Real world in maths words publié le 15/03/2011  - mis à jour le 16/03/2011

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Sophie Bauer, professeure de mathématiques, parle du projet

Pour ma part, enseignant les mathématiques en anglais en section européenne, ce projet était une mise en situation idéale : l’anglais comme langue de communication indispensable avec les autres pays, le thème permettant de mobiliser des connaissances mathématiques diverses (selon les élèves, les connaissances réinvesties portaient sur les programmes de géométrie plane, de géométrie repérée, de géométrie analytique, ou sur les fonctions, suivant leur série et leur niveau), les TICE pour communiquer (avec les partenaires ou comme support de présentation), pour créer, et pour faire des mathématiques ; enfin les partenaires du projet étaient stimulants pour eux comme pour moi. Pour tous les partenaires, entrer en contact avec des élèves et des collègues d’autres pays européens, tout en réalisant un vrai travail mathématique, étaient les objectifs principaux.

 

Avez-vous établi un plan de travail avec vos partenaires au début du projet ou avez-vous construit le projet au fur et à mesure ?

Une liste des tâches a été établie au début du projet, principalement entre Mme Alfieri et moi, ainsi que les objectifs à atteindre. Puis nous avons été amenées à préciser certains aspects ou à relancer les partenaires lors de l’avancement du projet : par exemple, nous avions laissé à chaque pays la liberté de travailler sur les photos avec le logiciel de leur choix. Les Français ont commencé très vite sous Geogebra, et le travail réalisé a convaincu Italiens et Roumains de l’intérêt de ce logiciel ; les Italiens ont donc refait une partie du travail en l’utilisant, tandis que les Roumains ont passé du temps à se familiariser à ce logiciel puis sont passés aux réalisations, mais un peu plus tard que prévu.

 

Selon quelles modalités avez-vous communiqué avec vos partenaires ?

Des séances de chat ont eu lieu chaque semaine entre élèves français, italiens et roumains, pendant leurs heures de cours, le jeudi après-midi ; de nombreux échanges d’emails, des chats, et des messages laissés sur le forum du site Twinspace eTwinning ont permis d’échanger entre les professeurs. Les élèves qui le souhaitaient ont pu, en marge du projet, échanger leurs coordonnées.

 

Quels points positifs retenez-vous ?

Ce projet montre l’importance des logiciels de géométrie dynamique pour l’enseignement des maths : la géométrie est une partie des maths où les différences culturelles dans chaque pays influencent la manière de l’enseigner, or l’aborder par les TIC permet de relier les différentes approches (géométrie plane, géométrie vectorielle, géométrie cartésienne), grâce aux fonctionnalités du logiciel (interactivité, modifications du dessin conformément aux règles de géométrie, lieux de points, fenêtre algèbre, enregistrement et modifications ultérieures possibles, échanges avec des camarades...)

Il s’intègre parfaitement aux programmes, quitte à focaliser sur différents objets mathématiques selon les niveaux visés.

Il motive également les élèves, qui trouvent une occasion concrète, intéressante, de réutiliser leurs connaissances mathématiques. L’échange avec des élèves étrangers est stimulant pour l’apprentissage de l’Anglais.

J’ai eu la chance de rentrer en contact avec des collègues motivés et dont l’objectif était comme moi de faire un travail mathématique approfondi avant de seulement faire de nouvelles connaissances ; nous souhaitons d’ailleurs travailler ensemble sur d’autres projets dans les années qui suivent et je suis ravie de ce partenariat durable. De plus, n’ayant jamais participé jusque là à aucun projet, j’ai énormément appris de l’expérience de Mme Alfieri dans ce domaine, et j’ai découvert beaucoup de choses que la démarche de projet peut apporter à mon enseignement. Réciproquement, j’ai apporté des connaissances didactiques et logicielles qui bénéficieront à mes collègues et à leur enseignement au-delà du projet.

Le glossaire élaboré servira les prochaines années avec mes futurs groupes de section européenne, car nous avons besoin du vocabulaire mathématique spécifique, ce que l’on ne trouve pas toujours dans les dictionnaires classiques.

Tous ont utilisé intensivement les TICE, élèves et professeurs, et ont nettement gagné en autonomie.

 

Et les points négatifs ?

Sur mes 20 élèves, 3 n’ont pas adhéré à la démarche du projet : dans un groupe, un seul élève a quasiment tout fait ; un autre groupe a fourni un travail très décevant, et n’a finalement d’ailleurs pas mis en ligne l’exposé final, qui était maigre ; chez ces 3 élèves, le principe des échanges avec des élèves étrangers n’a pas eu l’effet motivant attendu ; ils se sont contentés de s’amuser lors des séances de chat, et n’ont pas pris le projet au sérieux. Seule la perspective de l’évaluation les a fait s’impliquer un peu, mais trop tard pour arriver à un résultat satisfaisant.

Cercle circonscrit 1ere L

Mes élèves espéraient entrer davantage en contact personnel avec les élèves étrangers, et ont été un peu déçus qu’on ne prenne pas le temps de mieux se connaître au cours du projet.

Sur les deux dernières séances, les élèves français ont présenté leurs exposés et n’ont en majorité pas pris connaissance des résultats finaux italiens et roumains : ils ont vu l’avancement des travaux, mais pas la fin. Il faudra prévoir dans un prochain projet une séance "de clôture" pour que tous puissent avoir une vision d’ensemble des réalisations. Ils pourront ainsi se rendre compte de la qualité du travail accompli par tous.

 

Quelle a été la difficulté la plus importante ?

Lorsque nous nous sommes concertées en février-mars pour mettre en place le projet, nous n’avions pas fixé de planning précis, ce qui permettait à chacun de s’insérer dans le projet selon ses impératifs. Il m’a été difficile d’évaluer le temps que nous devions passer en France sur chaque tâche, en sachant que tout devait être fini avant la fin de l’année scolaire (dernière séance le 3 juin idéalement).

 

Comment l’avez-vous surmontée ?

Heureusement, le fait de travailler en parallèle avec les autres pays m’a aidé à mieux apprécier ce qui était à faire plus précisément, et donc le temps à y passer ; de plus, lors des séances de chat, nos partenaires nous sollicitaient pour avancer sur telle ou telle tâche. Enfin, j’ai pu faire une dernière séance le 10 juin. Ce qui nous a permis de boucler tout pour cette date, sans laisser de travaux inachevés.

 

Quelle a été la satisfaction la plus grande que vous ayez éprouvée ?

Je suis très contente que tous mes élèves (à part trois), en fonction de leur niveau et de leurs capacités, aient réussi à fournir un travail mathématique de qualité, en réinvestissant leurs connaissances. En particulier, les élèves de première L ont participé activement au projet eux aussi, y compris sur la partie mathématique pour laquelle ils avaient des réticences au départ, et ont finalement été contents du résultat ; de plus, les productions finales ont été très diverses dans les problématiques abordées, ce qui a donné des exposés intéressants.