Appareils numériques personnels en classe (BYOD) publié le 12/06/2014  - mis à jour le 17/07/2018

Peut-on laisser les élèves utiliser en classe leur téléphone, ordinateur portable ou tablette ?
Cette question complexe a été discutée lors des "rencontres autour du numérique" d’avril 2014 en présence de professeurs qui ont opté pour une réponse positive.

image wikimedia commons
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En cours de technologie

Pascal Godard, professeur de technologie au collège de Ménigoute, estime souhaitable de laisser la classe tirer parti dans son cours des outils dont beaucoup d’élèves disposent maintenant à titre personnel.
Lui-même utilise en classe sa propre tablette et un media center sous Android1 avec des logiciels qui lui permettent de piloter un tableau numérique interactif et le poste de vidéo projection2.
Il crée, quand il en a besoin pour une activité, une passerelle avec un CPL ce qui permet aux élèves de pouvoir profiter d’une connexion internet avec leur smartphone3. Les élèves peuvent ainsi faire et envoyer des photos, des relevés, et utiliser des sites web. La prise est débranchée quand les activités pédagogiques ne nécessitent plus de connexion.

Cela permet notamment aux élèves de rédiger pendant les séances en ateliers des compte-rendus collaboratifs comportant des écrits et des images, et pour les élèves qui ont des difficultés importantes avec l’écrit d’enregistrer oralement des compte-rendus.4

Ces pratiques ne posent-elles pas un problème d’équité ?

Effectivement les élèves ne sont pas tous équipés de la même manière. Les modalités de travail doivent être pensées pour prendre en compte la disparité (par exemple travaux en petits groupes dans lesquels un élève fait les relevés, selon le cas avec son matériel ou avec un matériel prêté, par un camarade ou par l’établissement).
Par ailleurs la co-formation est une manière de tirer parti de ces différences : les élèves se forment entre eux sur leurs matériels, et élargissent ainsi leur culture technologique
L’enseignant a constaté pour sa part que les élèves qui n’ont pas de téléphone ni de tablette se montrent intéressés par ces pratiques, et ne sont pas laissés pour compte.

Le support de présentation du témoin :

Apporte ton propre matériel en classe (Flash de 460.3 ko)

Récit d’expérimentation d’un professeur de technologie.


Le cahier et la tablette

photo Hélène Paumier,
Cc by-nc.

Quand l’établissement fournit un matériel personnel

Au lycée Pilote Innovant International les élèves ont été dotés de tablettes. Cette expérimentation, initiée en 2012 et dénommée « Living Cloud » (voir la fiche descriptive de l’expérimentation), vise le basculement du lycée au tout numérique, accompagné par l’institution et observé par des chercheurs.
Les élèves et les enseignants peuvent s’approprier la tablette et en faire un objet "scolaire avec usages privés possibles". Les enseignants ont reçu le matériel quelques mois avant les élèves : les expérimentations menées dans d’autres établissements présentaient ce décalage comme souhaitable.

Joël Coutable est professeur de SVT dans ce lycée. Il fait partie des enseignants qui laissent les élèves choisir leur outil de prise de notes (papier, ordinateur, tablette). Il leur permet d’avoir recours à internet pendant la classe, grâce au wi-fi de l’établissement.
L’expérience est encore trop neuve pour en tirer des conclusions, mais ce témoin souligne que les tablettes constituent un équipement léger, qui s’allume et s’éteint rapidement, et dispose d’une bonne autonomie5, ce qui ouvre des possibilités intéressantes et motivantes de collaboration.
Élèves, étudiants et enseignants s’entraident pour l’appropriation du matériel et l’exploration des applications susceptibles d’aider les apprentissages.

L’expérience pose en revanche des questions liées au stockage des fichiers et à la connexion internet, pas toujours suffisante au moment où on en a besoin pour le cours, car très sollicitée. Elle soulève aussi des interrogations éthiques : le fait de doter les élèves évite l’inéquité dans l’équipement, mais certaines familles n’ont pas envie qu’un "écran connecté" supplémentaire (qui est aussi dans le cas présent un objet relativement fragile) soit ajouté dans l’environnement privé du jeune. Une sensibilisation à un usage raisonnable des tablettes est à prévoir.

Ne faut-il pas éviter d’exposer les jeunes aux rayonnements électromagnétiques ?

L’assemblée parlementaire européenne a publié en effet en 2011 une résolution à ce sujet, et recommande notamment de :

  • s’en tenir à une exposition "as low as reasonnably achievable" (aussi basse que raisonnablement acceptable), en particulier dans les lieux d’accueil d’enfants ;
  • informer plus largement sur les manières d’utiliser les appareils connectés qui permettent d’éviter une trop forte exposition ;
  • poursuivre les études sanitaires.

Le dernier rapport de l’agence nationale sanitaire (ANSES) sur le lien entre radiofréquences et santé date d’octobre 2013. Il confirme l’impact biologique de l’exposition aux ondes électromagnétiques. Aucun risque sanitaire n’est avéré, mais l’innocuité à long terme ne l’est pas non plus.
Il est donc recommandé d’équiper les classes de manière à ce que les ondes ne soient présentes que dans les lieux et les moments où elles sont utiles.

Pour en savoir plus sur la question de l’usage en classe de matériel personnel

Sur le thème du BYOD (Bring Your Own Device)6 quelques articles récents :

 Usages et difficultés repérés par des enseignants de SVT lors d’une expérimentation « mobilité » menée dans plusieurs académies, pôle numérique de l’académie de Créteil.

 La variété et la souplesse de l’usage des tablettes au lycée Pilote International Innovant filmée par une enseignante référente des usages pédagogiques numériques.

 Le dossier "utiliser les téléphones mobiles en classe" sur Educavox, site collaboratif offrant des points de vue d’enseignants et de chercheurs.

Pour en savoir plus sur le wi-fi en classe

 Sur le site de l’académie de Grenoble, résumé des précautions à prendre par rapport au wifi en classe.

 Radiofréquences et santé, sur le site Eduscol.

Pour en savoir plus sur Evernote

 Outil gratuit selon le modèle du freemium7. Accord parental requis pour les enfants de moins de 13 ans (voir section "est-ce que les enfants peuvent utiliser Evernote ?" des conditions d’utilisation).
Voir les fonctionnalités, un extrait des conditions d’utilisation et un exemple d’usage sur le site Canopé de Besançon.

(1) NEO MINIX X7

(2) logiciels utilisés : Slashtop (voir site Canopé Dijon) et la version gratuite d’Interwrite

(3) dans ce collège les élèves disposant d’un smartphone représentent entre le quart (en 6ème) et les 2/3 (en 3ème) des élèves de la classe

(4) Logiciel utilisé : Evernote, service hébergé aux États-Unis, disponible sous différents environnements et en ligne.

(5) les tablettes n’ont pas besoin d’être rechargées pendant la journée mais d’autres expérimentations montrent que cette autonomie baisse année après année

(6) équivalent français AVEC Apportez Vos Equipements personnels de Communication

(7) l’éditeur propose une version plus élaborée payante

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Auteurs

 Chantal Bernard

 Pascal Godard