"La marche de Giacometti" publié le 12/12/2012

Un artiste "en quête de l'essentiel"

« La marche de Giacometti »

  • Niveau : classes de troisième ;
  • Références au programme : « les arts, témoins de l’histoire du monde contemporain » ;
  • Domaine artistique : « les arts du visuel, la sculpture » ;
  • Thématique : « arts, ruptures et continuités ».
  • Disciplines : histoire, géographie, lettres, arts plastiques, anglais, chimie, informatique.

Objectifs possibles

  • Connaitre le sculpteur Alberto Giacometti (et le photographe Henri Cartier-Bresson) ;
  • Savoir ce que sont le New-York Times, la revue « Labyrinthe » ;
  • Connaitre la spécificité des figures filiformes de Giacometti. Étude de « L’Homme qui marche » ;
  • Détecter des passions dans sa biographie : ex. les arts premiers et l’archéologie en général ;
  • Comprendre l’état d’âme des artistes de l’après-guerre ;
  • Connaitre les mouvements d’idées : notions basiques sur l’existentialisme ;
  • Connaitre Sartre et Simone de Beauvoir ;
  • Retour sur les fondamentaux ;
  • Le travail des métaux, les bronzes votifs ;
  • Qui sont les Hittites ? Les Égyptiens ? Les Étrusques ? Les Phéniciens ? Découverte de la civilisation nuragique ;
  • Connaitre les grands musées. MoMA, Louvre, musées du Vatican ;
  • Comprendre que le bagage culturel résulte de l’accumulation d’actes cognitifs et qu’il en découle un plaisir.

Démarche.

  • Méthodologie : exploiter une biographie ;
  • Anglais : regarder une Vidéo du MoMA de NYC sur les œuvres de Giacometti et présenter l’une d’elle en anglais ;
  • Arts plastiques : dessinez votre amulette. Réalisez-la ;
  • Informatique : faire une galerie de portraits signés Cartier-Bresson ;
  • Connaitre les techniques du travail du bronze ;
  • Connaitre le Louvre, le musée des arts premiers, les musées Étrusques (Vatican, Villa Giulia à Rome, Tarquinia, dép. du Louvre), la Biennale de Venise.
  • Découvrir la civilisation nuragique et les arts cycladique, égyptien, hittite, étrusque…

I- Alberto Giacometti

L’homme

Photo Alberto Giacometti

Alberto Giacometti immortalisé par le célèbre photographe Henri Cartier-Bresson
On voit l’artiste en train de préparer une exposition. Au premier plan : « L’ homme qui marche » et derrière l’artiste, « une femme debout » : plus grande que l’homme, ses pieds sont joints et sa posture hiératique.

Activité informatique + lettres : faire une fiche sur Henri Cartier-Bresson et constituez une galerie de ses portraits d’artistes célèbres.

Dessin représentant Alberto Giacometti

Dessin publié en 1965 sur le New York Times

Connaissez-vous ce journal ? Production orale possible pour présenter ce journal.


Biographie

Piste en arts plastiques : pourquoi est-il important de connaitre la vie de l’artiste ?

La connaissance du parcours formatif (affectif, éducatif, culturel…) de l’artiste, sa personnalité, sa manière de penser nous permettent de comprendre quelles ont pu être ses sources d’inspiration, quelles sont ses sources d’intérêt et sa manière de s’exprimer.

Soulignez les informations qui vous paraissent importantes dans la biographie qui suit.

En 1901, Alberto Giacometti naît en Suisse dans le canton des Grisons ; son père est un peintre post impressionniste reconnu. Il est l’ainé de quatre enfants. Son frère Diego, d’un an son cadet, vivra et travaillera avec lui à Paris et Alberto le représentera beaucoup, en peinture et en sculpture. A l’âge de douze ans, Alberto manifeste déjà de grandes propensions pour la peinture et la sculpture. Il fréquente l’école des Beaux-arts de Genève.
Son père l’emmène à la fameuse Biennale de Venise où il entre au contact d’artistes - notamment des sculpteurs italiens (Boccioni). Il visite des villes d’art comme Padoue ou Florence, qui lui feront aimer toute la Renaissance (depuis ses balbutiements à son âge mur).

Une passion totale pour l’art.
Giacometti aime beaucoup l’archéologie et se délecte tant dans les musées de Rome, Naples, que sur les sites archéologiques(Pompéi).
Il connait la statuaire sumérienne, égyptienne, les figurines cycladiques. Paris, où il va faire ses études de dessin et de sculpture dès 1922 auprès d’Antoine Bourdelle, lui donnera l’occasion de déambuler dans les riches départements du Louvre. Il est en outre très attiré par les Arts Premiers.
Giacometti connait la sculpture du Roumain Brancusi, d’Archipenko, de Rodin.
Grâce à ce bagage culturel, une partie de sa recherche semble s’orienter dans la direction d’un possible accord entre un langage archaïque et un langage moderne.

Activité : dire ce qu’est la Biennale de Venise.

Piste de travail sur Le Louvre possible en histoire, lettres ou arts plastiques
Faire un exposé sur les différents départements du Louvre en vous aidant du plan du musée. Quelle fonction a la pyramide ?

Autre piste de musée : le musée du Quai Branly.

La quête de l’essentiel

Giacometti fréquente le groupe des surréalistes : Dali, Ernst, Arp, Miró, Masson... qu’il quittera en 1935. Il restera 10 ans sans créer, sauf des portraits peints et sculptés de son frère Diego.
Giacometti rencontre Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir : voir leurs représentations.

Présenter ces deux penseurs très influents.

Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre avec Ernesto Che Guevara

Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre rencontrent Ernesto Che Guevara, à Cuba en 1960.
Source Wikipédia

Sartre dit de Giacometti qu’il est le meilleur interprète de l’existentialisme
L’ existentialisme de Sartre est une philosophie qui affirme que l’homme est libre et responsable de son existence.

Giacometti manipule la matière, modèle l’argile mais réduit systématiquement les dimensions de ses sculptures, qui deviennent de véritables allumettes.
Vers la fin de la guerre, en Suisse, il est proche de l’éditeur SKIRA qui publie la fameuse revue « Labyrinthe ».
Il retourne à Paris et en 1947 il réalise son premier « Homme qui marche ».
Les figures augmentent en taille mais restent filiformes et marquent le style auquel cet artiste restera apparenté dans l’imaginaire collectif. L’homme est le spectre réduit à ce qu’il a de plus matériel, et qui est la marque indélébile de son appartenance au monde.
Des expositions et rétrospectives variées lui sont consacrées dans le monde entier, mais Giacometti souffre d’un cancer à l’estomac. Il meurt en 1966 à Coire en Suisse et est enterré à Borgonovo auprès des siens.

Piste en anglais : retrouvons Giacometti au MoMA de New-York.

Qu’est ce que le MoMA ? Qu’est-ce qu’on peut y voir ? Citez 10 œuvres mondialement connues conservées au MoMA (ex. Lichtenstein, Duchamp….)
Présentez 1 œuvre de Giacometti en anglais.


II- D’où venons-nous ? Où allons-nous ? : « L’Homme qui marche »

"L'Homme qui marche" de Giacometti

Alberto Giacometti (1901-1966)
L’Homme qui marche I, 1960 Bronze,
180,5 x 23,9 x 97 cm, fonte 1981 Coll.
Fondation Alberto et Annette Giacometti,
Paris FAAG 1994 – 0186

En 1947, Giacometti réalise son premier Homme qui marche, grandeur nature.
Nous sommes au lendemain de la deuxième guerre mondiale.
L’homme de Giacometti est gracile, filiforme, décharné. Il n’a plus de dimension corporelle

Description

Le sujet :
Nous voyons un être d’une grande maigreur. On voit ses côtes, son visage ressemble à celui d’une momie. Il s’agit d’un homme aux jambes interminables et aux bras ballants à peine décalés. Ils n’accompagnent pas le mouvement de la marche de leur balancier naturel. Son buste est incliné en avant dans l’attitude de la marche. Ses pieds semblent collés à un sol gluant. Il est nu.
On l’imagine marchant à l’extérieur, mais enfermé dans sa solitude

Le sol, son seul point d’ancrage, puisque son regard est lui-même hypnotique, semble l’engluer au monde terrestre.
Son pas allongé décrit une marche décidée sinon rapide, peut-être une fuite.
La légèreté de son physique contraste avec la lourdeur de ses pieds.
Sa marche le projette en avant vers un but inconnu. Il regarde devant lui.
Son corps est décharné. La peau rugueuse semble celle d’un écorché ou d’un brûlé.

Giacometti a commencé à représenter des figures filiformes dès les années 1947.
C’est l’après guerre. Tous les artistes ont été marqués par les horreurs de la déportation, de l’extermination, de la guerre atomique totale.

Analyse

La technique.
Bronze : alliage cuivre + étain en relief
La ligne : du sommet du crâne au talon, on obtient une oblique rigide. Elle est instable et dynamique. Sa silhouette est un Y à l’envers, elle est étirée. De la base au sommet, la distance est grande.
Superficie et texture : aspect râpeux, non poli du bronze. Le modelé de la surface accroche la lumière.
La forme : l’homme est squelettique, filiforme .
Lumière, ombre, volume : bien que formée de quasi allumettes, l’œuvre constituée de vides occupe un espace qui tient le spectateur à distance.
On se rapproche pour l’embrasser du regard, mais il s’éloigne de nous.
Le contraste entre sa fragilité et la distance est créé par le format.
La proportion : les pieds sont disproportionnés.
L’homme a le caractère de l’éphémère, de la fragilité. Il est à la limite du visible et de l’intelligible.

Interprétation

Le thème : la fragilité de l’être menacé par la mort.
Les idées : l’être est victime de sa liberté. Que va-t-il en faire ?
L’expression : pas de pathos dans le visage, qui ressemble d’ailleurs à tous les autres visages de Giacometti. L’artiste a toujours essayé de les fixer, mais est toujours retourné au même visage.
Les associations : « l’Homme qui marche » a été apparenté par certains historiens d’art au bronze étrusque nommé « L’ombre du Soir »
En fin de compte, ces deux figures n’ont en commun que la matière et l’allongement.
L’une marche (celle de Giacometti), projetée vers l’avant. Le pas est long. L’homme traine son existence réduite à néant. Il n’y a pas de connotations religieuses.
L’autre (l’étrusque) a des bras interminables collés au corps dans une immobilité parfaitement aulique, libérée de toute préoccupation.
Le message n’est pas le même. La linéarité de l’étrusque a cependant eu un grand impact sur le spectateur.

Le contexte culturel.
Après guerre, la guerre a secoué les esprits.
La déportation vers les camps de la mort, l’utilisation de la bombe atomique rendent caduque la foi dans l’homme.
Les artistes expriment le néant, le vide, l’absurdité dans tous les domaines : philosophie (Sartre), littérature (Vian, Sartre, Camus), théâtre (Beckett, Ionesco), peinture, sculpture.

Piste d’analyse / formuler des hypothèses :
D’où vient cet homme ? Où va-t-il, selon vous ?

Cet homme semble de retour de l’enfer. Son attitude est hypnotique.
Il colle au sol comme à sa condition humaine. On a l’impression que si on le détachait du sol, il s’envolerait comme un ballon.

Information générale sur l’artiste et son œuvre :
On peut citer d’autres œuvres filiformes qui s’apparentent à celle à l’étude, telles :

  • « L’homme qui chavire » 1950,
  • « Femme debout » 1953,
  • « La Main » 1947,
  • « Le chariot » 1950,
  • « Le nez » 1947 et 1949,
  • « La Place » 1949-1950,
  • « Quatre femmes sur socle » 1950,
  • « La forêt » 1950,
  • « L’homme qui marche sous la pluie » 1948,
  • et de nombreuses études dont certaines constituent une correspondance avec Matisse (1948).

Giacometti réalise des scénographies pour Samuel Becket « En attendant Godot ». Il fera la connaissance de Jean Genet, qui écrira « L’atelier de Giacometti » 1958.


III. Les Antiques en filature

Le travail des Métaux.

Depuis que l’homme travaille les métaux, et en particulier le bronze, il façonne des statuettes votives que l’archéologie retrouve dans les sépultures.
Dans la même civilisation, toutes les statuettes n’ont pas été façonnées de la même manière, et certaines, pour leur essentialité nous semblent d’une modernité déconcertante.

Piste en chimie et en arts plastiques :
Comment obtient-on du bronze ? Comment obtient-on une statue en bronze ?

Les Figures de la "Marche"

Toutes les représentations artistiques du pas et de la marche de l’homme à travers les différentes expressions de la peinture et de la sculpture suggèrent l’interrogation sur le mode esthétique de la destination et du destin de l’homme.

Bronze étrusque

Bronze étrusque
« L’ombre du soir »
Volterra (musée Guarnacci).
Source Wikipedia

Statuette filiforme

Statuette filiforme
couronnée de Pérouse.
Source Wikipedia

Petits bronzes étrusques

Petits bronzes étrusques du
Musée national d’archéologie
de l’Ombrie de Pérouse.
(Anthropomorphes*)

*Le terme Anthropomorphes désigne par extension tout objet en bronze de petite taille, d’apparence humaine ou animale, figuré en entier ou en partie.
Ces objets ont une vocation d’ex-voto, dont le but commun est de combattre la maladie, de conjurer un mauvais sort, d’accompagner le défunt dans son tombeau, d’honorer une divinité, avec ou non des inscriptions dédicatoires.

IV. L’extraordinaire modernité des antiquités orientales

La foire aux antiques

1. Les étrusques

Guerrier

Art étrusque.
Source Wikipédia

 

Laboureur

Art étrusque

Les bronzes étrusques sont des ex-voto. Ils ne sont pas tous filiformes comme l’Ombre du Soir.

2. La civilisation nuragique se développe en Sardaigne à partir de 1500 av. j.-c.
L’apogée de cette culture se situe entre le IXème et le VIIIème siècle. La structure architecturale typique est le nuraghe : une forteresse en forme de cône tronqué mégalithique. La Sardaigne en conserve encore 7000 sur son territoire. A proximité des nuraghes se trouvaient des villages de huttes, des puits sacrés et des sépultures particulières : les tombes de géants. C’est à proximité des puits sacrés, où l’on vouait un culte à la divinité de l’eau, que l’on a retrouvé le plus de petits bronzes.

Lutteurs nuragiques

Lutteurs nuragiques

Mère et son enfant

Mère et son enfant

Nuraghe

Nuraghe
Source Wikipédia

3. Les phéniciens

Statuettes phéniciennes du musée de Beyrouth.

4. Les hittites

Statuette de femmeallaitant son enfant.
Bronze d’une hauteur de 21,5cm et datant de la fin du IIIe millénaire avant J.-C.

5. Les égyptiens

Néfertari. Reine, épouse de Ramsès II. Temple de Néfertari à Abou Simbel en Egypte

Piste en Lettres, Arts Plastiques, Histoire, Géographie :

  1. Remettez dans l’ordre chronologique les civilisations représentées par des bronzes.
  2. Placez ces civilisations sur une carte géographique antique
  3. Production orale Lettres
    Par le biais d’exposés de 15 minutes préparés par groupes de deux, présentez quelques éléments :
    1. de la culture cycladique
    2. des relations entre Hittites et Egyptiens ?
    3. des relations entre Etrusques et Peuples Nuragiques ?
    4. Réalisez votre amulette en Arts Plastiques