Un portfolio d'élève en lycée professionnel publié le 28/01/2013  - mis à jour le 18/07/2018

Exemple de pratique en lettres-histoire

Thierry Dolbeau est un professeur nomade. TZR1 en lettres-histoire, il a travaillé dans 18 établissements différents.
Il s’appuie depuis des années sur des applications et des espaces de stockage en ligne, qui lui permettent d’avoir un accès facile à ses ressources pédagogiques. Il partage certaines de ces ressources, avec des collègues et avec des élèves, à la manière du Web 2.

En tant qu’enseignant il expérimente des méthodes qui visent à développer le "savoir lire", le "savoir écrire" et l’engagement de l’élève dans ses apprentissages, en s’aidant de portfolios numériques. Quand les élèves utilisent un portfolio pendant plusieurs années, les résultats sont visibles.

Une expérience présentée sous forme de poster à la conférence nationale "Culture numérique, éducation aux médias et à l’information", ENS de Lyon, 2013.

La "culture web"

Thierry s’est constitué pour lui-même un "bureau virtuel" (appelé dans Symbaloo "webmix") pour organiser l’accès à des marque-pages, des banques de données et des documents stockés dans des espaces en ligne.
Il apprécie, quand il cherche un document qu’il n’a pas lui-même référencé, de pouvoir consulter le bureau virtuel d’un collègue de sa discipline.

Le bureau virtuel Symbaloo
de Thierry D

Le bureau virtuel Symbaloo
d’un autre professeur
de lettres histoire

Beaucoup de jeunes savent utiliser des outils du web notamment pour partager des applications et des documents qui les amusent. Je voudrais les inciter à utiliser des outils similaires pour se former et s’informer.


Il a préparé également un webmix pour chaque niveau. Derrière les pavés colorés les élèves de terminale ont accès à :

  • un dictionnaire ;
  • une sélection de livres numériques (provenant notamment de Ebookgratuit.com) ;
  • une sélection d’images (stockées sur Joomeo) ;
  • des musiques (stockées sur OpenDrive) ;
  • une sélection de films téléchargés légalement sur archive.org.

    Ressources et applications
    mises à disposition
    des élèves de terminale
    par les professeurs de lettres-histoire


 Les élèves s’emparent-ils de ces outils ?
 Pas tous. Certains ne sont pas connectés chez eux. Mais ils ont tous l’occasion d’en constater l’utilité, ce qui est une 1ère étape. Certains vont jusqu’à se faire leur propre bureau virtuel.

Ceux-là pourront se faire facilement valider certaines aptitudes du Brevet Informatique et Internet lycée, qui évoque maintenant la veille documentaire (le bureau virtuel comporte en son centre un flux RSS personnalisable).


Rédiger

Les élèves utilisent différents espaces personnels d’écriture (blogs accessibles par mot de passe). Ils y donnent accès aux enseignants chargés du suivi en fonction des domaines :

  • portfolio professionnel (description des périodes en entreprises, d’actions professionnelles, curriculum vitae...), accessibles aux différents enseignants de la classe ;
  • portfolio de lettres histoire (comptes-rendus de lectures, synthèses de cours...), accessible au professeur de la discipline ;
  • portfolio de la classe (échanges avec le reste de la classe, notamment pendant les périodes de formation en entreprise), accessible aux élèves et à l’équipe pédagogique.

Un enseignant ne peut pas modifier un billet rédigé par l’élève, mais il peut le commenter.
Ces commentaires encouragent et accompagnent l’élève, posant parfois des questions, par exemple pour inciter à étoffer ou clarifier un propos.

2010 : L’élève effectue sa
1ère période en entreprise
et rédige ses 1ers billets
sur le portfolio.

2012 : L’élève a effectué
plusieurs périodes en entreprise
et amélioré son niveau
de rédaction.

Commentaires d’enseignants
sur un portfolio

Au fil des années, les auteurs en herbe prennent confiance, les écrits s’accumulent et s’améliorent.


Thierry demande aux élèves de rédiger individuellement une synthèse du cours. Précédemment ces synthèses étaient rédigées en classe, pour éviter des difficultés aux élèves non connectés chez eux ou peu motivés.
Pour la 1ère fois cette année, elles le sont après la classe.
Les élèves écoutent, prennent des notes, et résument l’essentiel chaque semaine.
Au début de l’année, ce travail est noté uniquement sur deux critères : la synthèse a été faite, dans les délais impartis.
Quand l’habitude est installée, les textes sont évalués selon 4 critères : la récurrence (le travail a-t-il été fait), la longueur de la synthèse, sa pertinence, la réécriture.
L’enseignant ne note pas les fautes, mais quand une erreur est récurrente il redonne à l’élève des explications, des méthodes et des exercices susceptibles de le faire progresser.
 


 Pourquoi avoir renoncé à le faire pendant la classe ?
 Parce que c’est matériellement compliqué de disposer d’une salle informatique, mais aussi parce que c’est un travail individuel, accompagné individuellement. Cependant ces portfolios ne sont qu’une extension spatio-temporelle de ce qui est fait en classe, ils sont intimement liés à ce qui s’y passe et au climat qui y règne.

 


 Comment font les élèves qui ne disposent pas d’un accès à internet chez eux ?
 Ils s’organisent. Par exemple ils font leur synthèse au CDI, ou à la maison, en la conservant sur une clef USB pour la télécharger au lycée. Chacun fait face à ses propres difficultés : certains n’ont pas de connexion, d’autres, plus nombreux, ont du mal à se mettre au travail, d’autres ont du mal à prendre des notes, ou à écrire. Mais la persévérance finit par payer.

 

Comment faites-vous pour suivre les productions des élèves ?
 Je m’organise, moi aussi. Par exemple j’ai ajouté à mon navigateur (Firefox) un agrégateur de flux (Bamboo), qui me signale les dernières productions sur les portfolios.
 Ma priorité est l’accompagnement des élèves qui s’engagent, je commente en fonction de la production de l’élève et de ce que je sais de lui. J’évalue les progrès plus que le niveau. Le vrai enjeu des portfolios est que les élèves se voient évoluer, sachent qu’ils peuvent progresser, année après année.

Le professeur est informé
des nouveautés sur les
portfolios d’élèves.

Argumenter

L’application gratuite diaspora, réseau social libre et décentralisé, a été utilisée pour des expériences d’argumentation.

Sur un thème en débat dans la société (faut-il autoriser...), chaque élève de la classe écrit un argument "pour" et un argument "contre". Puis il consulte l’ensemble des arguments développés et rédige une synthèse personnelle sur la question.

Là aussi, l’activité d’écriture ne fonctionne réellement qu’avec une partie des élèves, dont certains écrivent déjà comme de véritables blogueurs. Les autres constatent cependant à l’occasion de cette activité la multiplicité des points de vue et des manières de les présenter.

Pour en savoir plus :
Cette pratique est menée dans le cadre d’un projet innovant du lycée professionnel du Dolmen.

(1) Titulaire sur zone de remplacement