Evaluer avec des tâches complexes en SVT au collège publié le 14/02/2012

Quelques illustrations de tâches complexes en SVT

Proposer des tâches complexes aux élèves, c’est avant tout l’occasion de varier les pratiques pédagogiques, de rendre les élèves acteurs de leur formation.

Faire construire par l’élève les connaissances visées dans les programmes, développer des capacités et des attitudes propices à l’apprentissage sont les principaux objectifs.

Voici trois exemples de tâches complexes proposées à des élèves de troisième. Les deux premières correspondent à des tâches complexes formatives et la troisième est sommative.

Des chromosomes aux caractères (pdf)

La diversité génétique des individus (pdf)

Les groupes sanguins : sommative (pdf)

Construction de la tâche complexe

La consigne

Élaborer une situation déclenchante qui s’appuie sur le réel, le quotidien. Les élèves doivent pouvoir se reconnaitre, se mettre à la place du personnage cité.
Donner une consigne globale mais précise, l’élève doit comprendre ce que l’on attend de lui sans l’orienter dans sa démarche de réflexion.

Les documents proposés

Choisir des documents variés, texte, schéma, photos, logiciel etc.
Reformuler les titres et ajouter quelques indications. Le but n’est pas de piéger les élèves mais de leur fournir des supports variés, adaptés à leur niveau.

Les aides proposées

Il faut mettre à disposition des élèves des fiches d’aide ou coup de pouce.
Les aides peuvent être classées en plusieurs groupes :

  • aides sur les connaissances antérieures à utiliser (les pré requis)
  • aides méthodologiques
  • aides au repérage des informations
  • aides procédurales

Certains collègues trouvent qu’il s’avère parfois difficile de cibler efficacement, à l’avance, l’aide proposée. Il ne faut pas oublier que l’aide peut évidemment être donnée au cas par cas, à l’oral, pendant la séance et que certains élèves ont tout simplement besoin d’être rassurés sur la voie qu’ils ont empruntée. Je constate que ce phénomène s’estompe au fil des séances.

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Déroulement de la tâche complexe en classe

Présentation de la tâche complexe

Pour les tâches complexes formatives, les élèves peuvent travailler par groupe de deux ou plus selon les cas.
Ils prennent connaissance de la consigne de manière autonome.
Au cours de la première tâche complexe, les élèves sont souvent désappointés.
« Mais qu’est-ce qu’il faut faire ? »
En s’appuyant sur le socle commun, on peut rappeler qu’il s’agit d’extraire et d’utiliser des informations utiles pour résoudre le problème posé, qu’on doit pouvoir comprendre leur raisonnement, qu’il faut donc argumenter et rédiger correctement en proposant une présentation adaptée.
Préciser que le but du travail est de chercher et de trouver une solution au problème posé même si ce n’est pas le bon résultat !

Signaler aux élèves qu’ils doivent utiliser tous les documents et qu’ils peuvent les utiliser dans l’ordre qu’ils veulent.

Préciser à ce moment que s’ils rencontrent des difficultés, s’ils n’arrivent pas à commencer le travail, ils disposent d’aides diverses et qu’il faut venir les chercher sur le bureau de l’enseignant.

Au cours des premières tâches complexes, cette démarche vers l’aide, n’est pas toujours évidente pour les élèves, c’est souvent, quand l’un d’eux se décide que d’autres suivent.
En effet ils doivent faire preuve d’autonomie et identifier leurs points faibles.

Savoir s’effacer tout en restant disponible

Pendant la séance, l’enseignant devient observateur et disponible.
Ce temps d’observation permet de relever les échanges dans les groupes et observer l’attitude des élèves.
C’est aussi pendant ces moments que les élèves les plus timides vous interpellent pour savoir s’ils sont sur la bonne voie où vous demandent quelques explications supplémentaires.
On peut découvrir ainsi, certains blocages. Par exemple pour la tâche complexe sur les gènes, une élève s’interroge sur l’origine du gène SRY puisqu’il n’y avait pas de chromosome Y ! La réponse sera donnée à l’oral pour l’ensemble de la classe et ajoutée sur le document par la suite.

Cette approche pédagogique permet des échanges privilégiés avec les élèves, leurs retours alimentent ma réflexion, me remettent en question, j’apporte ainsi régulièrement des modifications au travail que je leur propose.

Évaluer certaines compétences du socle commun

Très rapidement les élèves qui ont de bonnes capacités de raisonnement sont repérés, pour ces élèves le travail est fait rapidement et leur raisonnement est correct, ces élèves peuvent être sollicités pour devenir des tuteurs pour un autre groupe choisi par l’enseignant, l’objectif du tuteur est d’aider le groupe sans faire le travail à sa place.

Repérer les élèves en difficulté

Sur l’ensemble d’une classe, on retrouve souvent un à deux groupes qui n’adhèrent pas à l’activité. Ce sont ces élèves qui se contentent de rédiger à la hâte, sans prendre le temps de la réflexion ou qui rencontrent des difficultés de compréhension ou de raisonnement. En plus ces élèves ne sont parfois pas conscients de leurs difficultés et ne viennent pas systématiquement chercher une aide.
Attention à rester disponible pour ces élèves une fois qu’ils sont repérés, il faudra ajuster le soutien au cas par cas.


Evaluation et correction

Une grille d’évaluation (pdf) a été proposée et expliquée aux élèves en début d’année.
Une grille commune, moins détaillée est en cours d’élaboration.

Evaluer différemment, évaluer en prenant en compte les compétences du socle commun.

Pendant la séance on peut très facilement évaluer l’investissement et l’attitude des élèves. Il s’agit de la compétence 7 (Autonomie et initiative).
Pour la compétence 3 (les principaux éléments de mathématiques et de la culture scientifique), il ne faut pas perdre de vue que l’on cherche à évaluer leur raisonnement. Les informations relevées peuvent être en adéquation avec le raisonnement proposé par l’élève, mais la réponse peut-être fausse.
Dans un premier temps, accepter une réponse erronée, mais logique n’a pas été si évident !

La correction

Très souvent, on obtient des réponses très différentes les unes des autres. Après une brève présentation des résultats obtenus, les élèves sont souvent en attente de la bonne réponse.
A la fin de l’heure, une compétition constructive émerge.
« C’est nous qui avons raison, hein Madame ! »
Certains élèves continuent à discuter et argumentent pour défendre leur point de vue tout en rangeant leurs affaires.
Piquer la curiosité des élèves, un autre intérêt des tâches complexes !
La semaine suivante, les élèves sont généralement plus à l’écoute lors de la correction.

Au moment de la correction c’est l’occasion de présenter certaines productions d’élèves pour leur rigueur, originalité. Pour d’autres, c’est un moment où on essaie de leur redonner confiance en les valorisant sur certains points.

Différenciation pédagogique

Pour les groupes repérés précédemment, il faut proposer des stratégies pédagogiques différentes.
Les groupes peuvent être choisis par le professeur, des groupes homogènes qui n’ont pas rencontré de difficulté peuvent travailler en autonomie alors que d’autres seront pris en charge par le professeur.
Les critères de réussite peuvent être identifiés plus clairement pour certains élèves.
Des aides ciblées peuvent être proposées avant que le groupe ne le demande.
Pour les groupes d’un bon niveau, on peut proposer qu’ils deviennent tuteurs d’un autre groupe ou leur donner une activité d’approfondissement.

Pour conclure je terminerai juste par une citation de Jean Marie De Ketele :

« Parler moins, faire agir plus et observer pendant ce temps ! »

Documents joints