite) – C’est un échec et une partie de cet échec génère de l’incivilité, de la violence et de la délinquance ce qui représente un coup social exorbitant. Pierre Merle évoquait lors de la Conférence nationale pour l’évaluation des élèves (conférence de l’après-midi du vendredi 12/12) ces 130 000 jeunes qui quittent l’École chaque année sans rien... soit près de cinq millions d’individus sur quarante ans, une durée légale de travail... Ce n’est plus hasardeux d’affirmer que ces jeunes se sont quelque part sentis rejetés par l’Institution, et que la note est responsable de beaucoup !

RC – Oui, la note, cette vieille dame aigrie... On y revient toujours.

GD – Après les événements tragiques du mois de janvier, le débat sur la note retombe un peu et pourtant… C’est un bon point de départ !

RC – Les formations et mutualisations des pratiques ont depuis longtemps favorisé une grande variété des réflexes pédagogiques, non sans disparité entre le premier et le second degré, entre les établissements qui sont « classés », entre filières pro et voies générales, entre les disciplines : classes en îlots bonifiés ou pas, usages des TICE en ENT, tablettes, baladodiffusion, concours et master à la manière de..., classes inversées... Ces pratiques stimulent le travail en classe, développent le plaisir d’apprendre et luttent contre le décrochage mais voient trop souvent les séquences d’apprentissage s’achever par des évaluations singulièrement archaïques qui laissent songeur : une photocopie, des énoncés en noir & blanc, un barème synthétique, une épreuve circonscrite dans une durée bien définie par le cri des cloches. Pas très fun, mais ça la clarté d’annoncer la couleur : « finie la rigolade ! »

GD – Comme si toutes les stratégies innovantes mises en place n’avaient eu qu’une seule fin : masquer la dure réalité scolaire qui veut qu’il n’y ait pas d’apprentissage sans vrai travail, avec son lot de perdants...

RC – C’est trop rendre grâce au jansénisme... Le hic, c’est que ces évaluations restent majoritairement évaluées par des notes, et que ces notes n’ont jamais eu de vertu pédagogique à proprement parler, si l’on considère la pédagogie comme étant l’art d’enseigner des connaissances, des compétences, une culture ; trier, discriminer et hiérarchiser, çà oui, et pour l’élite seulement ! Au XIXème siècle, toute note et toute moyenne se conçoit dans une logique qualifiant/disqualifiant. Et qu’il s’agisse pour l’un d’entre-eux, suspecté de ne pas jouer franc-jeu, de réchapper au verdict d’une mauvaise note... La sentence peut claquer de manière infamante ! La littérature du XIXème fourmille de portraits de ces nouveaux héros qui refusent d’endosser le costume convenu et convenable du bon fils de famille. Mais tout le monde ne jouait pas dans cette cour-là... et jeunesse passée, il va sans dire que la plupart rentraient dans le rang.

Documents joints

Activité autour du conte en sixième

Contrat de réussite en sciences physiques

Document-support de séance de remédiation

Evaluation sur rédaction d’un conte

Grille d’évaluation de rédaction en français

Préparation d’une évaluation de français en quatrième