Thèmes concernant l’enseignement de « culture générale et expression » en BTS deuxième année publié le 10/10/2013  - mis à jour le 11/10/2013

Session 2014

Retrouvez le texte officiel sur le site du ministère
NOR : ESRS1301193N
(note de service n° 2013-0002 du 25-1-2013)

Texte adressé aux rectrices et recteurs d’académie, chanceliers des universités ; aux vice-recteurs ; aux inspectrices et inspecteurs d’académie-inspecteurs pédagogiques régionaux ; aux directrices et directeurs académiques des services de l’éducation nationale ; au directeur du Centre national d’enseignement à distance ; au directeur du service interacadémique des examens et concours ; aux chefs d’établissement.

L’arrêté du 16 novembre 2006 définissant les objectifs, les contenus de l’enseignement et le référentiel des capacités du domaine de la culture générale et expression pour les brevets de technicien supérieur, paru au Journal officiel de la République française le 29 novembre 2006, prévoit que deux thèmes sont étudiés en deuxième année de BTS.
L’intitulé, la problématique et les indications bibliographiques de chacun des deux thèmes prévus pour la session 2014 sont présentés en annexe.
À l’issue de la session 2013, la note de service n° 2012-0001 du 9 janvier 2012 relative aux thèmes concernant l’enseignement de « culture générale et expression » en deuxième année de BTS pour la session 2013 est abrogée.

Pour la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche
et par délégation,
Pour la directrice générale pour l’enseignement supérieur et l’insertion professionnelle,
Le chef du service de la stratégie de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle,
Jean-Michel Jolion

Annexe :

Thèmes concernant l’enseignement de « culture générale et expression » en deuxième année - session 2014

Thème n° 1 - Paroles, échanges, conversations, et révolution numérique

Problématique

Les échanges de paroles tissent les liens dont tout individu a besoin pour trouver sa place dans le groupe, la communauté, la société. Comment les nouvelles modalités de ces échanges prolongent-elles ou, au contraire, bouleversent-elles notre façon de penser la construction de soi, les relations humaines, les interactions avec les autres et avec le monde ?

  • Écrit/oral

Les échanges de paroles font intervenir une langue particulière, écrite ou orale. Les codes langagiers sont à prendre en compte dans leur diversité : codes spécifiques de l’échange épistolaire, codes de la conversation courante, codes des échanges numériques. Ces derniers brouillent les catégories de l’écrit et de l’oral : les échanges numériques, qui semblent instantanés et éphémères, laissent pourtant des traces tant il est encore vrai que « les paroles s’envolent et (que) les écrits restent ». Dans ces conditions, quels codes apprendre, à quelles normes se référer pour communiquer ?

  • Privé/public

Par ailleurs, la communication est régie a priori par des critères différents selon le caractère privé ou public de l’échange. Cette distinction semble cependant remise en cause par les réseaux sociaux qui rendent la vie privée accessible à des publics apparemment choisis. Construit-on son identité de la même façon dans un espace protégé - celui de la famille ou d’un cercle d’amis proches - et dans un réseau social ouvert ? Peut-il y avoir encore de la spontanéité dans les échanges ?

  • Professionnel/amateur

Qui détient une parole légitime ? Les frontières se brouillent entre la parole des experts, la parole reconnue, et la parole de tous et de chacun. Les blogs contribuent à forger les opinions. Ne risque-t-on pas de perdre la qualité professionnelle de l’appréciation portée sur une information ?

  • Lieu de pouvoirs/espace démocratique

Du fait du brouillage des codes, la conversation sur internet nivelle les relations hiérarchiques en rendant tout un chacun apparemment accessible. Chacun peut entrer dans une discussion, connaître la pensée de l’autre ou progresser dans la sienne grâce aux interactions entre plusieurs interlocuteurs. Les nouveaux moyens de communication permettent aussi de se constituer en lobbys pour influencer une décision, contourner les médias officiels, pour faire entendre une autre voix, résister à des pouvoirs autoritaires. Mais ces mêmes moyens peuvent être le lieu où se renforce l’expression d’un groupe de pression, qui diffuse des affirmations sans citer ses sources, fausse les informations, avec une efficacité redoutable. Les nouveaux moyens de communication aident-ils à mieux exercer la citoyenneté ?

  • Proximité/distance

Les lieux de communication traditionnels (la salle de banquet, le café, les salons, etc.) influent sur l’échange. La relation entre interlocuteurs est réinterrogée par les nouvelles technologies. En présence ou à distance (par la lettre, le téléphone, le courriel, les messageries et le contact vidéo), qu’est-ce qui se joue dans ces formes de dialogue ? Quels changements, quels gains, apportent les relations virtuelles par rapport aux relations directes en face à face ?

  • Continuité/discontinuité

La facilité des échanges, qui reposent sur des moyens techniques en permanence disponibles, permet une relation ininterrompue. Or se donner le temps de la réflexion, prendre de la distance avant de poursuivre et de revenir à une situation et, dans cette interruption, avoir mûri, progressé, organisé sa pensée, permet de mieux fonder son jugement. Cette manière de former ses idées a-t-elle encore un sens à l’heure des échanges spontanés, permanents, continus ? Le temps de la réflexion est-il le garant indispensable de la qualité de l’échange ?


Indications bibliographiques

Ces indications ne constituent en aucun cas un programme de lectures. Elles constituent des pistes et des suggestions pour permettre à chaque enseignant de s’orienter dans la réflexion sur le thème et d’élaborer son projet pédagogique.

  • Littérature

I. Asimov, Face aux feux du soleil, 1957
D. Daeninckx, Camarades de classe, 2008
Ph. Delerm, Quelque chose en lui de Bartleby, 2009
W. Gibson, Neuromancien, 1985
J. Franzen, Freedom, 2011
G. Feydeau, La Puce à l’oreille, 1907
E. Ionesco, La Cantatrice chauve, 1950
La Bruyère, Les Caractères, « De la société et de la conversation », 1688
D. Glattauer, Quand souffle le vent du nord, 2011
S. Larsson, Millenium, 2005-2007
Molière, Les Précieuses ridicules, 1659 ; Le Misanthrope, 1665 ; Les Femmes savantes, 1672
M. Proust, Du côté de chez Swann, « Un amour de Swann », 1913
Y. Réza, Conversations après un enterrement, édition 2004 ; Le Dieu du carnage, 2008, repris au cinéma par Roman Polanski (Carnage, 2011)
N. Sarraute, Les Fruits d’or, 1963 ; Pour un oui ou pour un non, 1982
W. Shakespeare, Beaucoup de bruit pour rien, 1600

  • Essais

Books, dossier « Cinq cent millions d’amis », octobre 2010
La Conversation, collection Mutations, Autrement, 1999
Internet et les réseaux sociaux, La Documentation française, 2011
« Nos vies numériques », Sciences humaines n° 229, août-septembre 2011
D. Cardon, La Démocratie internet : promesses et limites, Le Seuil, 2010
A. Casilli, Les Liaisons numériques : Vers une nouvelle sociabilité ? 2010
Y. Citton, L’Avenir des humanités, Économie de la connaissance ou cultures de l’interprétation ? 2010
M. Doueihi, La Grande Conversion numérique, 2008
P. Flichy, Le Sacre de l’amateur : sociologie des passions ordinaires à l’ère du numérique, 2010
M. Fumaroli, Trois institutions littéraires, 1994 ; Quand l’Europe parlait français, 2001 
E. Godo, Une histoire de la conversation, 2003
E. Lazega, Réseaux sociaux et structures relationnelles, Que sais-je ? 2007
P. Mercklé, Sociologie des réseaux sociaux, 2004, 3ème édition, 2011

  • Films, séries télévisées

Mary and Max, Adam Elliot, 2009
Vous avez un message, Nora Ephron, 1998
The social network, David Fincher, 2010
L’Esquive, Abdellatif Kechiche, 2004
Ridicule, Patrice Leconte, 1996
Carnage, Roman Polanski, 2011 (repris de la pièce de Yasmina Réza, Le Dieu du carnage)
Le scaphandre et le papillon, Julian Schnabel, 2007
Denise au téléphone, Hal Salwen, 1995
Catfish, Henry Joost, Ariel Schulman, 2010
Contagion, Steven Soderbergh, 2011
Bref (Canal +)
Les Deschiens (« Le Bavard »)
Friends

  • Sites internet

Blogs des quotidiens de la presse écrite : « Exposition de soi et reconnaissance de singularités subjectives sur les sites de réseaux sociaux » (Fabien Granjon, Julie Denouël), « Smart mobs, Les communautés intelligentes mobiles ; comment reconnaître le futur quand il vous tombe dessus ? » (Howard Rheingold) prospective-numerique.gouv.fr/place.publique
http://eduscol.education.fr/pid25134/seminaire-metamorphoses-livre-lecture.html : « La rémanence du livre dans les nouveaux dispositifs de communication » (Valérie Jeanne-Perrier) ; « Un nouvel imaginaire de lecture à travers ses représentations visuelles » (Julia Bonaccorsi)

  • Mots clés

Correspondance, billet, lettre, carte postale, télégramme, message, texto, SMS, internet, réseaux sociaux, blog, twitter, facebook, skype.
Conversation, dialogue, échange, communication, fonction phatique, fonction expressive, fonction impressive
Manuel de conversation, code, civilité, politesse, transgression, abréviation, phonétique, smiley, orthographe, norme
Parler, discuter, argumenter, affirmer, écouter, réfléchir, réagir, contredire, admettre, nuancer
Se dévoiler, se confier, s’épancher, être sincère, mentir, s’exposer, se vanter, page personnelle, profil, narcissisme, altérité, identité
Colporter, diffuser, divulguer, propager, créer le buzz, rumeur, information, qu’en-dira-t-on, réputation, cancans, ragots, marketing viral
Intimité, anonymat, silence, protection de la vie privée, confidentialité, discrétion, secret, meuble secrétaire, pudeur
Vitesse, immédiateté, temps réel, spontanéité, retenue, réserve, atermoiement, procrastination
Ami, association, coterie, cercle, club, communauté, forum de discussion, réseaux sociaux
Élégance, préciosité, affectation, naturel, franchise, ostentation
Expressions : tourner sa langue sept fois dans sa bouche, avoir l’esprit d’escalier, saisir la balle au bond, parler pour ne rien dire, répondre du tac au tac, tourner autour du pot, mdr, lol.


Thème n° 2 - Cette part de rêve que chacun porte en soi

Problématique

Le rêve se définit spontanément par opposition à la réalité. Il est généralement tenu pour une parenthèse de la conscience, une phase particulière du sommeil. Mais il renvoie aussi à la représentation idéale de ce que chacun désire et voudrait peut-être réaliser. La part de rêve que chacun porte en soi semble pouvoir libérer de réalités douloureuses, monotones ou ennuyeuses et aider ainsi à orienter autrement sa vie, à la redessiner dans un ailleurs et un futur plus ou moins proches. Le rêve stimule l’individu qui ne se satisfait pas de ce qu’il est et de ce qu’il a. Il élargit les possibles.

Multiples sont les éveilleurs de rêves (lieux, objets, personnes, sensations, etc.). Les œuvres d’imagination sont aussi propices à la rêverie, elles permettent de se transporter dans d’autres espaces, d’autres époques, d’autres personnages. Cependant, le rêve risque de couper du réel et d’amener à ne vivre que de chimères ou de fantasmes qui empêchent d’agir dans le monde et de mener sa vie. En ce sens, il est parfois dénigré comme perte de temps, fuite des responsabilités. Quelle part de rêve préserver dans un monde soumis à l’efficacité et à la rentabilité immédiates ?
C’est tout autant l’être que l’avoir qui sont concernés par le rêve : rêves d’objets de consommation, rêves de luxe, rêves de ce que les nouvelles technologies autorisent, rêves d’une identité autre, plus belle, plus forte, plus grande. Ces aspirations induisent un idéal porté par le rêve, facteur d’élévation et de sublimation de chacun, force de création et d’innovation. Cet idéal n’est cependant pas le même pour tous. Tel individu ne pourra-t-il pas trouver médiocre ce que tel autre pense être à sa mesure ?

Quelle est la part intime et vraiment personnelle de ce rêve qui nous porte ? Partagé par un groupe ou par l’ensemble d’une société, le rêve peut devenir utopie et donner à chacun comme à tous des raisons de vivre et d’espérer. Mais l’optimisme utopique ne risque-t-il pas de porter atteinte à la part de rêve et de liberté que chacun porte au plus profond de soi ?


Indications bibliographiques

Ces indications ne constituent en aucun cas un programme de lectures. Elles constituent des pistes et des suggestions pour permettre à chaque enseignant de s’orienter dans la réflexion sur le thème et d’élaborer son projet pédagogique.

  • Littérature

André Breton, Nadja
Lewis Carroll, Alice au pays des merveilles
Erri de Luca, Montededio
Grégoire Delacourt, La Liste de mes envies
Robert Desnos, « J’ai tant rêvé de toi », Corps et biens
Fatou Diome, Le Ventre de l’Atlantique
Victor Hugo, Booz endormi, La Pente de la rêverie
Martin Luther King, I have a dream
La Fontaine, « La laitière et le pot au lait » ; « Les Souhaits »
Haruki Murakami, 1Q84 et Kafka sur le rivage
Nerval, Aurélia
Georges Perec, Les Choses
Arthur Rimbaud, « Rêvé pour l’hiver » et « Aube »
J. K. Rowling, Harry Potter (le miroir, le patronus)
Jean-Paul Sartre, Les Mots (rêveries enfantines)
Jules Vallès, L’Enfant (rêveries autour de Robinson Crusoe)
Paul Verlaine, « Mon rêve familier »
Virgile, Enéide (rêves de Didon et d’Enée, chant IV)

  • Essais

Gaston Bachelard, L’Air et les songes ; La Poétique de la rêverie
Charles Baudelaire, « La reine des facultés » in Salon de 1859
Sigmund Freud, L’Interprétation du rêve
Neal Gabler, Le Royaume de leurs rêves
Nancy Huston, L’Espèce fabulatrice
Albert Jacquard, Mon utopie
Edgar Morin, Le Cinéma ou l’homme imaginaire
Jean-Bertrand Pontalis, Le Dormeur éveillé

  • Films, documents iconographiques

La Rose pourpre du Caire, Woody Allen
Big fish, Tim Burton
La vie est belle, Frank Capra
Reality, Matteo Garrone
Eternal Sunshine of the Spotless mind, Michel Gondry
Rêves, Aki Kurosawa
Mulholland drive, David Lynch
Inception, Christopher Nolan
Mary Poppins, Robert Stevenson
Stalker, Andreï Tarkovski
Les Daguerréotypes (scène finale des rêves), Agnès Varda
Total recall, Paul Verhoeren (roman de Philip K. Dick, Souvenirs à vendre)
Marc Chagall
Salvador Dali
Giorgio de Chirico
Paul Delvaux
Douanier Rousseau
Caspar David Friedrich
Paul Gauguin
René Magritte
Dreamlands - Des parcs d’attraction aux cités du futur (catalogue de l’exposition du Centre Pompidou, 2010)
Musique, chansons
Robert Schumann, Rêverie
Franz Listz, Liebestraüme
Claude Debussy, Prélude à l’après-midi d’un faune
Dominique A, La relève 
Charles Aznavour, Je m’voyais déjà
Jacques Brel, La quête
Claude Dubois, J’aurais voulu être un artiste (le blues du businessman) 
John Lennon, Imagine
Claude Nougaro, Le cinéma
Téléphone, Un autre monde
Boris Vian, La complainte du progrès
Laurent Voulzy, Le rêve du pêcheur

  • Sites internet

Base de textes pour l’étude des rêves dans les textes littéraires :
http://www.reves.ca/index.php
Exposition BNF - Utopie : La quête de la société idéale en Occident :
http://expositions.bnf.fr/utopie/index.htm

  • Mots clés 

Rêve, rêverie, songe, méditation, fantasme, chimère, illusion, mirage, fantasmagorie
Imaginaire, irréel, merveilleux, paradisiaque, fabuleux
Bovarysme, symbolisme, surréalisme, onirisme
Imaginer, rêvasser, divaguer, délirer, déraisonner
Enchantement, idéal, utopie
Jardin secret, for intérieur
Doux rêveur, songe-creux, faire de beaux rêves, être dans les nuages, être dans la lune, réaliser un vieux rêve, rêver tout éveillé
Pays du rêve, rêve américain, pays de Cocagne, le rêve de l’Orient, Eldorado
L’herbe est toujours plus verte dans le pré d’à côté, faire des châteaux en Espagne, c’est le rêve !