Rendre compte d'une lecture cursive dans le cadre d'une séquence consacrée à la lettre, en classe de quatrième publié le 02/09/2009  - mis à jour le 08/09/2009

Collège de Mauzé le Mignon et Collège Fontanes à Niort

L’objectif

L’objectif de l’activité proposée est de développer le goût de la lecture en privilégiant une forme d’évaluation qui laisse une certaine liberté aux élèves pour rendre compte d’une lecture personnelle.

Une étude préalable des premières et quatrièmes de couverture s’est déroulée au cdi en présence du professeur documentaliste. Cette séance avait pour objectif de permettre aux élèves d’effectuer un véritable choix à partir d’une bibliographie conséquente de romans épistolaires (nous avons intégré au corpus des recueils de lettres authentiques et fictives ainsi que des récits dans lesquelles une ou plusieurs lettres jouent un rôle essentiel) et de l’observation guidée du paratexte. Il s’agissait d’offrir une lecture cursive unique et susceptible d’intéresser un large public composé de « petits et grands lecteurs ».

Le compte-rendu

Le compte-rendu écrit de la lecture cursive comportait deux parties :

Première partie :

La première partie consistait à rendre compte de la lecture cursive choisie en écrivant une lettre à un destinataire de son choix : l’auteur du roman, l’éditeur ou encore l’un des personnages...
Cette lettre, dont le contenu était assez libre, devait impérativement respecter les codes du genre (notions étudiées dans la séquence).

Pour guider les élèves, des pistes de réflexion ont été proposées. Ils étaient libres de s’en inspirer ou de les ignorer puisque l’objectif était de rendre compte d’une lecture personnelle.

Quelques exemples de pistes pour écrire la lettre :

  • Quels passages vous ont touchés ou déçus ? Pourquoi ?
  • Avez-vous été déroutés par l’intrigue ? Quelle fin auriez-vous préféré lire ?
  • Que pensez-vous des personnages ? (réactions, comportement...)
  • Avez-vous pu vous identifier aux personnages ? Pourquoi ?
  • Aimez-vous le style de l’auteur ? (Le livre est-il agréable à lire ? Le vocabulaire est-il accessible ?...)

Deuxième partie :

La deuxième partie du travail consistait à illustrer de manière pertinente une enveloppe. Toutes les formes étaient acceptées : collages, dessin, peinture, vignettes représentant les passages clés...

Là encore, les codes devaient être respectés : adresse du destinataire (fictive), adresse de l’émetteur, timbre (qui pouvait être une fabrication de l’élève en rapport avec l’œuvre).

Restitution orale

Enfin, une restitution orale des travaux a eu lieu devant la classe. A cette occasion, Chaque émetteur a remis son enveloppe à un autre élève (jouant le rôle du destinataire fictif). Ce dernier a alors effectué une lecture à haute voix de la lettre avant de céder la parole à l’émetteur pour qu’il justifie ses choix concernant l’enveloppe.

Cette activité a donné lieu à un véritable échange avec la classe autour des illustrations et du contenu des lettres des différents émetteurs... Plus les enveloppes étaient originales et plus la discussion était animée et productive...

Chaque élève avait la bibliographie de départ sous les yeux et pouvait sélectionner, s’il le souhaitait, une nouvelle lecture (qui n’a pas fait l’objet d’un compte-rendu).

L’évaluation

L’évaluation portait sur l’enveloppe (critères : elle devait respecter les caractéristiques postales, être en rapport avec le roman choisi, être originale) et la lettre (présentation correcte, compte-rendu d’une lecture personnelle, soin apporté à la langue). L’originalité étant évaluée en partie par la classe lors de la restitution.

L’activité s’est révélée stimulante pour l’ensemble des élèves de cette classe et le désir de produire un objet original, associé à une véritable liberté de choix de lecture, a contribué, selon leurs dires, à les convaincre de lire les oeuvres. Par ailleurs, les « petits lecteurs » ont pu dépasser leurs difficultés de compréhension par la grande liberté qui leur était laissée dans la constitution du corps de la lettre. Si certaines lettres sont très brèves, elles révèlent tout de même le plaisir ressenti lors de la lecture (dernière photo).


Quelques productions d’élèves

(Les documents ont été photographiés avant leur correction afin que les lettres
photographiées restent lisibles)

La lettre - lecture cursive, 4e - exemple1
Ferte, Chrystèle, Madame de Sévigné, Lettres. Mango, 1998, 42p.

 

 Des vignettes qui cachent des illustrations de chapitres...
(Deux journeaux intimes ont été ajoutés pour élargir le corpus).

La lettre - lecture cursive, 4e - exemple2
La lettre - lecture cursive, 4e - exemple3
Mckissack, Patricia, Formentelli, Bee : Je suis une esclave :
journal de Clotee, 1859-1860


 La photographie suivante est la lettre qui était dans cette enveloppe. L’élève s’est mise en scène : le roman lui a été remis par sa grand-mère, une journaliste qui avait eu l’occasion de rencontrer Clotee, le personnage principal... Bouleversée par cette lecture, l’élève décide d’écrire à la petite-fille (imaginaire) de cette héroïne qu’elle admire.
Afin de prouver l’authenticité du récit, elle raconte quelques scènes du livre...

La lettre - lecture cursive, 4e - exemple4

 

 Un autre exemple... L’élève a choisi de mettre en évidence l’importante correspondance du personnage.

La lettre - lecture cursive, 4e - exemple5
Feron Romano, José -Lettres d’une adolescente à un écrivain. Hachette Jeunesse, 1996. 183p.


 La lettre a été retranscrite ci-dessous pour des raisons de lisibilité, telle qu’elle a été écrite par l’élève mais anonymée.


Niort, le 7 juin 2009.
Monsieur Feron Romano, 33 rue Georges Méliès 79 015 Paris.

Cher Monsieur,

Je vous écris cette lettre pour parler de votre livre Lettre d’une adolescente à un écrivain. J’ai tenté en vain de me mettre à la place de cette pauvre Laure et je m’interroge. Trouvezvous vraiment raisonnable qu’une adolescente se confie à un inconnu, même s’il est écrivain, plutôt qu’à ses amies ou à ses proches ? J’estime pour ma part que non. Supposons un instant que ce soit raisonnable, quelle est l’utilité de cette démarche ? Se confier ? Oublier son ennui ? Trouver de l’affection ? Qui peut le dire ? Vous sûrement, mais moi, je ne la comprends pas.

Ce qui m’a semblé le plus curieux, c’est ce désir qu’elle a d’écrire sans attendre de réponse... Je me répète mais à quoi bon ? Je n’ai rien contre les gens comme Laure mais n’avez-vous jamais remarqué combien le regard de ces gens semble vide ? Ne devrait-elle pas trouver une occupation de son âge et trouver des satisfactions dans des sorties entre amies, dans le sport ou l’art comme n’importe quelle adolescente normale ? Nous voilà au coeur du débât : aime-telle sa vie ou non ? Et pourquoi a-t-elle cessé d’écrire ? Il n’y aucune explication, c’est comme si votre livre n’était pas tout à fait fini...

Je m’interroge beaucoup sur votre personnage mais je ne l’appécie pas beaucoup. Veuillez m’excuser si cette lettre vous blesse mais c’est la vérité.
Je vous souhaite une bonne continuation et vous prie d’accepter mes sincères salutations.

(signature de l’élève).


 Un dernier exemple anonymé... une enveloppe recouverte de timbres (recto/ verso).

La lettre - lecture cursive, 4e - exemple6
Leterrier, François, Rue Charlot, Seuil, 2003, 121p.
(lettres fictives inscrites dans les récits)

 

 Seul le corps de cette lettre d’un "petit lecteur" est retranscrite ci-dessous.


Cher Monsieur Leterrier,

C’est un honneur pour moi de vous écrire cette lettre qui au départ était une corvée imposée par le professeur de français mais qui s’est très vite transformée en plaisir grâce à ce très touchant roman intitulé Rue Charlot.

Cette histoire reprend des faits réels qui me touchent et m’émotionnent (terme de l’élève). Le passage que je préfère est celui où Bernard David écoute un vieillard qui lit une lettre d’un soldat de sa famille. Ce qui me bouleverse, c’est l’émotion : la peur et la tristesse que l’on peut ressentir en lisant une lettre d’un proche qui peut mourir à chaque instant. J’ai pensé à autre chose en lisant ce passage, j’ai pensé aux soldats qui étaient morts pour leur pays partout dans le monde et qui résistent au désespoir grâce à leurs lettres.

C’est en leur mémoire que j’écris cette lettre car ils le méritent.

Je vous remercie encore pour ce roman merveilleux et vous prie d’agréer l’expression de mes sentiments les meilleurs.

L........


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Activité proposée par Mlle Pereira Irène, professeur certifié de Lettres Modernes.

Rendre compte d’une lecture cursive - classe de 4ème (PDF de 532.1 ko)

séquence consacrée à la lettre