Ce que le numérique fait à l'apprendre et à l'enseigner publié le 16/12/2015  - mis à jour le 16/07/2018

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Représentation
issue du triangle pédagogique
de Jean Houssaye

Renouvellement du savoir enseigner

L’être vivant apprend sans cesse (parce qu’il perçoit, il stocke, il traite, il émet des informations), et particulièrement l’être humain évolue en imitant, en expérimentant, en interagissant avec autrui.

Passer des « contrats » entre professeur et élève s’avère parfois - dans le contexte actuel - trop normé et limitatif. Attention à ne pas tout mettre dans des cases. Un.e enseignant.e gagne à agir en fonction d’une visée plus que d’objectifs, pour être capable d’accepter la variété des chemins et capable d’adapter le cours en fonction de ce que les événements et les élèves apporteront. Il s’agit de cheminer avec celui qui apprend, en faisant preuve de curiosité, d’inventivité, de sérendipité (profiter des opportunités).

Notre rôle est aussi d’aider à passer de la perception individuelle à la généralisation, et dans l’autre sens de la représentation mentale au concret, ce qui implique d’apporter aux apprenants une structuration réflexive des informations rencontrées.

Cf les travaux de Marcel Lebrun sur la socialisation des outils.

Facteurs de résistance individuelle

 Nous allons d’abord vers ce que nous connaissons ;
 nous essayons toujours d’économiser notre énergie ;
 les affects et l’affectif font obstacle ;
 les émotions constituent une ressource risquée ;
 ce qui est nouveau fait parfois concurrence à ce que nous pensions savoir ;
 nous ne pouvons apprendre que ce qui est proche de ce que nous savons déjà.

Facteurs de résistance institutionnelle

Des acteurs doivent accompagner les changements, notamment en donnant plus de visibilité aux gestes professionnels qui correspondent aux besoins actuels (par exemple aux postures qui permettent de développer l’esprit critique), et améliorer la liaison entre les résultats de recherche et la pratique, pour une approche plus scientifique de la pédagogie.

Cf travaux de A.-M.Hubermann sur la résistance au changement en éducation, publié en 1973 par l’UNESCO (pdf de 5,5 Mo)

7 compétences à développer

  1. Parce que le numérique nous ouvre une fenêtre sur le monde de l’information et des savoirs :
    Accéder à l’information et la transformer en connaissance.
  2. Parce que le numérique nous ouvre des portes vers les autres :
    Participer à un travail à plusieurs et y tenir sa place en respectant le groupe.
  3. Parce que le numérique permet à chacun de choisir en donnant accès à la diversité :
    Se diriger par soi même dans son développement et ses apprentissages.
  4. Parce que le numérique offre des possibilités nouvelles d’autoformation, d’apprenance :
    Mettre à profit les situations quotidiennes de vie pour se développer, apprendre et apprendre à apprendre de…
  5. Parce que le numérique envahit et surcharge notre environnement cognitif :
    Organiser et structurer son travail intellectuel et mental en utilisant les ressources internes et externes.
  6. Parce que nous sommes de plus en plus mobiles et connectés, distants et présents :
    Gérer son nomadisme en étant capable de maîtriser les espaces, le temps et les contraintes de la distance.
  7. Parce que le numérique offre à chacun une vitrine pour se montrer, se dire :
    Se construire et développer son identité et son image personnelle.

Et les formations hybrides dans tout ça ?

Un auditeur l’ayant interrogé sur la formation à distance, Bruno Devauchelle a répondu que dans ce modèle la réussite dépend beaucoup de la capacité de l’apprenant à apprendre (auto direction, auto régulation...). Le formateur pour sa part doit réussir à être présent à distance, ce qui nécessite en soi un apprentissage.
Certains apprenants ont besoin de beaucoup de guidance (guidance socio affective, méthodologique, technique...). Plutôt qu’une succession des modules programmée dans le temps il pense souhaitable d’envisager des paliers progressifs de complexité.
Il lui parait aussi important de soigner l’alignement pédagogique des ressources les unes par rapport aux autres, c’est à dire la cohérence du dispositif.

Cf travaux de Jacques Rodet sur le tutorat et de Marcel Lebrun sur l’alignement pédagogique.

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Document joint

Support de la conférence-débat
23 novembre 2015
Bruno Devauchelle