Trois fois Electre publié le 04/04/2014

Notes de lecture

Une lecture de Trois fois Electre

Références
 Titre : Trois fois Électre
 Auteur : Antoine Vitez
 Éditeurs : La Maison d’à côté, IMEC, INA éditions, 2011.
 Genre : théâtre

Brève présentation
Électre de Sophocle est une œuvre qui a jalonné le parcours du metteur en scène Antoine Vitez. Trois fois – en 1966, en 1971 et en 1986 – il a traduit et monté cette tragédie. Trois fois, il a fait appel à la même comédienne, Evelyne Istria, pour incarner Électre. Et c’est par trois fois, grâce à trois supports mis à notre disposition dans un coffret, que nous pouvons suivre le travail du metteur en scène. Trois supports donc, pour trois expériences :
 le texte : un livre associe la traduction d’Électre de Sophocle par Antoine Vitez à un ensemble de documents inédits : notes de travail du metteur en scène, programmes, photographies, dessins préparatoires de Yannis Kokkos pour le spectacle de 1986, entretien avec Evelyne Istria.
 la voix : un CD audio propose plus d’une heure d’entretiens avec Antoine Vitez, déclinée en trois mouvements : Vitez, un homme ; Électre, un spectacle ; Vitez, le metteur en scène.
 le spectacle : un DVD regroupe les captations des trois mises en scène. Si L’Électre de 1986 est proposée en intégralité, les spectacles de 1966 et 1971 se présentent sous la forme d’extraits alternant avec des interviews d’Antoine Vitez. Les captations de 1966 et 1971 sont en noir et blanc, celle de 1986 en couleurs.

Avec les élèves...

Liens avec les programmes

  • Collège
    • Troisième : théâtre : continuité et renouvellement. Les pièces de Sophocle peuvent être lues, intégralement ou par extraits, dans la perspective de l’étude de la tragédie antique
    • Histoire des arts : mise en scène et jeu théâtral
  • Lycée
    • Seconde : La tragédie au XVIIe siècle ; le classicisme
      En relation avec les langues et cultures de l’Antiquité, un choix de textes et de documents permettant de découvrir les œuvres du théâtre grec peut être proposé
    • Première : Le texte théâtral et sa représentation, du XVIIe siècle à nos jours
      En relation avec les langues et cultures de l’Antiquité, un choix de textes et de documents permettant de réfléchir aux fonctions et significations du théâtre dans le monde grec peut être proposé.
      Le coffret Trois fois Électre est un support permettant d’étudier la tragédie grecque en tenant compte des spécificités concrètes du théâtre. L’étude proprement littéraire du texte théâtral pourra ainsi être étayée par l’analyse de mises en scène comparées.

Avec les élèves...

Pistes pédagogiques
 Lire la tragédie de Sophocle en adoptant le point de vue d’un homme de théâtre comme Antoine Vitez invite à interroger le texte et sa représentation. Il est déjà rare de disposer de trois mises en scène d’un même créateur. Il est encore plus rare de pouvoir observer le jeu d’une comédienne incarnant le même personnage à vingt ans d’intervalle. Par la multiplicité des approches comparées qu’il rend possible, ce coffret est une mine d’analyses dramaturgiques à mener avec les élèves de collège comme de lycée.
 Jouer une tragédie grecque au XXe siècle : confronter l’espace scénique des trois mises en scène, c’est pousser les élèves à s’interroger sur l’intérêt de la reconstitution historique ou de l’actualisation à travers l’évocation de la Grèce. En 1966, le dispositif scénographique – voir la photographie en exergue du livre et l’illustration du programme – fait référence à la scène antique : un rond au centre du théâtre évoque l’orchestra devant un proskenion constitué d’une bande rectangulaire surélevée de quelques marches. En 1971, les acteurs jouent proches du public, sur deux passerelles en bois. Les visages maquillés rappellent les masques tragiques. En 1986, le décor se fait plus réaliste : l’intérieur d’une maison avec trois portes-fenêtres donnant sur une terrasse avec vue sur le port du Pirée.
 Mutations du chœur antique : il s’agit d’amener les élèves à prendre conscience de l’évolution du chœur antique en comparant les mises en scène de 1966 et 1986. Dans les deux spectacles, le chœur antique est représenté par trois femmes. Dans la captation de 1966, les trois femmes portent une robe en tissu assez grossier, comme Électre, mais elles forment un groupe à part, côté jardin. Dans la mise en scène de 1986, les trois femmes participent au spectacle : elles font le service, apportent le café… Le chœur, double du public en 1966, devient un personnage en 1986. Dans les deux mises en scène, pas de diction chorale : chaque femme parle à son tour. De l’aveu même de Vitez, il importe que le texte soit bien compris afin que le chœur joue pleinement son rôle de relais entre les acteurs et le public.
« Électre : tu peux même voir, mais c’est un pénible spectacle. »
 Analyser les scènes de crime des mises en scène de 1966 et 1986 met au centre des réflexions la représentation de l’irreprésentable : la mise à mort finale de Clytemnestre puis celle d’Égisthe. Dans les deux représentations, la mort est suggérée plutôt que montrée : en 1966, Égisthe passe derrière la skêné pour mourir. En 1986, la mise à mort de Clytemnestre est un cri, celle d’Égisthe une course en fond de scène qui s’achève par la lente progression d’une mare de sang sur scène. Jamais le spectateur ne voit Oreste porter le coup meurtrier.

Pour aller plus loin

  • DVD : les Leçons de théâtre d’Antoine Vitez : 1976-1998. Leçon 11, Électre, le droit à la folie pour tous, ou la vengeance en question, édition Cinoche vidéo, Maria Koleva films, 2008.
  • Sitographie

Isabelle Alberty

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Auteur

 Emmanuel Ambrosi

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