D'un projet eTwinning à un projet Comenius publié le 21/10/2013  - mis à jour le 17/07/2018

Au Lycée Pilote International et Innovant, de nombreux projets pédagogiques ont une dimension internationale. Une enseignante de Sciences de l’Ingénieur, Barbara Ponizy, explique comment un projet eTwinning peut évoluer vers un projet Comenius : “Industry&Robotics : European Industrial Technology and Robotics, new educational approaches for creative learning”.

L’ouverture européenne en SI – anglais au LP2i : une vieille histoire

La section européenne Sciences de l’Ingénieur – Anglais au LP2I démarre un projet Comenius sur le thème « Industrie et Robotique ».
Depuis 2010-2011 les élèves de la section SI-anglais participent à des projets internationaux sur la plateforme eTwinning. Ces projets ont été récompensés par des Labels de qualité européens. L’un d’eux a été distingué par le prix national dans la catégorie lycée.

Le nouveau projet Comenius, approuvé par l’agence Europe-Education-Formation France et coordonné par des professeurs du LP2I, améliorera la coopération entre quatre de ses partenaires : l’Italie, l’Espagne, la France et Malte.

Un des robots réalisés par un groupe d’élèves du LP2i

Trouver des partenaires fiables

Familière de la plateforme, Barbara a utilisé la panoplie d’outils de recherche de partenaires d’eTwinning, à laquelle plus de 200 000 enseignants sont inscrits :

  • Le moteur de recherche (interrogeable en plein-texte ou en mode avancé multicritères)
  • Les forums eTwinning et Comenius (un forum par niveau scolaire)
  • Les salles des profs (dans lesquelles il faut s’inscrire ou être invité)
  • Les projets déjà existants (en recherchant des projets similaires ou compatibles au sien, il arrive que l’on puisse se joindre à un groupe déjà en projet)

Finalement, la collègue italienne ayant déposé une annonce dans un forum de recherche de partenaires, c’est cet outil qui s’avèrera payant. Le partenaire maltais était déjà connu, ayant déjà été en projet avec le LP2i.

eTwinning ferme tous les projets en fin d’année scolaire, il appartient aux porteurs de projets de les rouvrir le cas échéant (un simple clic suffit à réactiver un projet) : Barbara choisit de créer un nouveau projet plutôt que de prolonger un ancien.

Comment choisit-on un partenaire ? En général Barbara « prend ceux qui se présentent ». « Il y a quelques années, les labels qualité étaient délivrés aux projets méritants par chaque pays, avec un peu d’habitude sur les critères nationaux de sélection, j’arrivais à choisir parmi des partenaires déjà labellisés, c’était rassurant. Désormais c’est le projet qui obtient le label, pas chaque membre, c’est plus difficile de choisir un bon partenaire ».

En règle générale, Barbara inscrit tous les volontaires qui souhaitent entrer dans son projet, même si ensuite certains s’avèrent inertes. « Ça ne me gêne pas d’avoir des participants inactifs ou observateurs, un jour peut-être deviendront-ils actifs ». Pour elle c’est à chaque pays de juger de la pertinence de garder ou non un partenaire inactif dans un projet.

Une fois le projet lancé, l’ambiance est-elle toujours conviviale avec les partenaires ? « Pas toujours, dit Barbara, parfois nos objectifs sont différents. Il faut faire preuve de diplomatie ». Il est normal que le porteur de projet soit l’élément moteur, les autres peuvent légitimement se sentir « suiveurs ». Il faut simplement veiller à ce que les attentes ne soient pas trop asymétriques. « Il est difficile d’expliquer aux partenaires que ce que l’on souhaite d’abord, c’est que les élèves soient en contact et produisent du contenu ».

L’outil de communication entre les enseignants porteurs du projet est le forum hébergé sur le site des italiens : les entrées y sont thématiques, l’écrit asynchrone permet à chacun de contribuer en fonction de ses disponibilités et laisse une trace. Les malentendus y sont moins fréquents qu’en visio ou qu’au téléphone.


Le projet

Ce projet Industry&Robotics impliquera principalement les élèves des sections de Sciences de l’Ingénieur mais d’autres élèves pourront s’y joindre. Le LP2i, lycée pilote, innove en mettant en œuvre des dispositifs spécifiques d’aide à l’élève comme les ACF (activités complémentaires de formation), les MID (modules interdisciplinaires, sortes de pré-TPE en 2nde), les demi-journées BAS (besoins, approfondissement, suivi), les cours de TICEM (informatique et médias : ainsi le lycée émet une radio.

Initialement rédigé pour un groupe limité d’élèves, le projet devrait impliquer au final 80 élèves : les 1ères section Européenne travaillent sur les robots dans la littérature et le cinéma, les Terminales et 2ndes travaillent sur l’industrie automobile et participent au concours Course en cours en ACF, d’autres travaillent sur le projet dans le cadre de l’Orientation, les TPE…

La robotique, thème polyvalent et attrayant pour les élèves, permet de « réveiller leur curiosité et leur créativité ». Les élèves sont amenés à proposer et à réaliser leurs propres solutions, souvent en collaboration avec les partenaires étrangers. Une grande priorité est donnée à la communication entre les élèves de différentes écoles partenaires où l’anglais et les TIC s’avèrent indispensables. En cela le projet reproduit le fonctionnement d’un groupe de scientifiques collaborant à distance.

En dehors du thème du projet, n’est-ce pas la simple rencontre avec d’autres jeunes qui motive la participation des élèves ? Certes ils sont « contents de rencontrer les autres », mais certains élèves sont davantage motivés par le travail. Le projet pédagogique n’est pas secondaire. Un bon projet doit permettre une vraie collaboration entre partenaires : chacun peut trouver la documentation touristique sur les pays participants, leur cadre de vie… en revanche il est beaucoup plus intéressant de chercher ensemble comment l’A380 est fabriqué en Europe. Il ne s’agit plus alors de compiler des chapitres créés par les partenaires, mais bien de travailler ensemble à une œuvre commune.
Pour affirmer le caractère scolaire du projet, Barbara a essayé de noter les productions que les élèves déposent sur la plateforme. La note serait un levier supplémentaire surtout en 2nde, mais le lycée fonctionne sans note pour ce niveau.

Autre motivation : à travers ce projet les élèves pourront découvrir les industries et des laboratoires de recherches scientifiques de différents pays européens, « ce qui les aidera dans leur orientation professionnelle ».

Un robot réalisé par un autre groupe d’élèves du LP2i

Les outils, la méthode

Très logiquement, les élèves, inscrits par les enseignants dans le Twinspace (plateforme de collaboration fournie à chaque projet eTwinning) commencent par se présenter aux partenaires, et commentent les présentations des partenaires. Les outils les plus courants sont utilisés : diaporamas Impress d’OpenOffice, exportés en Flash et déposés sur les pages web. Les activités « brise-glace » décrites dans le site eTwinning sont menées (« devine qui est qui » sur la photo de groupe, etc.). Très tôt la question de la protection de la vie personnelle est débattue entre enseignants, les plus laxistes arguant que l’implication des élèves est plus grande si une certaine personnalisation est autorisée (photo, prénom et nom : « c’est quand même plus sympa quand il y a une photo et pas une fleur »).

Les outils du Twinspace sont nombreux, même s’ils manquent de convivialité, ils sont privilégiés car la plateforme est sécurisée et rassemble de nombreuses fonctionnalités (dépôt de documents, chat, forum, messagerie, blog, wiki, pages web, agenda de groupe) en un seul endroit. Les outils « domestiques » ou grand public sont « embeddés » (inclus) dans des pages web. Il manque toujours une solution de stockage de vidéos : Youtube est mis à contribution (une entorse à la neutralité des outils).

La collaboration est l’occasion de confronter les cultures : tel partenaire ne souhaite publier que le produit fini, Barbara préfère publier le travail en cours d’élaboration ; les élèves de tel partenaire ne disposent que d’un compte générique d’accès aux outils, alors que les élèves du LP2i ont leur propre compte, ainsi que le prévoit le Twinspace…

La visibilité du résultat (pour les parents, par exemple) est assurée par un blog de la plateforme académique. Le LP2i en utilise plusieurs dizaines : voir par exemple celui d’un autre projet européen de la même section.

eTwinning et Comenius : deux dispositifs complémentaires pour un objectif commun

eTwinning est souvent considéré à juste raison comme une première étape vers un projet de mobilité réelle : on trouve ses partenaires sur eTwinning, on se teste sur un ou deux projets de complexité croissante, puis on dépose un projet de mobilité réelle Erasmus+1.

Malgré l’absence de financement, eTwinning reste un dispositif pratique, souple, relativement simple et lisible. L’(ex) programme Comenius , signé pour deux ans, rebute souvent : la rédaction du rapport final « fait peur et empêche d’embrayer tout de suite sur le projet suivant ». Mobilité virtuelle avec eTwinning, mobilité réelle avec Comenius : les deux dispositifs se complètent et concourent à l’ouverture européenne des jeunes et au rayonnement d’un lycée « international et innovant ».

 Projet Industry & Robotics @ school (2012-2013) : le Twinspace (espace de collaboration qui peut être public ou privé) :

 Projet I&R - European Industrial Technology and Robotics, new educational approaches for creative learning (Comenius 2013) :

(1) en 2014 le programme Comenius disparaît pour s’inclure dans le seul dispositif européen de mobilité Erasmus+