Bienvenue dans les classes du futur du lycée de Civray publié le 15/12/2015  - mis à jour le 16/07/2018

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Après quelques mois d’utilisation...Voici une interview de Boris Colin, enseignant d’histoire-géographie, co-responsable des classes du futur et de Louise Merlet, la professeure-documentaliste du lycée.

A propos de la formation des enseignants à ces nouveaux outils

Boris Collin : Le projet est bien un projet pédagogique et non pas simplement une dotation "technique". Mais pour que la technique soit au service de la pédagogie, il a effectivement fallu se former.
L’utilisation des visualiseurs, des ordinateurs tactiles, des réseaux sociaux, des applications (Padlet surtout mais aussi Plickers) nous ont demandé une prise en main. C’est essentiellement des regroupements en équipe et en co-formation en interne au lycée qui ont permis d’être prêt. Le rôle fondamental du RUPN a aussi été décisif.
Les bilans que nous avions pu tirer des rencontres européennes de Lisbonne et Dublin se sont avérés fondamentaux aussi. Mais je dirai que c’est véritablement le travail en équipe et l’émulation qui a été générée, qui ont permis de lever les obstacles inhérents à toute nouveauté technique.
Nous collaborons aussi via Padlet pour faire profiter à tous les utilisateurs de nos solutions, nos expérimentations. Et les élèves ont aussi un rôle de tuteurs auprès de nous car ils maitrisent parfois bien mieux certains aspects techniques, et c’est tant mieux.

Grâce à des visualiseurs
les travaux d’élèves
sont diffusables à
tous en quelques secondes.
Photo : Damien Guittard

L’application Plickers permet
de scanner les réponses
des élèves ; le résultat du
sondage apparaît
simultanément au tableau.
Photo : Damien Guittard

Philippe Gautron,
enseignant de SES,
interroge ses élèves
avec Plickers.
Photo : Damien Guittard.


Une pédagogie repensée pour favoriser l’implication des élèves

Les élèves ont personnalisé
leur espace de travail :
coin lecture, mur d’expression
et même un poisson rouge
dans son bocal.
Photo : Damien Guittard.

BC : Ce projet se voulait global. Repenser donc la technique, mais aussi les classes et la manière d’enseigner. Nous voulions casser le rapport descendant de l’enseignant diffusant son savoir et souvent dans l’impossibilité de mettre réellement les élèves au travail. Donc il fallait repenser les espaces pour qu’ils s’approprient leur classe, qu’ils en soient responsables, qu’ils la personnalisent (ils ont maintenant un poisson rouge !). Qu’ils puissent aussi s’exprimer avec des murs d’écritures. Et surtout qu’ils travaillent en équipe afin de participer à un projet commun de co-construction du cours.
Nous travaillons donc en pédagogie dite inversée, avec une base du cours envoyée à l’avance et travaillée par les élèves et un vrai travail de remédiation et d’approfondissement en cours. Cela suppose de repenser notre place au sein des élèves. Il n’y a plus de bureau d’enseignant et celui-ci est parmi les élèves.
Cette répartition des taches permet de différencier nos apports selon les besoins des élèves et de passer du temps avec les élèves aux besoins particuliers. Elle permet aussi de "casser" la peur du jugement et la problématique de l’erreur que nous avons trop souvent. Comme les élèves travaillent ensemble et donnent à voir leur production, ils s’habituent à l’erreur et au nécessaire partage.
Au final, cela est un avantage pour les élèves décrocheurs mais cela suppose un gros travail en amont des cours et une place différente pendant les enseignements.

Des cours qui se décloisonnent, des équipes qui s’engagent dans un projet global

BC : C’est un projet d’équipe qui nous oblige à repenser notre manière d’enseigner et notre rapport à la classe. Les deux classes ne sont plus aujourd’hui cloisonnées. Cela donne du sens pour les élèves.
Au lieu d’avoir une succession de 55 min de cours avec des personnalités différentes, ils observent davantage aujourd’hui une équipe qui est engagée dans un projet global. Nos portes sont ouvertes et les collègues assistent à d’autres cours, se permettent d’entrer dans les salles pour récupérer des affaires ou donner une info.
Je pense que l’on commence à décloisonner nos cours, qui pour beaucoup d’entre eux, se font en commun et parfois en interdisciplinarité, avec une véritable collaboration de la professeure-documentaliste.

Un rôle à repenser pour la professeure-documentaliste

Louise Merlet : L’accès aux ressources numériques pour l’enrichissement des cours des élèves est dans ce projet essentiel. Il est important de repenser l’utilisation classique des ressources et de l’envisager "hors des murs" du CDI.
Le portail documentaire E-sidoc semble tout à fait adapté à ces nouvelles pratiques, en permettant l’accès direct à des ressources numériques en ligne (Encyclopédies en ligne, banque de vidéos ou d’image) et de mettre en valeur des sélections thématiques (sites internet, articles de périodiques ou autres), en lien direct avec les programmes de la classe.
L’utilisation de QR codes, affichés sur les murs des salles ou des Padlet, et d’outils de curation tel que Pearltrees (pouvant être intégré dans E-sidoc) facilite la consultation de ces sélections.

Qu’en pensent les élèves ? Les enseignants ?

BC : Au final, élèves comme enseignants semblent apprécier cette nouvelle organisation, qui bouscule un peu nos pratiques mais semble plus en phase avec notre monde actuel et davantage au service de la réussite de tous les élèves.

LM : Même s’il est encore un peu tôt pour mesurer l’impact réel de cette expérimentation, les élèves semblent utiliser davantage les ressources numériques mises à disposition. La perspective de l’installation d’une borne wifi à la rentrée prochaine permettra vraisemblablement d’intensifier ces nouvelles pratiques.

Cette interview a été réalisée en mai 2015, l’expérimentation continue cette année, pilotée par Laetitia Léraut et les équipes pédagogiques des classes de TES.

Classe inversée en histoire, vidéo filmée à Civray, site Agence Nationale des Usages des TICE