Histoire de la musique publié le 05/04/2012

Petit mémo récapitulatif des grandes périodes.

La musique médiévale

La difficulté dans sa connaissance réside dans le manque de sources écrites. La notation musicale n’intervient qu’au IXème siècle en Europe occidentale. Cette notation n’est directement accessible que pour un temps et un milieu géographique donné. Elle est fondée sur des jeux de convention, et réclame une grande habitude d’exécution.

La notation du moyen âge ne concerne qu’une mince partie du répertoire. Tout ce qui est musique traditionnelle, de divertissement ou chant populaire, échappe au notateur et se transmet oralement. Nous ne pouvons qu’en évaluer certaines survivances à travers l’art savant.

Le chant Grégorien, à l’aube du moyen âge, détermine les composantes essentielles des conduites d’écoute et des principes formels de construction par lesquels s’est définie pour plus d’un millénaire la disciplina musica de l’extrémité ouest de l’Europe.
La diffusion, la transcription, l’implantation de ce répertoire sont inconcevables sans l’intervention d’une autorité politique décidée à unifier sur une vaste échelle un type de pratique jusque là laissée à l’initiative locale.
Il convient d’y voir l’effort d’une poignée d’hommes d’église soucieux de se doter, à partir des livres et des usages de la schola romaine, d’une liturgie unifiée et d’un art digne de l’église et de l’empire chrétien.

Monodie liturgique. Organisée en 8 modes. Son pouvoir religieux s’affirme par la mise à l’écart des instruments de musique, dans la mesure où ils ne peuvent être des voix authentiques. Cette valorisation suprême de la voix humaine, qui seule accède à la dignité d’articuler le texte sacré, écarte de l’usage les instruments rustiques, militaires ou de divertissement. Le statut de l’instrument commencera à évoluer au cours de la seconde renaissance carolingienne, aux alentours de 860.

Troubadours et trouvères
Les lyriques des troubadours et des trouvères sont parmi les poésies chantées les plus anciennes du monde occidental. Ces chansons, œuvres complexes, à la fois littéraires et musicales sont le précieux rappel de l’invention au XIIème s. de l’amour courtois.

Troubadours : au sud de la France. Ils écrivent en langue d’oc. à mi chemin entre latin et langue vulgaire.
Trouvères : France du nord. La langue d’oïl traduit le morcellement dialectal du domaine d’oïl : anglo-normand, picard, champenois, bourguignon…

L’époque gothique.

Les XII et XIIIème s. constituent la période la plus connue du moyen âge. (Philippe Auguste, St Louis). Ce sont les débuts de la polyphonie, même si les organum étaient utilisés depuis le IXème s. Vers 1100, apparaît, dans « de musica cum tonario », deux procédés destinés à régénérer le style : la multiplication par 2 ou 3 des notes de la voix ornementale, puis la pratique du mouvement contraire.

L’Ars nova.

Développement de la polyphonie, écriture. XIV et XVèmes s. Marqué par des compositeurs de premier plan comme Dufay, Ockegem, Binchois, Obrecht, Josquin des prés, Brumel, Mouton.

La musique religieuse et profane, se développe en parallèle, puisque souvent écrites par les mêmes compositeurs. C’est l’éclosion de la chanson polyphonique, qui reste un art raffiné et savant, réservé à un cercle étroit d’initiés. Le rondeau est la forme la plus utilisée, car reflétant mieux le style courtois et la vie de cour fastueuse. La ballade, réservée aux sentiments épiques sera donc moins cultivée.

La chanson polyphonique est très séparée de la chanson populaire, gouailleuse, satirique, voire politique et historique, qui circule, elle, dans la rue. Elle a un caractère simple, direct. Les femmes, dont le statut évolue, remplacent petit à petit de leur voix de soprano, les haute contre utilisés jusqu’alors. On s’oriente de plus en plus vers le quatuor profane de la renaissance : s, a, t, b. (soprano, alto, ténor, basse).A l’inverse de la musique religieuse, où la partie prédominante est le ténor, la chanson polyphonique concentre toute son attention sur le supérius (soprano ou haute contre).


La renaissance

Ce mot à une double signification : renaître, mais aussi ressourcement aux théories antiques, le culte, voire l’imitation des anciens.

En 1500, la polyphonie contrapunctique s’épanouit sous l’influence de Josquin des prés, mais il est bien difficile de prouver la nouveauté de ces années.

Le nouveau départ est plutôt pris au début du XVème. Aux subtilités de l’ars nova succède un style clair et expressif sous l’influence de l’école anglaise. Le renouveau débute dans les années 1460 1470. Il signe la liquidation de l’esprit médiéval, passant par l’abandon progressif du cantus firmus (plain chant).

L’imprimerie musicale se développe à Venise dans les dernières années du XVème, et joue un rôle fondamental dans la promotion du nouveau style. Les imprimeurs français attendront, eux, 1528 pour publier leurs anthologies. Attaingnant, Leroy ; Ballard, puis J. Moderne.

Le XVIème représente pour l’art une période privilégiée : facteurs politiques, économiques et sociaux engendrent un renouveau de la pensée et des techniques. Malgré tout une grande diversité de situations règne dans la condition de l’artiste de cette époque.

Les musiciens d’église ont rarement un salaire à la hauteur de leurs grandes compétences. En comparaison, le musicien de cour est plus privilégié et sa fonction plus variée. Le décalage est grand entre la position sociale de l’artiste et sa place dans l’histoire de la création. Celui-ci n’est qu’un serviteur de celui qui l’entretien, et ce n’est qu’à la fin du XVIIIème s.que se modifieront les rapports qui unissent l’artiste et son employeur.

Parmi les aspects profanes de la commande, les fêtes occupent à la renaissance, une place primordiale. Les fêtes sont le lieu où le peuple peut juger de la magnificence de son prince. C’est le temps où l’art aristocratique quitte le palais pour descendre dans la rue, s’offrir à tous.

Le XVIème marque aussi l’importance grandissante de la musique instrumentale. Là encore le rôle de l’imprimerie est primordial.


Art Baroque et Art Classique

1600 marque les débuts de l’opéra et ceux de l’oratorio. La musique est théâtre, le monde est théâtre. L’œuvre baroque (1600-1750) est représentative et dramatique ; elle montre le monde non pas dans sa réalité objective, mais "comme une chose vue". L’art classique (1750-1800) qui fait suite au baroque, est fait, à l’opposé de clarté et d’unité. L’épanchement dans la simplicité sera son caractère essentiel, et la musique instrumentale pour soliste son terrain d’élection.

La musique européenne entre 1600 et 1750 définit une esthétique particulière, dite généralement "âge du baroque" ou "âge de la basse continue". L’esthétique baroque trouve son plein épanouissement dans les grandes formes dramatiques : opéra, oratorio, motet et cantate. L’opéra surtout, qui traite les grands thèmes (l’amour, la vie, la mort), en mettant en scène des héros dans un climat d’exaltation intense. L’oratorio sert avec la même exigence l’église de la contre réforme, ardente et passionnée, qui connut la lutte et le martyre, Eglise de grands saints extatiques. Souvent le religieux rejoint le profane et vice versa, particulièrement en Italie, ou l’ampleur des passions atteint au sacré, et bien humaines sont les souffrances des saints lorsqu’ils luttent pour se rapprocher de Dieu.

La musique baroque, c’est l’avènement de la basse continue. La musique est maintenant conçue par étages cloisonnés, groupés selon trois fonctions : soutenir, remplir, chanter. On fait donc obligation d’exprimer totalement l’harmonie sur chaque accord. A partir de 1750, la notion de basse continue s’effacera devant celle, plus subtile, d’accompagnement.

La seconde nouveauté musicale de l’âge baroque est l’invention du récitatif, "juste milieu entre la déclamation de la tragédie et le dessin musical". Il obéit donc aux lois du discours parlé. L’intérêt d’un tel moyen est d’accélérer le déroulement du texte.
Monteverdi, Purcell, Lully, Schütz, illustrent chacun une nation et un aspect de cette nouvelle sensibilité.

En France, se développe l’air de cour, en remplacement de la chanson polyphonique, entre la fin du règne d’Henri IV et la mort de Louis XIII. La poésie s’oriente vers un nouveau langage, la préciosité, que la musique de cour va porter. Cette façon de chanter tombe en désuétude vers le milieu du siècle.

Lully, quelques années plus tard deviendra le compositeur incontournable du roi de France. Ballets de cour, collaboration avec Molière pour la musique de plusieurs pièces.

Au milieu du XVIIIe s. naît la forme sonate, inventée par les fils de Bach. Pour des raisons tout aussi mystérieuses, disparait la basse continue et s’instaure les prémisses d’un art classique. La grande nouveauté de cette époque est sans conteste le développement de la symphonie.

Le style classique est le rejet des éléments issus du baroque, donc périmés. Cependant, peu de compositeurs parviendront à réaliser cette maîtrise et beaucoup conserveront une partie de l’héritage baroque. Haydn, Mozart et Beethoven, seront les trois représentants de ce style nouveau. Rien ne distingue mieux le classique du baroque que la conception du thème. Long, souple et ornementé, le thème baroque ne se laisse pas facilement appréhender : on hésite à en déterminer les limites, et la structure ne s’impose pas clairement. La phrase classique, au contraire est courte, nettement délimitée et périodique. Une telle phrase entraîne une perception globale de l’œuvre musicale.


Le romantisme

Le style classique qui atteint son apogée avec les dernières œuvres de Haydn et de Mozart, ne disparait pas soudainement à l’entrée du XIXème s. Les premiers musiciens romantiques subiront cette importante influence. Schubert demeurera pour une partie de ses œuvres dans cette lignée classique. Le style de Beethoven lui aussi se définit à partir des modèles proposés par Haydn et Mozart. Cependant un changement de ton s’opère : le message contenu devient plus personnel et son contenu plus subjectif. Si Haydn et Mozart avaient su garder une distance entre leur vie quotidienne et leur musique, au contraire les compositeurs romantiques verront leurs élans créateurs régis par les péripéties de leur vie privée. L’artiste, émancipé de la tutelle des mécènes, travaille pour lui-même et non pour répondre à une demande. Le jamais entendu, l’originalité, deviennent les critères essentielles du nouveau style. Le musicien revendique une part d’incompréhension, propre à le rassurer sur sa spécificité. Son art s’adresse à des âmes d’élites qui ont subi l’initiation par la souffrance.

L’exaltation de la sensibilité jointe à un mode d’expression totalement subjectif représente le caractère essentiel du style romantique.

On situe la première génération romantique à partir de 1800 1810, avec Schumann, Chopin, Mendelssohn, Berlioz et Liszt - Mozart et Beethoven s’inscrivant dans le mouvement pré romantique. Ce sont en fait les traces d’optimisme chez Beethoven qui interdisent à certains musicologues de le classer dans les vrais romantiques, contrairement à Schubert qui malgré de nombreux traits classiques ne présente aucune trace de joie de vivre. Une deuxième génération sera représentée par Wagner et Brahms auxquels se joignent les dernières périodes de Berlioz et Liszt. La troisième génération ou le post romantisme de 1875 à 1890 est représenté par Wagner, Malher et le jeune Shoenberg en Allemagne, tandis que la France, plus traditionnaliste, vient très vite au néo classicisme avec St Saens et Bizet. Seul Fauré conserve encore un lyrisme et une écriture pianistique d’inspiration romantique.

Les idées romantiques auront changé de façon définitive la notion d’interprète et de compositeur. Au musicien besogneux du XIIIème s. succède l’artiste héros du XIXème s. Ce sentiment d’appartenance à une élite des sens justifie toutes les extravagances : vie sentimentale tapageuse, conduite insolente, tenues vestimentaires invraisemblables...Le public entretient ce climat, y puisant une part de rêve que la vie des cours ne lui offre plus guère.

Le lied et la mélodie se rattachent irrésistiblement aux noms de Schubert, Schumann, Fauré et Duparc. La poésie romantique fournit aux compositeurs des textes déjà musicaux dans leur formulation. Ceci entraîna un nouvel art du chant, sensible et expressif, indépendant du bel canto italien.

L’opéra du XIXème. Rossini, Bellini, Verdi, Donizetti pour les italiens. Gounod, Meyerbeer, Halévy, Massenet, Bizet pour les français. Beethoven, Wagner, pour l’Allemagne.

Source : «  la musique occidentale du moyen âge à nos jours ». M.C. Beltrando-Patier