Faut-il créer ses propres ressources ? publié le 03/05/2013  - mis à jour le 17/07/2018

Echanges entre enseignants sur l'usage professionnel du numérique

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Partager des ressources avec des collègues ?

Dominique B, enseignante de mathématique en collège :
 Pour ma part je partage volontiers, mais la démarche ne va pas de soi, il faut dépasser la crainte du jugement.
J’ai constaté qu’il est utile de documenter une fiche d’activités quand on la met à disposition des collègues, par des métadonnées (expliquer pour quels objectifs on l’a créée, les pré-requis et les conditions nécessaires...). Sinon il arrive qu’elle soit mal employée, notamment par les professeurs stagiaires ou débutants.

Emmanuel A, professeur d’anglais en lycée :
 Nous avons créé en 2007 une banque d’exercices interactifs en anglais : BEXI. Ces ressources classées par niveau d’étude sont toujours utilisées par des collègues, essentiellement pour la remédiation (faire retravailler sous une forme nouvelle des points précis de grammaire).
Mais se pose la question du champ lexical : faire utiliser des exercices non associés directement à une leçon peut confronter l’élève à des difficultés (vocabulaire inconnu).
On doit donc aussi apprendre aux élèves à faire face aux nouveautés (à utiliser un dictionnaire en ligne par exemple, ou le module traduction de Firefox) si on veut utiliser ces banques d’exercices.

Christophe B, animateur TICE :
 Quand on veut partager largement des ressources numériques il faut penser à prendre en compte l’interopérabilité, certains cours (construits avec un tableau blanc interactif par exemple) ne peuvent pas être réutilisés avec un logiciel facile d’accès et gratuit, en raison de leur format.

Travailler en équipe ?

Franck R, professeur en sciences de l’ingénieur :
 Nous créons des cours en commun depuis plusieurs années (au sein de l’établissement ou en réseau de 4 établissements).
Les conditions :

  • se voir au départ pour définir ensemble ce qu’on veut obtenir. Deux ou trois réunions de visu sont nécessaires au cours du processus, ne serait-ce que pour se connaître, ensuite on peut traiter chacun sa partie et continuer la concertation à distance ;
  • accepter les différences de raisonnement, se dire que plusieurs approches peuvent être valables. Ce n’est pas le plus facile, c’est un état d’esprit à acquérir.

Marianne S, enseignante de mathématique en lycée :
 Nous travaillons en équipe disciplinaire. Le plus simple me semble de se répartir les chapitres. Ensuite chacun fait sa feuille de route (sa progression) pour utiliser ces contenus.

Franck S, professeur de sciences de l’ingénieur :
 Il est difficile de travailler en grand réseau parce qu’il est compliqué de se réunir. Pour ma part je travaille avec un collègue depuis 10 ans, et nous apprécions ce travail commun. Nous avons une arborescence et une feuille de style communes.

Emmanuel A, professeur d’anglais en lycée :
 Quand nous avons créé la banque d’exercices en anglais nous étions deux à définir la structure du projet, les autres contributeurs se sont inscrits dans le cadre que nous avions organisé.

François E, professeur de philosophie en lycée et président de l’ADULLACT1 :
 Des communautés d’enseignants parviennent à réaliser des bibliothèques de ressources pédagogiques numériques, par exemple dans le projet Open Sankore. Cela commence à devenir vraiment intéressant quand la communauté est large. Il y a différentes manières de contribuer à ces projets existants : relectures, développement, mises à jour...
Dans ce type de démarche il y a une réflexion à mener sur la granularité, il faut qu’un enseignant puisse utiliser une partie de cours, un petit module (grain de formation) qu’il pourra inclure dans un scénario original.

Boris L, professeur de lettres en collège :
 Je produis des ressources avec des collègues depuis des années. Ce qui est produit collectivement est plus riche. Pour qu’un groupe produise en commun il faut une structure, un ou deux animateurs, mais aussi que chaque contributeur y trouve son compte. La question de la motivation est en soi importante et complexe.

Pierrick B, documentaliste en lycée :
 Le travail collaboratif et la mutualisation entre enseignants sont nécessaires, pour offrir une alternative aux manuels interactifs fermés.

(1) Association des développeurs et utilisateurs de logiciels libres pour les administrations et les collectivités territoriales.