Croire à ce que l'on raconte pour mieux transmettre publié le 05/04/2016

Conter, raconter et lire à l’école maternelle

Projet départemental année scolaire 2013-2014

Piloté par Madame Anne Puisais Inspectrice Maternelle pour le département de la Vienne.
Encadré par Madame Joëlle Rallet Conseillère pédagogique départementale en éducation musicale.

(Document réalisé par Joëlle Rallet Sept 2014)

Genèse du projet

Le projet Conter, raconter et lire à l’école maternelle a contribué à développer au sein des classes la pratique de la lecture médiatisée1 à travers des ateliers de pratiques personnelles en lien avec les contes et le théâtre. 
Nous avons proposé aux enseignants exerçant en école maternelle une pratique personnelle et des conseils pédagogiques dans le champs du conte et du théâtre dans l’objectif d’enrichir et de renouveler leurs pratiques d’enseignement de la découverte de l’écrit par la lecture et le racontage de textes narratifs (contes patrimoniaux, albums de la littérature de jeunesse) et ainsi permettre aux enseignants inscrits d’enrichir leurs compétences de passeurs de textes.
Les enseignants ont bénéficié de quatre ateliers de deux heures animés par une conteuse professionnelle et de quatre ateliers de deux heures animés par un comédien metteur en scène. Deux axes ont été proposés, l’un privilégiant le conte et sa transmission orale, l’autre complémentaire au premier permettant d’aborder l’importance du corps et du geste vocal.

Ateliers conte et transmission orale

Michelle Bouhet conteuse professionnelle a proposé des mises en situation simples en lien avec les objectifs premiers du langage oral à l’école maternelle : communiquer, parler devant le groupe, raconter.
« Raconter une histoire c’est être dans le jeu, dans l’amusement, dans le plaisir d’offrir quelque chose aux autres ».
Cette phrase de la conteuse résume à elle seule le travail qui a été mené. S’autoriser à jouer, endosser un rôle, se donner la possibilité de moduler, d’articuler sa voix parlée pour s’interroger sur le rôle de la transmission orale dans la compréhension du récit par des élèves de maternelle.
Redonner confiance aux enseignants sur leur capacité à passer du lire au raconter, pour capter l’attention de leurs élèves, pour faciliter la compréhension du récit et de sa chronologie, pour comprendre la notion de personnages.

Des exemples concrets en ateliers

Sur un cercle une personne prend la décision de se déplacer, se positionner devant une autre personne et de lui dire son prénom. La voix est posée, sonore.

Sur un cercle :
On se passe son prénom, sans arrêt, avec un tuilage, un rythme et une mélodie s’installent alors.
On se passe son prénom cette fois avec un léger arrêt, une suspension, un autre rythme s’installe alors.

Sur un cercle, Michèle commence « Il était une fois.. » et une histoire se construit de personne en personne, de mots en mots, de phrases en phrases. On ne cherche pas la cohérence, mais une continuité, une construction rythmique, une respiration.

Michèle propose que chacune commence une petite histoire, simple à partir d’une pensée, de ce qu’on aime, ou de ce qu’on n’aime pas. Chacune raconte alors un souvenir. Michèle incite parfois à parler de façon neutre, à poser sa voix, avec plus de son.

Trois par trois, chacune pioche un personnage, un lieu, un objet. L’histoire doit se construire en quelques minutes. Un début, un déroulement, une fin, avec comme un relais entre les trois personnes, une comptine, une ritournelle, une formulette qui permet de se passer l’histoire pour mieux la poursuivre.
Chaque groupe a construit son histoire et vient la présenter devant le groupe. Michèle souligne encore une fois l’importance de la voix, mais aussi du regard.

Michèle : «  Les mots ne sont pas seuls importants, il faut planter le décor ». « Importance du petit silence pour s’accorder avant de commencer l’histoire ».

La conteuse souligne l’importance de la posture, l’attitude, le rythme. Un parcours corporel et sensoriel qui joue un rôle primordial dans la transmission, il ne suffit pas de bien lire ou de bien avoir mémorisé son conte ou son histoire pour raconter.

Le rythme est un élément essentiel dans le fait de lire ou de raconter. Le débit de parole contribue à la bonne compréhension du récit. Le silence apporte attente d’une nouvelle action, tient l’auditeur en haleine. La rapidité excite l’imagination, la lenteur appelle le repos.
Ainsi, attitude, voix, rythme sont autant d’éléments à prendre en compte pour l’enseignant lecteur ou conteur.


Ateliers corps et geste vocal

François Martel comédien et metteur en scène est venu compléter les situations rencontrées lors des ateliers précédents afin de déployer chez les enseignants ce qu’il appelle « le lacher-prise ». Oser, prendre confiance en soi pour développer sa capacité à imaginer.

L’approche permet de libérer sa voix, son corps par des jeux, des situations décontextualisées. Dans un premier texte, on joue sans texte. Prendre la parole en y associant corps, voix et onomatopées pour se libérer des problèmes de mémorisation d’un texte, d’un conte.

Des exemples concrets en ateliers

1- Échauffement
Sur une ronde
Pieds parallèles
Frotter ses mains, ses bras, ses jambe, pieds, dos...
Au signal « HOP » se déplacer le plus rapidement possible et reformer la ronde.

2- Jeu 1 pulsation/couleur
Se passer une couleur accompagnée d’un geste frappé. Dans un sens, dans l’autre, de plus en plus vite, avec une, deux personnes au centre qui passent aussi une couleur.

3- jeu 2 Déplacement/expression
Se déplacer dans tout l’espace : rapidement, comme un nuage, des algues, une rivière, le vent, ancrer dans la terre...

4- Jeu 3 Mimétisme

Deux par deux
L’un observe l’autre dans ses déplacements, scrute les mouvements, les attitudes
L’un suit l’autre en l’imitant

5- Jeu 4 Question/réponse

Deux lignes face à face
Un groupe pose une question physique
L’autre groupe réceptionne et relance
Même exercice avec du son

Par le mouvement, la voix, on aboutit au geste vocal. Un acte qui permet de se détacher, d’oser, de se désinhiber.

Le comédien a peu à peu introduit un travail sur le texte. Comme beaucoup de comédiens et de metteurs en scène celui-ci a fait travailler les enseignants avec le texte en main. Démarche intéressante qui montre le lien étroit entre le langage oral et le langage écrit.

Un atelier a alors été proposé à partir de la pièce de théâtre « Cendrillon » de Joël Pommerat

Venir dans l’espace de jeu et narrer ou plutôt raconter ( le texte à la main)
Au signal changement de narrateur
Reprise de l’exercice en articulant, et en portant le son, aller vocalement vers les autres.
Différences entre la première et la seconde fois, on comprend mieux le texte.
Veillez à ce que le corps reste ouvert, bien ancré dans le sol.
Choisir une posture pour le personnage ( la belle-mère), moduler sa voix et projeter.
Même exercice mais à quatre. Moduler sa voix, changer le rythme.
A deux, dialogue. « t’es qui ? »...coller les répliques. Le texte raconte le rythme.
Seul faire le dialogue. Enchaîner.

Conclusion

La complémentarité de ces deux approches a permis d’élargir le spectre des compétences des enseignants inscrits à ces ateliers dans le domaine du langage oral et écrit.
S’évader de l’écriture des livres pour mieux y revenir. Réactiver sa mémoire en se donnant la liberté d’improviser. Croire à ce que l’on raconte pour mieux transmettre. Placer son corps, son regard, enfin sa voix parce qu’elle porte l’imaginaire. Construire un rapport au langage par la construction d’une culture commune orale et écrite passant par le lire et le raconter.
Mettre en œuvre un réel enseignement du langage oral.

Ci-après, 2 exemples de séances :

Atelier 3 Conter, raconter (PDF de 55.1 ko)

Conter, raconter et lire à l’école maternelle - Décembre 2015.

Atelier 6 : Le corps, le geste vocal (PDF de 48.4 ko)

Conter, raconter et lire à l’école maternelle - Décembre 2015.

 

(1) La lecture médiatisée est, d’après les recherches de Véronique Boiron, professeur à l’IUFM de Bordeaux, l’un des trois types de lecture à l’école maternelle avec la lecture répertoire et la lecture autonome.
La lecture médiatisée : est la seule qui fait l’objet d’une pédagogie spécifique de la compréhension. Elle va être fortement médiatisée par le maître lors de séquences d’apprentissage. Le maître choisit un album ou un passage qui fait obstacle dans les apprentissages ou dans les savoirs du monde. Site de référence : site pédagogique de la DSDEN 79, L’école maternelle, Découvrir l’écrit.. Apprendre à comprendre la littérature de jeunesse

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